C’est un jeu amusant que de passer devant le tableau d’affichage et de regarder ce que les gens cherchent. Les objets perdus ou trouvés, les déclarations d’amour enflammées mais anonymes, des recrutements avec des slogans étranges … De temps à autre, Esther aime bien voir, par ce biais, les événements en coulisse de l’académie. Ce jour-là, une affiche rouge avec des titres en caractère gras attirent son attention. Elle écarte légèrement une feuille qui en dissimule la moitié et commence à lire ce dont il s’agit en survolant légèrement. Une licorne dans l’école ? Il fallait absolument qu’elle la voie ! Depuis le temps qu’elle admirait ces créatures fantastiques en croyant à une légende. Ni une ni deux, elle se rendit vers l’endroit où la bête avait été aperçue pour la dernière fois.

Derrière un bâtiment semblable à une réserve, jusqu’ici, elle ne l’avait jamais remarqué, délabré et à l’écart, ce n’était clairement pas le genre d’endroit où elle passait le plus clair de son temps. Elle se demandait même s’il n’était pas arrivé tout seul pendant la nuit. La porte semblait mal en point, à demi fixée sur ses gonds, cependant, malgré un coup d’épaule de l’athlète, elle ne céda pas. Intriguée, Esther se mit en tête dans faire le tour et couru pour gagner du temps. Alors qu’elle levait les yeux sans regarder où elle allait, elle sentit soudain quelque chose la heurter et elle atterrit sur ses fesses à presque un mètre d’où elle était.

- Oh désolée je … Mais qu’est-ce que .. ?!

Devant elle, une créature qu’elle n’avait jamais vu de sa vie la surprit et la fit reculer à même le sol. On pourrait croire qu’on s’habituait à voir des trucs improbables mais en vrai, la plupart ayant une apparence humaine ou semi-humaine, il était rare de voir des individus aussi … Etrange. Elle allait s’excuser de sa réaction disproportionnée mais aperçut la silhouette d’une jeune fille derrière l’imposante créature. Brune et légèrement plus petite, il lui semblait l’avoir déjà vu, peut-être même lui avoir parler deux ou trois fois mais comme ça, elle n’arrivait plus vraiment à la remettre en place. Elle se redressa et épousseta ses vêtements.

Déjà qu’elle n’avait jamais vu ce coin et qu’il semblait peu fréquenter, elle ne s’attendait pas à croiser quelqu’un d’autre. Mais s’ils étaient là pour la même raison, ce serait sympa de ne pas être seuls.

- Vous faites quoi par ici ?

S’enquit-elle nonchalamment pour savoir si elle poursuivrait seule son investigation où si elle aurait des renforts.

Atypique ? C’était un euphémisme. Esther observa l’imposante dame de cire avec un œil circonspect. Ce don particulier d’amener des personnages avait fait son petit effet, si bien que la jeune fille – qui les invoquait – rencontrait son petit succès. Pas encore au point d’être une coqueluche mais pas loin tout de même. Maintenant qu’elle avait aperçu la brunette derrière … Maria donc, elle se dit qu’elle aurait pu le deviner et être moins surprise, mais pour sa défense, à contre-jour, ce n’était si évident de voir à qui – ou quoi – l’on fait face. Esther fit alors un coucou, avec un léger signe de tête à la jeune fille derrière la céature imposante. La Bestie était vachement formelle et elle se confondit en excuse auprès d’Esther. Celle-ci la regardait, un peu mal à l’aise devant tant d’expansion pour une si petite broutille. La vie dans l’entourage de Nova ne devait pas du tout être ennuyante.

- Euh oui, oui … Pas de soucis, c’est moi, je ne regardais pas où j’allais …

Curieuse, Esther dévisageait maintenant la dame de Crème ? Non, de cire. Intéressant. Elle se tint le menton en dévisageant Maria. Puis au bout d’une bonne vingtaine de seconde, elle se rappela que c’était fort impoli et détourna le regard. Alors qu’elle se demandait encore de quoi exactement était faite la dame au vocabulaire formel, Nova lui offrit une réponse à sa précédente interrogation. Alors ainsi, elles aussi voulaient voir la bête fantastique légendaire. Du coup, elles pourraient certainement faire un bout de route ensemble et couvrir donc plus de terrain … Ou rester ensemble pour couvrir mutuellement leurs arrières, à voir. Après tout, penser, ce n’est pas trop son style.

- Ouais, il en faut bien plus pour me faire chanceler, dit-elle à l’intention de Maria. Eh ! Je suis là pour ça aussi, d’après l’annonce, c’est près d’ici qu’on l’a vu la dernière fois.

Maintenant qu’elle voyait davantage la jeune fille et son monde farfelus, c’était clair qu’elle serait intéressée par une histoire aussi bizarre. Heureusement, elle n’était pas de ces pimbêches désagréables. Esther était même plutôt contente de ne pas vivre seule cette aventure. Visiblement, elles venaient de l’autre côté du bâtiment et ne l’avaient pas vue. Se pourrait-il que la bête soit dedans ? Esther aussi les épaules pour se faire une raison et se donner un air cool.

- Grave ! Plus on est de fous, plus on rit.

En route, mauvaise troupe.

La bande était étrange mais le fun au rendez-vous. Esther en était persuadée. Toutefois, elle détestait les histoires de fantôme, alors quand Nova fait référence à l’étrange, elle a d’abord un frisson, c’est vrai ça, et si cette peluche était possédée ? Pas sûre qu’elle ait envie de s’embarquer là-dedans. Cependant, elle excellait en mobilité et ce, inclut la fuite. Ce n’était pas très glorieux mais elle pourrait toujours filer et planter son acolyte et sa créature si jamais le besoin impérieux s’en faisait sentir. Quitte à revenir s’excuser plus tard et les soudoyer pour leur silence. Mais ça, c’était en dernier recours.

- Tu … Entends quoi par louche, au fait ? T'as entendu quoi sur cet endroit ?

Elle interroge l’air de rien en les suivant dans le bâtiment, dehors, le soleil décline. Elle n’y avait pas fait attention jusqu’à présent mais effectivement, c’est bientôt l’heure de prédilection des fantômes, non ? Surtout, ne pas y penser. Esther eu à peine le temps de contempler l’obscurité ambiante. Déjà, Nova intimait à sa comparse de se charger de la lumière. Pratique, définitivement pratique. Esther fût rassurée par la lueur de la torche humaine. Elle laissa échapper un sifflement

- Vachement cool Mariah !

Rien à voir avec sa peur des fantômes. Mais quel coup de bol d’avoir cet ami imaginaire ici et dans ces circonstances. Le subconscient de la jeune femme prévoyait-il les besoins de la journée à venir ? Intéressante théorie, s’il en est. La Besti passa devant et les deux jeunes femmes lui emboitèrent le pas jusqu’à un « SQUIIISH » sonore. Instinctivement, elles baissèrent les yeux pour découvrir dans quoi elles avaient marché, Esther fait une grimace dégoutée avant même de savoir quand Nova trifouilla la substance. De la pâte à modeler à paillettes ?

- Quoi ? T’es sûre ? demanda-t-elle en tendant la main. Ouais passe un bout.

Dans sa main, la texture ressemblait exactement à ce que Nova lui avait annoncé. C’était étrange mais drôle à la fois. Si elles avaient eu le temps, elles auraient fait un concours de modelage, enfin, en tout cas, Esther aurait proposé.

- T’as raison, mais qu’est-ce que ça fout là ?

Rien ne semblait, autour des filles, avoir été renversé récemment, aucun pot ni aucune armoire n’étaient ouverts, aucune étagère n’était tombée. Nova proposa alors de trouver un panneau électrique, mais est-ce qu’elle n’aurait pas dû essayer simplement l’interrupteur à l’entrée ?

- Attends, je check d’abord l’interrupteur.

Esther plissa les paupières et retourna vers la porte, encore grande ouverte ou filtrait la lumière des réverbère dehors. Elle tâtonna le mur jusqu’à trouver le petit carré et poussa l’interrupteur. En haut, en bas. Rien. Mais au moins, elles n’auraient pas l’air stupide si cela était opérationnel avant qu’elle ne regarde le panneau. La jeune femme balaya la zone du regard en revenant vers le centre de la pièce quand une ombre se mouva dans l’obscurité.

- Les filles, par-là ! Lança-t-elle en pointant du doigt le mouvement qu’elle avait perçu.

Mais avec le temps de réaction, la chose avait échappé à la lumière, si quelque chose avait vraiment été là toutefois. Esther était persuadée d’avoir aperçu quelque chose dans sa vision périphérique mais elle ne jurait de rien, l’obscurité avait le don de la rendre nerveuse et de lui faire avaler n’importe quoi. Elle haussa les épaules. Avec de la lumière, tout irait mieux. Elle rejoignit donc les filles.

- Allez trouvons ce panneau !