Si Béatrice appréciait quelques fois Cassandra sans savoir exactement pourquoi, cette fois-ci faisait exception. Elle était entrée dans sa chambre sans prévenir, fit une « bombe » dans son lit, du moins, c’était ce que Béatrice avait ressenti, avant de lui balancer 2147483647 informations, mettre une tonne de lumière aveuglante et limite, partir en sifflotant en mode « méfaits accomplis ». Béatrice n’avait pas trop compris ce qu’avait lancé son amie. De toute façon ça ne devait pas être important, genre « à 16h on va faire un truc ensemble… » Pourquoi les filles devaient toujours faire des trucs ensembles ? Elles ne pouvaient pas rester seules ? C’était comme aller aux toilettes non ?

Du coup, si Béatrice avait mis un mot à sa journée elle dirait « marde », une journée de marde et il serait encore très tôt. La veille, elle avait plongé dans un nouveau livre… Et s’était endormie dessus tout simplement aux petites heures du matin. Et voilà que le Bulldozer-Cassandra était venue la réveiller. LA. JOIE. Ce fut donc une Béatrice plutôt maussade qui se leva et commença sa journée.

La journée avait été longue et Béatrice avait pensée à des tonnes choses beaucoup plus intéressantes que ce que Cassandra lui avait dit le matin même. Elle repensait à faire une petite sieste, se promettant de ne pas se coucher aussi « tôt » durant la nuit. Sac sur l’épaule, portant son manteau, Béatrice avait en tête de retrouver son lit douillet. Mais il semblerait que Cassandra soit la championne pour contrecarrer ses plans. Elle était venue la rattraper, alors qu’elle traînait les pieds. L’enthousiasme de sa colocataire n’était nullement contagieux, même qu’il ennuyait la blonde qui avait tout simplement envie d’être tranquille dans un coin. Béatrice leva les yeux au ciel priant pour que ça se finisse bien rapidement, ou que Cassandra fasse comme si elle n’existait plus bien rapidement. Comme ça, Béatrice pourrait retrouver un train-train quotidien tranquille. Mais pour l’heure, elle suivit la demoiselle, peu importe où elle l’amenait, sans avoir l’intérêt de poser des questions. Elle s’en fichait complètement. Béatrice ne fit que pousser quelques soupirs en chemin, trouvant qu’elles allaient bien loin, pour rien. Finalement, elles arrivèrent sur un terrain et elles s’approchaient de quelques silhouettes.  

Alors que Cassandra saluait les garçons, Béatrice ne put s’empêcher de retenir un bâillement qu’elle camoufla derrière sa main. Cherchant à s’activer un peu, elle s’étira longuement, écoutant à moitié ce que sa colocataire disait, alors qu’elle levait un bras vers le ciel afin de s’étirer, puis faire la même chose avec son autre bras. Un peu amorphe, Béatrice fit un petit sourire au groupe, avant d’ajouter d’une petite voix, presque ensommeillée :

- Pardon du retard… C’est de ma faute…

Si elle ne connaissait pas la majorité des hommes présents, Béatrice reconnut tout de même Dorian l’artiste. La petite tête blonde rougit légèrement lorsque ses yeux se posèrent sur lui. Un peu timide, elle ignorait quoi dire de plus. Peut-être devait-elle se présenter aux gens ? Avec un peu de chance, elle connaîtrait les noms des autres… Ou pas…

- Je… Je m’appelle Béatrice… Je suis la colocataire de Cassandra.

Soudainement, Béatrice se trouvait particulièrement bête de s’être présentée ainsi. Probablement qu’ils s’en fichaient complètement ? Béatrice se mit à stresser intérieurement, bien qu’elle fît tout son possible pour ne pas le montrer. Elle n’osa même pas demander ce pourquoi ils étaient tous ici. Il devait bien y avoir une raison particulière, mais Cassandra avait eu la présence d’esprit de demander à ce « Ward ». C’était donc son idée…? C’était de sa faute si elle ne pouvait pas faire une sieste peinarde. Béatrice eut une petite moue, légèrement ennuyée. Elle espérait que ça vaille le coup, parce que sinon, elle renterait… Quoi que si elle faisait ça, il y avait de fortes chances que Cassandra la ramène de force.  

Béatrice ne se sentait pas trop à l’aise avec tous ces garçons. Elle devait très certainement les déranger. Après tout, à la base, c’était Cassandra qui avait été invitée et non pas elles deux. Peu importe, personne ne s’était (encore) opposé à ce qu’elle se greffe au groupe. Le groupe se mit d’ailleurs en route et arriva dans un drôle de bâtiment. Enfin, il ne donnait pas du tout envie à Béatrice de rire. Bien au contraire. La demoiselle ne se sentait pas du tout à l’aise dans cette maison abandonnée. Elle avait l’impression d’être dans un film d’horreur. Elle se demandait comment ils étaient arrivés jusqu’au cinquième étage comme si rien n’était. Peut-être que c’était un peu de la faute de Cassandra qui ne lui permettrait pas de se défiler. Probablement. D’ailleurs, sa colocataire avait pris les devants et Béatrice avait fait tout son possible pour la suivre comme son ombre.

Le groupe arriva finalement devant se grand trou, beaucoup trop grand aux yeux de Béatrice pour cette maison. Comment le sol faisait-il pour tenir encore le coup, alors qu’ils étaient tous dessus à marcher et… N’allait-il pas s’écrouler à tout moment ? Béatrice resta le plus loin possible du gouffre. Pendant un instant, Béatrice eut peur pour sa colocataire, elle avait l’impression qu’elle était prête à se lancer dans le vide à tout moment. Réfléchissant à cette possibilité, Béatrice se souvint soudainement de la série de livre Divergence qu’elle avait lu, il y avait un bon moment de cela. Dans le premier tome, les personnes devaient se laisser tomber dans le vide pour savoir s’ils étaient assez courageux pour être dans le groupe des « Audacieux ». Heureusement pour ces jeunes, il y avait un filet un peu plus bas qui les empêchaient de mourir... Ironiquement à la base le personnage principal de cette série s'appelait Béatrice... L'étudiante se disait qu'elle devait peut-être remettre la main sur cette série et replonger dedans... Après cette aventure.

La tête blonde avait des frissons et l’envie de partir de là se faisait de plus en plus ressentir. Et si elle s’approchait pour regarder ce que Ward voulait bien leur montrer, mais que, finalement, ils les poussaient dans le vide ? En aucun cas, Béatrice ne lui pardonnerait cela. Elle fit cependant un effort surhumain pour regarder le trou du haut, comme il le voulait. Cependant, elle fit que jeter quelques coups d’œil – c’était seulement tout noir – alors que son regard revenait vers Ward de temps à autre. Peut-être que les autres garçons y verraient quelque chose de beaucoup plus intéressant qu’elle.

- Je ne vois rien ?

Probablement qu’ils allaient la prendre pour une idiote, mais elle avait besoin de verbaliser le tout.