Je suis arrivée il y a déjà trois jours et l’on m’a fait visiter l’établissement avant de me laisser dans ma chambre. Je dois la partager apparemment mais je n’ai pas encore rencontré les autres, seulement aperçu en coup de vent. Je ne sais pas comment ils sont, je ne suis pas sûre de vouloir le savoir. Alors je reste exclusivement dans l’espace qui m’est réservé. J’aime bien avoir mon intimité et ne pas avoir à en sortir, je dois avouer qu’on est assez bien logé, ça me plait. Cela dit, l’air frais et l’envol me manque. Je guette derrière la porte mais je n’entends aucun bruit, je pense que les autres sont dans leurs chambres ou de sortie. Je les entends parfois dans les communs, mais le son est indistinct et je ne sais pas s’ils parlent de moi ou pas, j’ai peur de sortir dans ces moments-là, ce serait si malaisant pour tout le monde …
Je regarde un vol d’oiseau par la fenêtre. Rien à faire, l’air rare me manque, je chante parfois mais m’envoler à quelque chose d’encore plus libérateur. Je me décide, attrape ma veste et sort du pensionnat pour la première fois sans raison précise. Tout est beau, bien entretenu, je dois le reconnaitre, mais je ne me sens pas chez moi et je me demande si j’arriverai à le sentir ici. Je soupire, un an, ce n’est pas si long. J’envoie un message à maman, pour la rassurer, je lui prends une photo dans le parc pour qu’elle voit et pense que je fais des efforts. Mais ce n’est pour l’instant que façade, je ne suis pas aussi à l’aise que j’essaye de le faire croire.
Mes pas m’emmènent dans un jardin immense où je croise d’autres promeneurs du dimanche. L’air est agréable, il sent déjà fort le printemps. Quelques nuages s’étirent dans le ciel, paresseux. Si je m’écoutais, je chanterais jusqu’à les éteindre, combien de temps cela prendrait ? Et puis je frissonne en imaginant la chute, non, il vaut mieux rester à 5 mètres du sol, tout au plus ; tomber de plus 5 mètres est trop dangereux. Mais au moins, je peux toujours m’élever et cette pensée me rassure. Je m’écarte enfin du chemin, à l’abri des regards j’inspire un grand coup :
« Oh lights go down In the moment we're lost and found I just wanna be by your side If these wings could fly For the rest of our lives »
Les mots franchissent mes lèvres et le picotement délicieux parcoure mon échine, j’étire mes ailes et les fait battre quelquefois pour se dégourdir. Je les sens apte et je frémis à l’idée de retrouver les airs. Je m’y sens plus à l’aise que dans l’eau, la pesanteur n’a plus d’effet sur moi et je m’envole, centimètre par centimètre. Ma chanson se poursuit et déjà j’atteint les plus hautes branches, je n’ose pas aller plus haut, on pourrait me voir ou plutôt, m’entendre et je ne suis pas prête à chanter en public. Je savoure les dernières notes du refrain et enchaîne sur le dernier couplet. Je m’interroge sur quoi chanter ensuite mais un mouvement suivi d’un bruit sourd me fait taire. Je sens l’effet de la gravité reprendre ses droits et j’entame rapidement quelques vocalises pour rattraper tant bien que mal au niveau du sol.
Il est quelle heure, il est quel jour, fait chier, je vais être en retard. Je m’habille en vitesse, bordel, je vais être en retard. Je mange rapidement, bouffant ma tartine, tout en mettant mon manteau. Je bois un verre de vitamine, puis j’ouvre la porte.
— Tu fais quoi Killian ?
C’était la voix de Alekchat, décidément, elle ne me lâche jamais la grappe celle-là.
— Désolé, j’ai pas le temps, je vais être en retard sinon.
Je soupire et je suis à deux doigts de claquer la porte.
— Mais, on est dimanche, tu as prévu un truc ?
Oh merde, j’suis vraiment un attardé, enfin, le plus intelligent des attardés, faut pas déconner.
— Ah ouais… J’allais partir acheter deux trois pièces…
— Tu me prends pour toi, je sais très bien que tu croyais qu’on était lundi tête de poireau.
Je souffle légèrement, ça a mis une sale ambiance. Bon, je pense que c’est mieux si je me casse. Alors, je claque la porte sans même dire en revoir au petit droïde. Elle va sûrement me faire la tête, mais bon, je préfère ça que de me prendre la tête.
J’aime pas trop sortir, le soleil, la brise de vent, ça m’embête plus qu’autre chose. J’affectionne plus, de rester dans ma chambre à bricoler des choses. L’extérieur ça ne m’a jamais trop inspiré, j’ai jamais compris ce délire de se balader comme je le fais en ce moment. Pour penser à autre chose, autant bricoler. Fin bref, les gens sont chelou.
L’odeur des fleurs, me fait éternuer. Le bruit des étudiants me tape sur le système, j’ai qu’une envie : m’isoler. Alors, je m’avance vers un coin plus tranquille, les mains dans les poches. Je regarde le ciel et ses quelques nuages. Je me demande si un jour je pourrai mettre les pieds sur mars, sans aucun doute vu mon génie.
Mais alors, que je me fais des éloges, une douce voix vient m’arracher de mes pensées. Les yeux toujours levés aux cieux, une forme se dessine. Un piaf ? Ah non, ça ressemble plus à un ange. Bordel, je dois être en train de rêvé, ou je deviens un de ces tarés qui disent avoir vu la vierge leur parler.
Du coup, bah, je reste là, à admirer la scène. Sa chanson sonne tristement, je ressens ses émotions, sa tristesse. C’est étrange, moi qui arrive à ressentir des émotions ? Ridicule, c’est forcément un rêve, je pense qu’à moi. Une larme coule de mon œil, bordel, je comprends pas ce qu’il m’arrive. J’essuie ma larme avec ma manche droite, avant de ma diriger vers la meuf piaf qui semble atterrir.
— Hey… Yo, t’es quoi ? Une sorte d’ange ?
C’est pas comme si je m’intéresse, j’men fou royal.
— Ça marche comment tes ailes, j’veux les mêmes c’est v’la stylé.
En fait, j’ai menti, ça m’intéresse carrément. Par contre j’ai toujours manqué de tact.
— T’es nouvelles un peu toi ? Fin j’crois qu’à ma connaissance il n’y avait pas d’ange.
Forcément, quand je commence à parler à quelqu’un, il y a toujours Alekchat qui débarque. Elle tournoie autour de moi, avant de venir auprès de l’ange.[/color]
— Ça va Killian ne t’a pas trop embêté ? Moi, je suis Alekchat, une intelligence artificielle et toi ?
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Astrid Valbjórg
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Dim 11 Avr - 0:57
Her wings unfolded
04 avril 2021
Une silhouette en contrejour se distingue soudain quand une voix que je crois enrouée s’élève. Je ne comprends pas bien ce qu’elle me dit mais c’est évident que c’est à moi qu’elle parle. Je plisse légèrement les yeux pour découvrir un jeune homme qui me contemple. Je sais que je devrais répondre quelque chose, mais je sens mes joues rosirent, je ne sais pas aligner les mots et encore moins mes pensées. J’hésite à m’enfuir mais ce ne serait pas très poli, je viens de dire à maman que je fais des efforts, c’est peut-être l’occasion.
J’ai la bouche sèche tout à coup et les lèvres qui tremblent. Même moi, j’oserais à peine croire que je chantais il y a encore une minute à peine. J’essaye de m’aligner sur ce qu’on me demande, un ange ? Non, mais c’est vrai que de loin, ça peut y ressembler. Je fais la moue, je ne sais toujours pas que répondre, cependant, le mystérieux inconnu enchaine les questions. Il est curieux, ce que je ne suis pas, comment peut-il poser si facilement des questions à une personne qu’il n’a jamais vu ? J’ai l’impression qu’il s’avance alors je recule d’un pas.
- Euh je … Elles viennent grâce au … Chant.
Je balbutie, mes premiers mots pour ma première rencontre non-obligatoire. J’ai l’impression que la terre s’est arrêtée de tourner pendant une nanoseconde, mais déjà, je sens mes joues chauffer encore plus. Je ne sais pas s’il croit vraiment pouvoir avoir les mêmes. Je ne pense pas que ça n’existe pas mais j’aime croire que les miennes sont si particulières. J’ai mis longtemps moi-même avant de comprendre qu’elles sont une partie de moi.
Une deuxième voix arrive soudain et quelque chose tourne autour de moi, un oiseau ? Non, les oiseaux ne parlent pas … Enfin, pas à moi en tout cas. Le mystère s’éclaircit de lui-même quand elle se présente comme une IA. J’imagine que c’est un peu comme Ciri mais en bien mieux programmé. Je me demande vaguement si ce sera la prochaine gamme d’IA sur le marché, en tout cas, contrairement à mon autre interlocuteur – que je comprends être Killian – elle me fait beaucoup moins peur. Déjà parce qu’elle semble féminine
- Juste surprise … Ravie de vous … Rencontrer.
Je m’adresse plutôt au droïde qu’au jeune homme mais ça me semble plus à ma porter, j’esquive cependant tout regard. Je le devine curieux, et je me demande s’il va me pousser à me révéler encore davantage. Je me dis que j’aurais dû m’éloigner encore plus profondément, mais ce qui est fait est fait. Alors je pense à maman, aux mots d’encouragements qu’elle n’a pas cessé de me donner pour que je m’intègre, je ne comprends pas pourquoi c’est si important pour elle. Ma voix s’est atténuée sur mon dernier mot, il n’y a vraiment que quand je chante que je sais donner de la voix, on dirait.
Je me sens mal à l’aise quand un silence s’installe. J’ai presque l’impression étrange d’avoir fait une bêtise et d’attendre ma punition. Quelle étrange sensation.
Alekchat… Elle m’a encore volé la vedette. Vous savez, ce n’est pas facile tous les jours de ce savoir ignorer. Genre, je pose des questions et personne me répond, c’est comme si j’étais invisible, que je parle pas la même langue… J’sais pas, j’vais devenir dépressif et tout à force… Vous avez vraiment cru ça ? J’suis mort, un mec comme moi, trop cool et tout ne peut pas devenir dépressif.
Par contre, elle agit vraiment bizarrement. J’sais pas ce qu’elle a mais on dirait qu’elle a vu un fantôme. De ce que j’ai à peine pu comprendre de sa bouche, elle fait ça grâce au chant ? Curieux, j’ai jamais entendu parlé d’un pouvoir qui s’active par la voix. La provenance des pouvoirs a encore bien des mystères.
L’ange qui n’en est pas un, avait à peine répondu à Alekchat. Bon, elle n’a pas l’air de m’en vouloir et tant mieux, ça veut dire que je vais pouvoir l’embêter un peu plus. J’esquisse un sourire tout en regardant l’inconnu avec mes yeux ardent. Mais alors que j’allais ouvrir la bouche, Alekchat vient me chuchoter à l’oreille.
— Si tu veux lui parler un peu plus, tu devrais lui faire le tour de l’académie. Elle est nouvelle, fais-moi confiance.
Pour une fois que mon droïde m’aide, je ne vais pas refuser l’invitation. Avec une voix de gentleman, tout en me recoiffant, je l’invite à faire une petite balade.
— Hé, déso, j’t’ai un peu sauté dessus. Je comprends que tu sois intimidé, ça doit faire bizarre d’arriver dans un lieu nouveau, ou tu connais rien. Mais j’te promets, bientôt tu t’y sentiras bien, comme chez-toi. Tu te sentiras normale, comprise et tu seras entourée de personne trop cool. Si tu veux, je peux te faire un tour de l’académie, j’peux même te présenter la salle de mon club, ça te dit ?
Avant qu’elle ne me réponde, je m’avance vers le perchoir. J’sais pas pourquoi, mais elle a l’air d’avoir une tête de classe B.
— Du coup, c’est quoi ton petit nom ?
Pour une fois, j’essaie d’être le plus sociable possible. C’était pas le moment de la faire flipper à peine arriver. Mais alors que j’avance, je tombe sur un petit chat, alors je m’arrête, j’le caresse.
— T’aimes bien les animaux ?
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Astrid Valbjórg
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Dim 18 Avr - 14:48
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04 avril 2021
La surprise et la peur s’estompe légèrement, je ne pense pas que ce soit de mauvaises personnes que j’ai face à moi. Le droïde retourne vers celui que j’imagine être son propriétaire et, maintenant qu’il n’est plus à contrejour, j’ose le détailler un peu plus. Il me semble grand, plus grand que moi en tout cas, et il semble plutôt avenant au premier coup d’œil. J’ai un peu honte à cet instant d’avoir paniqué mais je ne sais pas m’en empêcher, c’est ma nature, je vois le mal partout. Maintenant qu’il m’a déjà vue et entendue, je me sens néanmoins plus détendue, mon don semble légèrement le surprendre, mais pas dans le mauvais sens du terme, ici.
Tandis que je l’observe, il reprend soudain la parole, sa voix m’explique que je me sentirai bientôt comme chez moi ici, et il me propose de me faire visiter. J’ai déjà eu un tour du propriétaire le jour de mon arrivée mais c’était sommaire et très formel. Cela avait même été expéditif, la personne qui devait le faire n’avait pas l’air d’en avoir envie et je n’avais pas insisté. Je respire une grande bouffée d’air et j’acquiesce. Je veux bien découvrir un peu plus de cette académie et faire des efforts. Je pense très fort à maman et ce qu’elle penserait de moi à cet instant. Je le vois avancer et j’imagine qu’il s’en va, mais avant que la rencontre ne s’achève, il me demande mon prénom, je devine alors qu’il n’a simplement jamais envisagé que la réponse serait négative.
- Jem’appelleAstridetj’aivraimenteupeurparcequejem’attendaispasàcequ’onmesurprenne. Je laisse échapper cela très vite et sans articuler. Je me reprends légèrement avant de continuer. Et euhm … Oui, je veux bien … Faire le tour de l’académie. Chassez le naturel, il revient au galop.
Je n’en reviens pas, j’ai fait de vraies phrases là, non ? J’ai le cœur qui bat à toute berzingue, j’éprouve un curieux sentiment que je n’arrive pas bien à identifier. A cet instant, un chat jaillit d’un buisson et s’approche du jeune homme qui se baisse pour le caresser. Pour moi quelqu’un qui s’entend bien avec les animaux à quelque chose de rassurant. Mais je ne me sens pas prête à m’approcher plus pour autant.
- Oui, tous. Mais surtout les oiseaux.
Je ne lui retourne pas la question parce que je trouve que la réponse se voit en ce qui le concerne, en revanche, une autre question me taraude.
Il est vraiment trop mignon ce petit chat, j’vais l’adopter, je crois. Il pose ses pattes sur moi et me fait des petites caresses avec sa tête. Franchement, je vais craquer, c’est tellement adorable. Avec cette histoire, j’ai totalement zappé que je suis avec quelqu’un. Bordel, c’est quoi son nom ? Ah mais oui j’suis con, c’est Astrid, elle me l’a dit juste avant, j’avais pas pigé.
— Astrid, c’est pas un peu un prénom de vieux ça ?
Mince, j’ai peut-être été encore un peu trop spontané, en plus elle est timide, merde, j’suis vraiment giga débile. D’ailleurs, Alekchat vient me donner un petit coup sur la tête, bordel ça fait mal.
— Alekchat j’te jure t’es…
Ouais non, fallait vraiment que j’arrête, ça craint de ouf. Je me recoiffe vite fait, tout en relâchant le petit chat. J’me racle la gorge plusieurs fois avant de répondre à sa question initiale.
— Moi c’est Killian, j’suis un petit génie qui construit des machines. Puis j’suis en classe B comme toi j’crois ? Fin j’pense qu’un pouvoir aussi stylé que le tien ne peut être que dans les B ou les A…
Pouaa je m’étonne moi-même, quand je le veux j’reste modeste et j’suis grave sympa. Je lui souris tout en plissant les yeux avant de reprendre en adoptant un ton plus calme.
— C’est vrai, tu kiffes les oiseaux toi aussi ? C’est grave stylé les oiseaux en vrai, genre j’aimerais trop voler avec eux dans le ciel et tout.
Je suis comme un gosse qui raconte ses rêves. Elle en a sûrement rien à carrer de ma vie, mais bon les oiseaux c’est super classe.
Tout en songeant, j’me remis à marcher, les bras à l’arrière de la tête à observer les fins nuages. Un jour j’y arriverai. J’arriverai à aller dans l’espace avec tous mes potes tarés, ce serait vraiment niquel.
— T’as un rêve toi Astrid ? Perso, j’kifferai aller sur la lune, alors chaque jour j’avance sur mon prototype de fusée.
Je lui souris avec ma tête enfantine. J’suis vraiment un gamin en vrai, elle va sûrement me trouver bizarre, fin c’est pas comme si je n’ai pas l’habitude. Bon à force de parler, on est enfin arrivé au QG des B.
— Bon ici, tu as le quartier général des B. C’est ici que tes potes risquent de t’emmener pour faire toutes sortes de chose. Tu as juste à prendre les escaliers ici et tu arrives dans une sorte de villa.
J’sais pas si ça l’intéresse en vrai, je devrais peut-être lui demander ce qu’elle veut visiter.
— En vrai, il y a un endroit en particulier où tu souhaites aller ?
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Astrid Valbjórg
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Jeu 22 Avr - 19:38
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04 avril 2021
Je l’observe avec le chat, j’ai l’impression qu’il est complètement gaga. Je me demande si son droïde serait jaloux s’il l’adoptait. Il semble seul, petit et perdu. Je me demande s’il pourra survivre sans aide extérieur, et ensuite même, ce qu’il fout là et pourquoi sa maman chat n’a pas encore sauté au visage de mon interlocuteur. Je fais la moue quand il critique mon prénom, heureusement, il me tourne le dos, c’est vrai que c’est ancien mais ça revient assez à la mode j’ai l’impression. Je ne relève pas, moi ça me convient bien finalement.
Je remarque le petit robot lui donner un petit coup, est-ce par jalousie comme je le soupçonnais plus tôt ? Je ne sais pas, je ne le saurai peut-être jamais. Mais ça me fait sourire. Enfin, j’apprends le prénom de mon interlocuteur, une répartie me vient en tête mais je n’oserais jamais lui lancer en plein visage. En tout cas, vu sa présentation, ce n’est pas la modestie qui l’étouffe.
- Oui, en B ! Toi aussi ? Je demande plus pour la forme. Ce n’est pas si fort … Après tout, je peux juste voler quoi.
Il se retourne vers moi et m’observe pour reprendre la parole. Ah, finalement je comprends mieux puisque je peux littéralement accomplir l’un de ses rêves. Mais je devine qu’il est du genre à les atteindre et en changer très rapidement. Le genre de personne qui avance dans la vie, contrairement à moi, en somme.
- C’est vrai que c’est agréable d’être près d’eux … Mais ils ont souvent peur. Ce qui est logique, les grosses créatures comme nous ne sont pas faites pour voler.
Il semble perdu dans ses pensées ma sa voix s’élève à nouveau pour me questionner. Mon rêve ? Oui, évidemment j’en ai un, comme tout le monde, mais suis-je prête à le partager comme ça ? Boarf, il partage bien les siennes et ses compétences. D’ailleurs, il rêvait de voler il y a quelques minutes et là, d’aller sur la lune. Ça me fait sourire.
- Oui, je veux être chanteuse. Je dis doucement.
Ça parait irréalisable aujourd’hui, mais rien ne m’empêche de l’être sur la toile, des idoles qui n’existent pas y arrivent bien, pourquoi pas moi ? Mais, j’avoue que je rêve de savoir ce qu’offre une salle de concert comble, pas juste des centaines de vues sur internet. Je le suis quand il me fait visiter le reste. Le QG de notre classe, il est spacieux, en hauteur, je l’aime bien, mais je doute que qui ce soit d’autre m’y emmène un jour. Enfin, qui sait. Qu’est-ce que j’aimerais visiter ? La question me prend au dépourvu, je n’en ai aucune idée, je ne connais rien ici, alors, dans le doute, je lui lance :
Elle m’écoute à moitié, ou c’est moi qui ai des défaillances de mémoire. Non c’est pas possible, j’suis vraiment beaucoup trop intelligent pour ça, elle doit juste être atteinte du système. Mais bon, j’la pardonne, même les anges peuvent se tromper.
— J’le savais, ça se sentait que tu étais en B et ouais j’suis en classe B aussi.
J’essaie de pas être méchant, elle vient juste d’arriver, j’vais éviter de la taquiner. Bon elle répond à toutes mes questions, du coup j’suis content. Elle adore les oiseaux c’est forcément une bonne personne. Mais son rêve c’est d’être chanteuse, malheureusement, je peux pas concevoir ce rêve, faut qu’elle y réussisse par elle-même. Fin si à la limite, j’peux lui fabriquer un micro qui fait en sorte de chanter juste, mais j’pense que ce n’est pas ça qui lui faut vu comment elle fredonne. Je soupire, elle juste trop timide et réserver, mais ça va venir.
Vu qu’elle m’a demandé d’aller à mon endroit préférer, elle ne va pas s’attendre à l’idée que j’ai en tête. Des étoiles brillent dans mes yeux, accompagné d’un sourire diabolique. L’objectif c’est de la mettre dans le bain. Du coup direction le stade, même si, je déteste vraiment cet endroit normalement, car justement c’est bondé de monde.
— Bon bah du coup, suis-moi, c’est pas très loin normalement.
En quelques minutes de marche, on pénètre dans le grand stade. On est au milieu du terrain et je commence à me sentir mal. Bordel, je me suis mis dans quelle galère encore. Je souffle tout en craquant ma nuque avant de regarder la petite Astrid.
— Ton rêve c’est d’être chanteuse pas vrai ? T’as toutes les qualités pour l’être, il te manque juste quelqu’un qui te pousse à le faire. Du coup j’me suis dévoué pour cette tâche, prépare-toi pour ta première scène.
Elle va sûrement avoir le trac, mais c’est un passage obligatoire pour tous les artistes. C’est le moment pour elle de chanter avec tout son cœur, de partager sa jolie voix à l’académie. J’suis convaincu que ça va devenir la prochaine star de Swish.
— Courage, j’crois en toi Astrid. T’as plus qu’à chanter.
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Astrid Valbjórg
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Dim 25 Avr - 21:33
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04 avril 2021
Un malade, un taré. Il est bon à jeter dans l’asile le plus proche. Je m’insurge en silence, mais ça, il n’y a que moi qui doit le savoir puisque même en colère, on ne prend jamais au sérieux. Je ne m’attendais certainement pas à ça quand je lui avais demandé de me guider vers son endroit préféré. En plus, vu sa dégaine et le droïde qui lui colle au basque, il n’est clairement pas un athlète. Il a dû me prendre pour une débile, je ne vois pas d’autres explications au fait qu’il m’ait trainé au beau milieu du stade. Autour, je remarque des gens s’adonner à des activités sportives. Heureusement, ils n’ont pas l’air de nous prêter la moindre attention. Je me demande si on ne fait en fait que passer, mais son arrêt en plein centre du terrain me laisse sceptique sur cette éventualité. Je croyais pouvoir me faire un ami, mais à bien y réfléchir, je crois que je ferai mieux de vite le fuir et de prier pour ne plus le croiser.
Il reprend la parole et je crois bien que mon cerveau s’éteint. Il a dû ragequit cette situation bien trop embarrassante. Je n’aurais vraiment pas dû lui parler de mon rêve. Je regarde les alentours, quelques curieux nous lancent des œillades discrètes et intriguées. Ils doivent se demander ce qu’on fout là, à prendre de la place pour rien faire. Ma gorge est sèche, je ne peux pas, je ne peux juste pas. Je me sens toute petite et j’ai l’impression que les gradins autour se referment sur moi, je me sens prisonnière, en cage et je déglutis. J’entend à peine l’encouragement de Killian. Croire en moi, ça m’étonnerait, il ne me connait même pas, qu’est-ce qui peut bien lui faire croire une chose pareille.
- Non. Non, je … Je ne peux pas. Il y a trop de gens … Ces mots m’échappent dans un souffle.
Je croise les mains sous mon menton dans une supplique muette, rien ne m’interdit de partir, que je sache. C’est ce que je veux moi, en tout cas. Je veux m’échapper mais mon corps ne m’écoute pas, je panique. Je sens mes yeux bruler et ma vue se brouiller. Oh non, je vais me mettre à pleurer, c’est vraiment trop la honte. Je jette un coup d’œil vers le jeune homme, ce n’est pas sa faute au fond, si j’ai trop peur, mais je ne veux plus rester là. Je prends une grande inspiration et j’essuie rapidement mes yeux avec ma manche.
- Je n’suis pas prête. Avouais-je, vaincue par la peur, le trac, la situation, le monde, tout.
Sur ses mots, je récupère enfin le contrôle de mon corps. Je reprends alors le chemin de la sortie du stade en essayant de me faire la plus petite et la plus discrète possible.
J’ai peut-être un peu sous-estimé sa timidité. J’me mords les lèvres en l’observant, elle va fuir, je le sens, mais j’aimerais qu’elle chante encore une fois. Elle ne se rend pas compte de son talent comme beaucoup de gens. Trop de personnes ratent leurs vies en laissant leurs passions, leurs rêves car ils ont peur. Peur d’être ridicule, peur de rater, il y avait tant de choses qui empêchait quelqu’un de réaliser ce qu’il souhaite au fond de son cœur. Alors, même si je la vois trembloter, pester, je continue d’y croire, je dois y croire sinon ça ne fonctionnera pas.
Mais cette fois, croire n’a pas suffit. Elle n’est pas prête, elle me le fait savoir et je ne réponds rien, je reste stoïque. Je vois ses larmes couler et j’me mords les lèvres… Qu’est-ce que j’ai fait ? Je la laisse s’en aller baissant la tête pour observer le sol. Je m’assis en tailleur sur le sol froid, tout en gardant une mine sombre. S’il y a bien une chose qui peut me rendre triste, c’est de ne pas réussir à réaliser les rêves des gens. Les sanglots sont signe d’échec et des échecs j’en ai pas eu beaucoup dans ma vie de génie.
La gorge sèche, j’essaie de lâcher des mots pour éviter qu’elle s’éloigne du bon chemin. C’est avec une voix pleine de sincérité que je viens toucher le cœur de Astrid.
— Pardon Astrid, je… j’voulais vraiment faire connaître ta jolie voix à tout le monde… Je… j’veux… J’te promets d’être là à ta première scène !
Je ne sais pas si mes mots étaient justes, ce que je sais, c’est que je les pense et que peu importe ce qu’elle pense, elle deviendra un jour une étoile parmi les autres. Puis d’un coup, je sens la fatigue monter, je sens mes pensées filer et bien vite, je me retrouve dans les bras de morphée.
Alekchat se dirigea vers l’ange pour venir lui apporter son soutien et pour lui glisser quelques phrases.
— Courage Astrid, désolée pour Killian c’est un idiot fini… Il ne pensait pas à mal, il voulait juste que tu réalises ton rêve. J’espère que tu ne lui en voudras pas trop malgré ça. En tout cas bienvenue à Swish ! J’espère qu’on aura l’occasion de se recroiser !
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Astrid Valbjórg
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Ven 14 Mai - 19:46
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04 avril 2021
J’en suis incapable et ça me rend malade. Je me demande s’il fait ça pour me montrer que je suis vraiment une cause perdue, j’ai l’habitude des gens malveillants alors, je ne sais pas trop que penser de cette attitude et de cette situation. Mes larmes coulent malgré moi mais je les essuie avec ma manche, j’ai envie de crier sur Killian mais quand je relève enfin la tête pour m’y risquer, je croise son regard. En vérité, malgré qu’il ne pleure pas, il a l’air encore plus abattu que moi. Je plisse un peu les yeux, je ne comprends pas trop. C’est alors qu’il prend la parole. Le plus déçu en ce moment, on dirait que c’est lui. Je l’écoute et il parvient à trouver les mots justes, des mots qui apaisent mes peurs, mes sanglots. Quelque part, son attention me touche et je me sens attendrie.
La première scène, c’est un peu beaucoup pour tout de suite, mais j’ai envie de croire à la sincérité de mon interlocuteur. Je ne pense pas que ce soit un mauvais bougre ou qu’il soit foncièrement mauvais. Je pense même qu’il pourrait être un allié ou un ami dans mon combat contre la timidité, mais avec des méthodes plus douces à l’avenir. Je m’apprête à répondre mais Alekchat se joint à la conversation avant que j’aie le temps de l’ouvrir. C’est souvent comme ça de toute façon, vu que j’hésite trop avant de parler. Je sais à quel point les mots peuvent toucher et blesser. Mais son intervention finit par me faire rire. Un robot qui se moque autant de son créateur, est-ce qu’il l’a vraiment voulu aussi insolent ?
- Je t’inviterai à coup sûr, quand je serai prête. Je dis à Killian avant qu’on ne se sépare.
Je rassure ensuite Alekchat en luis précisant que je n'en veux à personne si ce n'est moi-même et on quitte le stade, je retourne rapidement dans ma chambre, il faut vraiment que j’appelle maman et que je lui raconte cette aventure. Ca me fait penser que je n'ai pas pris celui de Killian, zut. Elle me dira que j’exagère très certainement, mais je ne trouve pas. En tout cas, cela m’inspire une nouvelle chanson.
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