Hypnose

Medea est, pour ainsi dire, une ensorceleuse.

Sa voix se fait particulièrement délicate lorsqu’une personne est ciblée par son pouvoir. Elle emprunte le chant des sirènes pour s’accaparer l’attention de sa cible, prononçant quelques douces paroles pour s’immiscer insidieusement dans la conscience de la personne et la rendre malléable à ses désirs. Selon la ténacité mentale de la personne visée, le procédé peut être plus ou moins long – et éreintant pour la jeune femme.

Une fois sous son contrôle, la personne est perdue dans un rêve vague, inconsciente de ce qui l’entoure. Elle se fera incroyablement docile aux directives données par Medea sans retenir le moindre souvenir de cet instant. Fort heureusement, ce n’est ni un moment prolongé, ni un moment regrettable, car l’ensorceleuse ne peut garder son emprise durant une longue période - une poignée de minutes si elle ne décide pas d’y mettre fin plus tôt -, et qu’elle n’agit jamais en désaccord avec sa profession.

Si vous vous retrouviez pris pour cible par son don, ce serait certainement parce que vous êtes entré en trombe à l’infirmerie, paniqué et blessé. De sa douce voix, Medea vous calmerait et vous ferait oublier la douleur le temps de prodiguer les premiers soins.

Si vous n’entrez pas dans cette catégorie, c’est que vous avez abusé de sa gentillesse et qu’elle ne souhaite plus vous entendre, auquel cas elle usera de l’hypnose pour vous clouer simplement le bec et vous faire quitter la pièce, rien de plus, rien de moins.

De ce fait, elle éprouve de temps en temps un certain regret à ne pouvoir l’utiliser sur de multiples personnes à la fois – plusieurs réunions inutiles, conflits ingérables et autres, se seraient vu réglés en un rien de temps autrement. De plus, il lui faut un certain temps pour exercer ses talents d’ensorceleuse sur autrui à nouveau ; elle ne peut se permettre de plonger sous hypnose plusieurs personnes dans la même journée, ce serait se mettre dans une situation fâcheuse.

À force d’utilisation, elle se sentira de plus en plus fatiguée, de plus en plus distraite... Jusqu’à ce que l’inévitable n’arrive : ce sera à son tour d’être perdue dans un rêve vague, inconsciente de ce qui l’entoure, et malléable au moindre de vos désirs.

Physique

À l’image des sirènes, Medea présente une chevelure d’une longueur remarquable. La teinte de ses mèches lisses se partage entre le café, le caramel et le cannelle – un mélange pour le moins gourmand. Dans la continuité de cette idée, le regard singulier de la jeune femme est d’une couleur qui rappelle la menthe. Ces deux aspects donnent l’impression que son épiderme est plus clair qu’elle ne l’est vraiment, lui donnant une allure de poupée en porcelaine.

Contrairement à son surnom, la jeune danoise s’habille avec une simplicité élégante. Elle affectionne les pantalons et les chemisiers, et abhorre les jupes ainsi que les couleurs criardes. En effet, Medea préfère le noir et le blanc pour la majorité de sa garde-robe, l’agrémentant de quelques couleurs pastelles pour quelques occasions. Elle essaie de ne pas porter de talons hauts car on lui a déjà fait remarquer qu’elle était trop grande pour ça - un effort qui ne dure jamais bien longtemps.

De par son style vestimentaire, accordé à l’expression sereine et noble de son visage, on l’imagine telle une femme d’affaire froide et inaccessible. Sa gestuelle se fait également prétentieuse selon le regard d’autrui par la grâce et la délicatesse de ses moindres mouvements. Une image éloignée de la réalité qu’elle ne s’efforce pas de rectifier. Qui devinerait que cette attention particulière apportée à son langage corporel n’était autre que sa crainte d’une maladresse ?

Mental

D’une compassion insoupçonnée, son cœur saigne pour les blessures d’autrui, ces plaies qu’elle ne peut refermer. À défaut de pouvoir guérir l’âme, Medea a trouvé sa vocation en soignant les corps. L’amour qu’elle porte envers son prochain est tel qu’elle consacre sa vie à l’aider, au détriment d’une vie sociale et d’un quelconque passe-temps.

Étrangement, sa dévotion n’est pas vue ainsi par autrui. Au plus grand damne de la danoise, on s’arrête à son visage inexpressif – ses traits sont marqués d’une tranquillité glacée qui ne se brise que pour quelques esquisses imperceptibles – ainsi qu’au venin s’écoulant de ses lippes, un poison autrement appelé franchise.

La sincérité de ses mots n’est encagée d’aucune façon. Le partage de ses pensées, de son ressenti, ne se laisse pas entaché par le mensonge ou un quelconque enjolivement. Couplé au vide émotionnel qu’on lui devine - à tort, cela prouve qu’elle est l’inverse d’un modèle de sociabilité.

Il serait bien dommage de s’arrêter à cette première impression, aussi mauvaise soit-elle, car on raterait alors l’occasion de découvrir sa véritable essence. Medea est pareille à un coffret de glace – on rechigne à y toucher, à trouver une raison valable de s’y risquer, mais ce serait une belle surprise pour ceux qui oseraient jeter un œil à son contenu.

L’ironie de ce fait est qu’elle n’essaie pas particulièrement de se cacher du regard d’autrui. Elle est là, à attendre qu’on tende la main vers elle, et serait ravie de la saisir. Les émotions n’ont jamais été tangibles, réellement visibles ; on a tendance à l’oublier face à Medea car elle n’est pas, contrairement à bon nombre de personnes, très expressive.

Son cœur est, contre toute attente, aisément troublé, perdu dans un tourbillon de sentiments qui la consument. L’inquiétude la ronge, l’impatience l’étouffe, l’agacement l’accable. Elle n’a qu’un pauvre contrôle sur ses émotions - risible lorsque l’on connaît son don.

Peut-être paraitrait-elle plus humaine, plus accessible, si on assistait à sa maladresse. Il ne s’agit pas tant de ne pas savoir mettre un pied devant l’autre sans s’échouer lamentablement au sol, mais plutôt de renverser sa tasse de thé sur sa paperasse, de faire tomber des classeurs, ou encore de se prendre en pleine figure une porte fermée.

Tant qu’à aller dans le détail, on pourrait également mentionner les oublis fréquents de la jeune femme. La faute peut être facilement rejetée sur son pouvoir, puisant dans sa concentration, ce qui la rend sujette à la distraction en tout genre. Il n’est donc pas surprenant de voir Medea en train de consulter son téléphone, ou les nombreux post-it qui couvrent son bureau. Ça ne l’empêche pas de perdre ses affaires un peu partout.

Histoire

La vie n’était qu’un fleuve tranquille pour Medea durant ses premières années. Elle était d’une tranquillité docile, qui ne sortait pas du lot, que ce soit en bien ou en mal. Ses parents étaient, néanmoins, contre l’idée d’une vie sans histoire, sans rebondissement. Ainsi, ils poussèrent leur fille sur le devant de la scène contre son gré, lorsqu’ils présentèrent au grand public leurs linges sales.

Par ce malheureux incident, elle fut mise au courant des secrets de son père et de son amante, en même temps que ses petits camarades de classe. Ces derniers prirent un certain plaisir à lui rappeler, chaque jour, l’échec que sa famille représentait. Medea était d’un calme exemplaire contre toutes ces insultes – jusqu'à la médisance de trop. Sa patience avait été abusé.

Ironiquement, ce fut également le jour où elle découvrit le don que la nature lui avait offert. Ce n’était peut-être pas si mal puisque quelques jours après, une invitation un peu particulière arriva à sa porte. L’occasion d’échapper à toute cette histoire se présentait d’elle-même, Medea sauta alors dessus sans prendre le temps d’y réfléchir plus longuement. L’adolescente quittait alors le nid, sans un regard en arrière, ne ressentant que de la honte envers les siens.

Au premier abord perdue face au nouveau monde qui s’offrait à elle, Medea n’avait cependant jamais oublié le but de sa vie. Enfant, lorsque ses amis rêvaient d’être astronaute, rockstar ou directeur d’un zoo... Medea désirait aider les autres. Elle se consacrait entièrement à cet objectif. Il n’y avait qu’à ça qu’elle pouvait se raccrocher. De ce fait, son parcours était déjà tout tracé ; elle n’avait pas de temps à perdre en amourette ou toute autre distraction.

Aujourd’hui, Medea est exactement à sa place – son seul problème réside dans son manque de sociabilité qu’elle peine à régler.