Cassandra était l’une de ces filles qui avait toujours besoin de bouger. Rester à ne rien faire, procrastiner, ce genre de chose n’entrait pas dans le cadre de ses activités. Il y avait pourtant bien des moments où elle se posait, mais elle trouvait toujours une façon de s’occuper.
Aujourd’hui, premier jour de weekend, était la journée idéale pour aller prendre l’air. La fraîcheur de l’hiver lui mordait les joues et les empourprait d’une légère teinte rosée alors qu’elle s’éloignait de SWISH pour faire son footing. Elle s’était mise en tête d’aller se dépenser près des ruines, un endroit qu’elle affectionnait, emprunt au calme et où elle pourrait laisser libre court à ses pensées. Et puis, elle n’en avait jamais vraiment fait le tour complet.
Quand elle arriva à une centaine de mètres des ruines, elle fut surprise d’apercevoir une silhouette qui ne lui était pas inconnue. N’importe qui pouvait venir là, évidemment, mais celui-là lui disait quelque chose. Ce serait pas l’un des pot-de-colle de Ward, ça ? se disait-elle, sans méchanceté mais par simple amusement. "Pot-de-colle", ou "ses fans" comme elle les appelait pour emmerder son ami.
Elle s’approcha du blond en ralentissant tranquillement son rythme de course, reprenant son souffle avant d’en arriver à une marche tranquille. Cassandra l’observa tandis qu’elle arrivait derrière lui, souriant alors qu’elle sentait qu’il s’énervait, sur ce qu’il faisait puisqu’il venait de balancer sa toile par terre.
C’était si mauvais que ça ?
Elle parlait d’une voix taquine, puis lorsqu'il se retourna, son visage fit tilt. C'était bien la personne qu'elle pensait, mais quel était son nom déja ? Elle l'avait entendu, elle en était certaine, mais parmi la petite bande, encore fallait-il mettre le bon nom sur ce visage :
Hm… Attend, ne dis rien, je crois que je connais ton nom. Toi c’est… Dorian, c’est bien ça ?
Sa tenue:
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Dorian Greyback
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Jeu 25 Fév - 19:03
Pour Dorian, tout et n'importe quoi était prétexte à dessiner. N'importe où aussi. Si l'envie (et l'inspiration bien sûr) lui prenait d'aller se percher sur un Grand huit, Dorian s'y plierait sans sourciller. Heureusement pour la bonne société et les bonnes mœurs du monde des Mortels, ce jeune peintre n'en était pas encore là.
Pour ce jour, il traînait dans les ruines de ce village désaffecté qui était paumé entre les collines et les plaines. Il se tenait près d'un terrain vague, mal défriché où peu de gens auraient idée de tirer quoique ce soit d'artistique. Dorian était en proie à son défi du moment. Ce qu'il peignait était purement fictif mais tenait sa base depuis la réalité. Il ravivait ce terrain vague en lui amputant sa tristesse pour la remplacer par un peu plus de vie. Il peignait un potager coloré et généreux. Quoi de mieux que la nature pour déclamer la beauté d'une zone grisée par l'abandon ?
Mais alors que tout allait bien, Dorian changea radicalement son mode de pensée. Alors qu'il pensait avoir le fin mot de la toile, alors qu'il croyait qu'il l'achèverait enfin. Ou plutôt, justement était-ce parce qu'il en était sur le point de clôturer cette œuvre qu'il vit son pire défaut ? Reculant de quelques pas, son visage blêmit à mesure qu'il observait ce fameux défaut. Désormais, il ne voyait que ça.
Désœuvré (jeu de mot bonjour) par ce défaut, il lâcha son pinceau et sa palette, attrapa la toile qu'il décrocha du chevalet.
Le problème ? Les couleurs. Elles n'étaient pas fidèles. Il avait peint ce tableau dans un champ de jour et pourtant les couleurs étaient sales, peu fidèles à ce qu'il voyait avec la lueur de la réalité. Dorian se demandait, effaré, ce qui avait pu le conduire à une telle méprise de couleurs et de nuances.
L'heure n'était pas à la tourmente. Si près du but, pas question d'abandonner. Mais où chercher le génie d'inspiration ? Dorian jeta sa toile à même le sol terreux, l'étendit à plat, à vif dans ce cadre qu'il avait pris pour modèle. Il croisa ensuite les bras et toisa la peinture baignée sous une lumière réelle. Certaines couleurs ressortaient plus que d'autres, prouvant son raisonnement. Pour résumer simplement : Dorian considérait que si toutes les couleurs se mariaient bien avec l'environnement réel alors c'était bon. Or, ce n'était pas le cas. Des aubergines et des poivrons étaient en différence au reste.
— Tsch.
Dorian se mordillait le pouce parce que cette erreur le frustrait. Soudain, une jeune femme qui apparut et dont la voix parut familière le tira de sa réflexion. Dorian tourna lentement la tête mais ses pensées appartenaient encore à son affaire. Il reconnut la fille. C'était celle qui tournait souvent autour de Ward. ** C'était quoi son nom, déjà ? **
En tout cas, elle était très bavarde. Il lui sourit après avoir laissé planer une seconde de silence.
— On se connaît Madame ?
Il demanda en offrant son plus beau sourire courtois. Le ton suggérait qu'il lui jouait un tour puisqu'il la connaissait. Il redirigea son regard pensif vers son tableau. Un profond soupir sortit de ses narines.
— Ce n'est pas que c'est mauvais, c'est juste pas tout à fait ça.
Songeur, il s'interrompit brusquement.
— Oh et pour toi, c'est Cassandra n'est-ce pas ? Ou Cassepied ?
Toujours le même sourire.
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Cassandra Kimble
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Ven 19 Mar - 18:35
Son cœur retrouvait maintenant son rythme normal, tout comme sa respiration après cette course. Cassandra haussa un sourcil amusé lorsqu’il ouvrit la bouche pour la jouer grand seigneur. Son regard suivit celui de Dorian sur la toile et elle pencha machinalement la tête en se rapprochant, observant la toile sous différents angles. Comme il le disais, ce n’était pas tout à fait ça. Elle n’y connaissait pas grand-chose en art, mais les couleurs ne semblaient pas se coordonner comme il l’avait surement souhaité.
Elle allait acquiescer à l’entente de son prénom mais tiqua sur le surnom qui sortait de la bouche de celui qui lui faisait face. Loin d’être vexée, elle s’en amusait plutôt et lui renvoya l’ascenseur :
Ce sera Cassandra pour toi, l’artiste !
Elle arrivait maintenant côte à côte avec Dorian et, après avoir lui avoir sourit, elle baissa les yeux de nouveau sur la toile. Elle fronça légèrement les sourcils, pensive, puis lui dit :
Y’a un souci avec tes poivrons, je me trompe ? C’était pas une bonne récolte ? Haha.
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Dorian Greyback
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Sam 20 Mar - 19:54
Malgré qu'il ne la connaissait que très peu, Dorian pouvait deviner que Cassandra était une fille caractérielle. Elle parlait et agissait avec beaucoup de naturel en s'adressant à lui. Ce n'était pas dérangeant et la proximité ou la familiarité n'étaient guère des choses dont il s'encombrait longtemps, en général.
Il fut plutôt contrarié que même Cassandra remarque pour le défaut de couleur. Là, étendue, la toile et la lumière étaient équivoques de son erreur graphique et stylistique. Il soupira à la suite des remarques de la fille, croisant les bras puis levant un regard préoccupé au ciel.
— On peut dire ça comme ça, en effet. C'est d'autant plus triste que la peinture est intemporelle donc c'est toujours et jamais la saison.
Dorian parla en profondeur mais avec beaucoup de dépit, voix traînante et ton désengageant en combo. Il n'avait pas d'inspiration pour faire les corrections.
— Tant pis.
Il voulut changer de sujet. Il se tourna alors vers Cassandra qu'il regarda de haut en bas. À en juger sa tenue, elle ne faisait pas une simple promenade.
— Et toi alors ? Tu faisais ton footing ? Ou ton jogging ? Je sais jamais c'est quoi le bon.
Il disait ça en le pensant sérieusement. C'était pas son truc et il voyait pas la différence.
— C'est quand même vachement loin de l'académie ici.
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Cassandra Kimble
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Mar 30 Mar - 23:54
Cassandra sentait bien que cela le travaillait, le décevait de lui-même ou quelque chose dans ce genre. Il n’arrivait pas à son but, et finit par abandonner. Une attitude que leur ami commun ne cautionnerait probablement pas, mais qui était-elle pour juger le blondinet ? Elle répondit à sa question :
Les deux fonctionnent, y’a pas vraiment de différence. Ça reste une allure plutôt modérée et qui se tient sur les longues distances. Avec l’habitude c’est devenu plutôt facile, mais je fais toujours une petite pause par ici.
Et en parlant de pause, peut-être que c’était ce dont il avait besoin. Cette peinture avait dû lui prendre du temps et, s’il était à court d’inspiration, le mieux à faire était de se changer les idées pour revenir avec un oeil neuf. Elle ramassa la toile à terre et la reposa sur le chevalet, puis se positionna près de Dorian, s’appuyant sur l’épaule de celui-ci :
Laissons ça ici et remets simplement à plus tard. Ils ne risquent ni de pourrir, ni de prendre racine de toute façon !
Elle retira son bras et avança devant lui, à reculons, l’invitant à la suivre :
Allez suis-moi, une petite virée te changera les idées et tu verras peut-être les choses sous un autre angle, à défaut de trouver l’inspiration !
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Mar 13 Avr - 22:53
Dorian lançait un œil distant à Cassandra qui lui expliquait la différence de terme quant à savoir quand parler de footing ou de jogging. Il acquiesça expéditivement, avec très peu d'assurance ou de conviction. Il ne semblait pas spécialement intéressé.
— Ah ouais, d'accord. Mhh.
Elle lui proposait alors de faire un break et de s'aérer l'esprit. Dorian haussait les épaules brièvement. Elle n'avait pas tort mais n'avait pas raison non plus. Il prenait le risque de ne plus jamais poursuivre son œuvre s'il décidait de pauser maintenant. Cependant — et indéniablement — n'arrivait-il à rien. Il regardait Cassandra, puis le tableau, et à nouveau Cassandra — comme s'il te tâtait —. Il se frotta l'arrière de la tête et soupira alors.
Dorian allait prendre le risque du stand-by.
Mais l'envie de provoquer — gentiment — la fille était trop tentant, il prit ses mots au pied de la lettre. Un certain sourire sournois apparut sur ses lèvres.
— C'est pas l'angle le problème, en fait. Il faudrait que j'en vois de toutes les couleurs plutôt.
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