Massrur avait fini le travail plus tôt aujourd'hui comme chaque lundi et il était rentré rapidement, pressé de reprendre son entrainement. Mais à son grand désarroi le dojo du penthouse était vide… A une exception prêt. Une lettre trônait en plein milieu de la salle central, elle avait visiblement été griffonnée rapidement mais ne contenait aucune faute d'orthographe:
Je n'ai pas le temps de t'entrainer aujourd'hui, mais pas question de louper l'entrainement. Va au dojo de ton école, en plus, ça sera bien pour toi de t'entrainer avec quelqu'un d'autre pour une fois.
Ps: Si tu sèche, je le saurais, alors fait gaffe.
S.I
A peine la lettre lue que le grand gaillard montait dans sa chambre pour se changer. Ça ne l'enchantait pas de s'entrainer avec des inconnus, mais il savait que la menace de son Senseï n'était pas faite dans le vent et la dernière chose qu'il voulait s'était le mettre en colère. Son dos ne se souvenait que trop bien de la dernière fois où c'était arrivé.
Il se glissa dans son keikogi noir, en dessous duquel il garda un tee-shirt, noir lui aussi. Il ferma le tout avec une ceinture tout aussi noir et enfila son manteau par-dessus. Quelques secondes plus tard, il était déjà sorti non sans avoir embrassé le front de sa mère, la prévenant qu'il rentrerait peut être un peu tard.
Il marchait en direction de l'université, trainant le pas et des pensées plein l'esprit.
*J'espere qu'on ne me demandera pas d'enlever mon tee-shirt, je sais que c'est interdit en compétition, mais là ça devrait aller... non?* ... *Le jiu-jitsu que j'ai aprris est une version à mis chemin entre le brésilien et le japonais, et si jamais je faisais des coups illégaux?* ... *C'est la premiere fois que je vais affronter quelqu'un d'autre que mon Senseï, j'espere que ça ira, et si je blessai quelqu'un?* ... *Je suis sûr que Senseï n'est pas venu, simplement pour me forcer à y aller…* ... *Pourquoi a-t-il signé la lettre alors que c'est évident qu'il en était l'auteur?* ...
Les inquiétudes fusaient et le cœur de Massrur s'emballait, l'obligeant à baisser artificiellement son niveau de stress. Son calme habituelle revenu, il se rendit compte qu'il était déjà aux portes de l'université.
Ce n'était pas techniquement la première fois qu'il se rendait au dojo, il y avait déjà livré de nouveau tatami ainsi que des sacs de frappe renforcés qui pesait leurs poids. Il y passait aussi souvent pour le nettoyer, mais c'est la première fois qu'il y aurait des gens. Non seulement des gens, mais des gens qu'il devrait affronter.
*J'espère vraiment ne blesser personne*, cette phrase bouclait dans son esprit depuis un moment.
Il savait combien il pouvait être rustre et qu'il n'était pas le meilleur pour maitriser sa force, combien de fois en refermant des portières de taxis lui avait-on vociférer des injures pour son manque de délicatesse. Ina avait même été obliger d'agrandir la porte d'entrée à force de le voir se cogner. Si toutes ses inquiétudes c'était calmées grâce à son don, celle-ci ne risquait pas de s'en aller et peut-être était-ce une bonne chose pensait-il, si ça lui permettait de faire plus attention...
Arrivé dans le vestiaire, il déposa ses affaires se banda les mains et mis les équipements restants. Puis, il s'assied quelques minutes pour se préparer mentalement. Il prit son élastique et faillit s'attacher les cheveux avant de se rétracter et de le passer autour de son poignet.
*Ce n'est qu'un entrainement, je ne les attacherais que si c'est vraiment nécéssaire, je préfère éviter que des gens me voient inutilement avec le look d'Ithnan. Déjà que le subterfuge ne trompe que peu de monde.*
Il alla au lavabo et rempli d'eau ses deux mains qu'il se passa ensuite sur le visage. Une fois celui-ci trempé, il se secoua, à la manière d'un chien, aspergeant la vitre d'une multitude de goutte d'eau.
- On y va, murmura-t-il dans barbe.
Il ouvrit les portes de la salle d'entrainement et en cherchant le professeur du regard, il entra. Mais tout pouvait-il se passer aussi bien? Bien sûr que non. Ce ne serait pas du Massrur sans une pointe de maladresse.
En entrant dans le dojo, il se frappa la tête contre l'encadrement de la porte. Jusque là, rien d'anormal, mais la rencontre de sa tête et de l'huisserie en bois fit un énorme bruit qui résonna dans toute la pièce faisant de cette énergumène le centre de l'attention.
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Mer 14 Avr - 22:19
...
Après une longue minute désordonnée, tout se débloqua. D'un mouvement de hanche expert, Hana fit la transition entre la prise de bras que son adversaire contestait et le coinça dans un triangle diablement serré. La figure congestionnée du jeune homme afficha une surprise un peu tardive, et après quelques vaines tentatives de se dégager il s'avoua enfin vaincu d'une main pressante. Alors que le piège de ses membres se défaisait enfin, son partenaire se redressa, manifestement frustré. Manifestement ce n'était pas le dénouement qu'il attendait.
Régler ses comptes dans un sport où l'on se sentait supérieur à l'autre était une entreprise douteuse, peut-être plus encore quand on se savait plus lourd et puissant que son adversaire. Dans pareilles conditions, la défaite ne s'en retrouvait que plus amère, visiblement. Trop pour certains. Alors que la jeune femme aussi se relevait, lui tourna les talons en crachant ce qui lui restait de fiel. Du moins, il esaya.
- Va te faire foutre espèce de... - ... Dégage où la prochaine fois je te laisse tomber dans les vapes.
Le Dojo était assez peu peuplé, comme assez souvent, et les petits groupes de part et d'autre d'Hana eurent quelques regards gênés alors que, plus rouge que jamais, l'énergumène la plantait là, fuyait presque l'endroit de honte. Ce n'était pas la première fois que la jeune femme amenait ce genre de scène quelque peu discutable sur les tatamis, malheureusement, sa réputation eut-elle à en souffrir.
Le Sensei en titre, un grand bougre fripé, souriant mais peu loquace, se contentait de regarder la scène, occupé qu'il semblait être à superviser d'autres élèves moins accomplis. Sur la petite dizaine, tous sauf deux s'entraînaient en gi, et le niveau variait entre ceinture jaune et bleue. Comme souvent lorsque beaucoup de monde était présent, l'attention du professeur était surtout concentrée sur ceux ayant le plus à apprendre et ceux qu'il voyait le moins souvent.
Quant aux éléments turbulents comme la fille ébouriffée et les excités qu'elle se retrouvait souvent à défier, même s'il n'intervenait que très rarement, elle au moins avait une totale confiance en son attention. Hana ne savait pas combien d'années exactement l'homme avait de pratique, mais sa ceinture rouge et noire lui donnait un ordre d'idée. La seule et unique fois où il avait eu à intervenir avait suffi à confirmer qu'il ne laisserait rien de fâcheux se produire.
Restait que maintenant, un peu débraillée mais toujours bien en forme, la jeune femme se retrouvait sans le moindre partenaire. Elle était la seule ceinture noire présente, le Sensei mis à part, et savait d'expérience qu'elle devrait encore attendre pour avoir un peu d'attention de sa part, après pareil éclat. Déjà résignée à aller aider les deux seules autres présences féminines qui roulaient sans grande technique un peu plus loin, Hana se retourna vivement en entendant un bruit pour le moins singulier.
- Que... Es tan grande...
Même de loin, la carrure de l'individu était tout simplement incroyable. Leu professeur, déjà pourtant imposant malgré les années, en paraissait petit et fin. Aussi haut qu'il semblait large, aussi épais qu'hirsute, c'était moins un homme qu'un ours qui arrivait vêtu tout de noir... et ceinturé de la même couleur.
Alors qu'il s'approchait, Hana le quadrilla du regard avec une intensité plus que remarquable. Rien que la présence de cette force de la nature était un défi soi, mais elle n'allait tout de même pas lui sauter dessus de suite, si ?
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Massrur Mustassim
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Jeu 15 Avr - 20:45
ft. Hana Sintes
Une Question de Gabarit
Cette entrée remarquable aurait pu être du goût de certain, mais ça n’était absolument pas le cas de Massrur qui était mort de honte. Néanmoins, laissé transparaitre cette honte aurait, pour lui, été une encore plus grande source d’inconfort. Il mit donc un point d’honneur à rester stoïque en s’approchant du vieil homme qu’il avait finalement repéré. Ce faisant, il observait du coin de l’œil l’ensemble des élèves qui avaient quasiment tous le regard fixé sur lui.
Parmi cette foule, une personne en particulier attira son attention. Une jeune femme semblait le transpercé du regard. Elle n’avait pas l’air particulièrement hostile, mais elle ne semblait pas être le genre de personne qui inspirait naturellement la sympathie. En s’attardant quelques secondes sur elles il se rendit compte qu’elle était la seule ceinture noire du cours.
*Est-ce qu’elle assiste le prof ?*
Il n’eut pas le temps de s’attarder sur cette question car il arrivait devant l’enseignant. Les deux étudiants que le vieil homme conseillait s’était arrêté de combattre récemment à en juger par la respiration haletante et leur excès de transpiration.
- Ton maitre m’a prévenu de ta venue, déclara-t-il, absolument pas troublé par l’apparence du jeune homme.
Le professeur était étonnamment compréhensible pour quelqu’un dont le volume de la voix était aussi faible. Massrur se retenait de lui demander de quand datait cette information pressentant que son "Senseï" avait intentionnellement manqué leur rendez-vous.
- Je viendrai vous corriger si j’estime cela nécessaire mais, aujourd’hui, ton principal interlocuteur sera Hana, dit-il en pointant du menton la femme au regard perçant qui ne semblait pas être au courant. J’ai entièrement confiance en ses capacités et puis ce sera également une bonne occasion pour elle de combler les quelques lacunes qu’il lui reste.
Massrur n’avait aucune idée de s’il parlait de lacunes sportives ou sociales, mais la nouvelle le troublait. La jeune femme bien que visiblement habituée à la lutte n’en restait pas moins frêle comparée à lui et sa peur de blesser son partenaire ne faisait qu’augmenter.
Depuis la déclaration du professeur la jeune femme aux cheveux ébouriffés n’avait pas bougé d’un pouce et elle ne semblait pas en avoir l’intention.
*Elle s’attend probablement à ce que ce soit moi qui aille vers elle*
Traversant les rangs des élèves s’étant remis en action pour se diriger vers sa partenaire, Massrur se rendit compte que toutes les discussions et chuchotement portait sur l’annonce du vieux maître. Il n’était pas assez concentré pour discerner le contenu exact des discussions mais ce qui transparaissait était principalement de la peur et de l’appréhension.
*Apparemment, elle est aussi féroce que son visage le laisse transparaitre…*
Son cheminement de pensées fut interrompu par quelqu’un qu’il avait légèrement bousculé.
-Ah ! Par…Pardon… bredouilla un jeune blondinet qui devait avoir bien 5 ans de moins que lui.
- Non, non, non, s’empressa de répondre le géant, c’est d’ma faute je n’faisais pas assez attention, excuse-moi.
Les deux hommes visiblement gênés, se firent un signe de la tête et le blond repris son combat.
Arrivé à hauteur de la jeune femme, le jeune homme à la longue crinière prit sur lui de s’introduire :
- Je m’appelle Massrur, enchantée d’être sous ta responsabilité, je m’en remets à toi.
Ses mots étaient accompagnés d’un large sourire, tranchant avec son attitude stoïque du début comme avec son attitude gêné liées à la bousculade. La jeune femme le toisait toujours et n’avait pour l’instant pas dit un mot, mais il comptait sur elle pour éclairer sa lanterne sur le déroulé de leur entretien.
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Ven 23 Avr - 18:37
Hana n'était pas la dernière à aller de son petit commentaire, d'ordinaire, ici pourtant elle resta totalement silencieuse. L'étrange et pourtant intense sensation d'être au pied du mur l'envahit à mesure que l'énorme individu arrivait jusqu'à sa proximité. Des plus grands, elle en avait croisé quelques uns, des plus larges, peut-être aussi, mais ce Massrur restait un spécimen bien exceptionnel. Rien que le volume qu'il occupait paraissait absurde, vu de près.
Tout ça avait presque l'air d'une mauvaise blague, en un sens. Encore échauffée par son altercation récente, les regards interrogateurs lancé à leur Senseï ne reçurent pas de réponse particulière. Voilà donc qu'elle se retrouvait avec l'énergumène. Allez, elle n'allait pas rester plantée là à ne rien dire !
De près, l'homme paraissait encore plus imposant. Sans être petite Hana se retrouvait à devoir lever haut le menton pour tenter de lui parler les yeux dans les yeux. Ou plutôt essayer, ses cheveux Elle qui se pensait la pire question tignasse revêche, force était de constater que sur ce domaine, elle se devait de s'incliner. La jeune femme salua à son tour, puis répondit enfin.
- Hana, merci de ta confiance. Je vais être honnête...
Le temps d'estimer de l'œil à quoi précisément elle avait à faire, et Hana mit les pieds dans le plat. La diplomatie n'était pas son point fort, surtout avec le reste d'adrénaline qui lui restait dans les veines. En outre c'était un entraînement, rien d'autre, aucune raison donc de prendre des gants ou se montrer trop formelle pour ce qui n'allait pas être très construit comme proposition.
- À vue de nez, t'as l'air un pur poids lourd, tu dois peser deux à trois fois plus que moi. Avec une différence pareille, travailler les projections risque d'être un petit peu compliqué. Par contre le travail de la garde à la mise au sol...
De toutes les façons leur entraînement sera déséquilibré, ça la jeune femme le prenait pour acquis. Elle se demandait si elle saurait même passer son bras autour du cou énorme de Massrur, sans même parler de réussir à lui coincer le moindre membre. Ou peut-être que... ?
- Ouais, travailler la garde araignée, quelque chose de ce genre. qu'est-ce que tu en penses ?
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Massrur Mustassim
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Mar 27 Avr - 1:06
ft. Hana Sintes
Une Question de Gabarit
Massrur prit l’interrogation de sa camarade comme un ordre et se mit immédiatement en position. Travailler avec quelqu’un d’un gabarit différent était son quotidien, mais là c’était d’un tout autre niveau. Il avait du mal à se défaire de son appréhension, mais il se rendit rapidement compte que la jeune fille n’était pas ceinture noire pour rien et qu’elle en avait sous le coude. En effet, il avait non seulement du mal à passer sa garde, mais même lorsqu’il réussissait à l’immobiliser, son agilité lui permit de s’en sortir un bon nombre de fois. Cependant, malgré qu’il ait reconnu sa force, il n’arrivait pas à essayer autres choses que des immobilisations. Il avait bien trop de peur de son manque de contrôle pour lui faire un quelconque étranglement ou une clef d’aucune sorte.
Lorsque c’était son tour de défendre, le géant avait encore plus de mal à faire attention à sa partenaire et il lui arriva deux ou trois fois d’avoir des gestes un peu disproportionnés compte tenu de leur différence de poids. Le plus marquant d’entre eux fut un Tomoe-Nage qui projeta son interlocutrice assez violemment un ou deux mètres plus loin. Heureusement pour lui comme pour elle, elle savait chuter et il y eut plus de peur que de mal. C’est d’ailleurs cet action qui le convaincu qu’il valait mieux qu’il essaie de se synchroniser à elle pour pouvoir rapidement intervenir en cas de besoin.
Il pensait que se synchroniser tout en défendant prendrait plus de temps mais ce fut le contraire. Le fait d’être en contact avec sa cible accéléra le processus et c’est lors d’une clef de bras en hyperextension réussis par la jeune fille que ledit processus prit fin. Il ressentit l’afflux des différentes glandes à l’intérieur du corps d’Hana, la contraction de ses muscles contre l’immense bras qui résistait, le corps tout entier qui chauffait à cause de l’effort… puis plus rien.
Néanmoins, cela lui fit perdre sa concentration quelques secondes. La jeune femme le remarqua et consolida sa prise. Il dû taper trois fois en symbole d’abandon. Bien que ses os étaient largement plus résistant que la normale et qu’il ne manquait pas de muscle, la jeune femme avait remarquée que son point faible se situait au niveau des articulations et elle se servait de cette information à bon escient.
***
Les exercices continuèrent ainsi pendant une dizaine de minutes sans véritable incident, malgré quelques fulgurances du géant, la femme aux cheveux courts maintenait un avantage assez marqué au prix d’effort néanmoins non négligeable. D’après ses calculs, il réussissait ses immobilisations environ une fois sur quatre alors qu’elle réussissait ses clefs plutôt une fois sur trois. Ils avaient tous deux réussis à s’adapter l’un à l’autre et il semblait que l’entrainement allait se poursuivre sans surprise, mais c’était sans compter sur l’évènement suivant: Hana avait réussi pour la première fois à placer un étranglement.
Ce qu’elle ne savait pas c’est que l’apnée était le passe-temps favori de Massrur et qu’en plus, son don lui permettait, entre autres, de réguler ses flux respiratoires et sanguin. C’était le début d’un duel taillé pour lui et il ne pouvait s'empêcher de sourire à l'idée de celui-ci.
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Une question de gabarit ♦
Ven 30 Avr - 21:11
Elle ne pensait pas pouvoir autant souffrir sans pour autant être dominée. Le travail de lutte avec Massrur ne saurait se résumer à une épreuve de technique pour contrebalancer l'énorme différence de carrure; c'était aussi et peut-être avant tout une ordalie physique. Hana n'aimait pas de le constater, mais elle en bavait. Chaque prise était précaire, difficile, chaque mouvement un peu mal calculé se retournait contre elle presque immédiatement, et ses quelques manquements de forme se révélaient presque de suite punis.
La seule et unique fois où elle tenta de développer quelque chose en étant au dessus, elle se retrouva projetée avec une force presque ridicule. La jeune femme se serait plus cru sur un trampoline de gymnastique qu'en plein affrontement de préhension. Se retrouver aussi haut lui permit assez paradoxalement de se reprendre à temps pour ne pas chuter trop durement, mais... Que cela soit intentionnel ou non, le ton de leur échange silencieux venait de se durcir.
Jusqu'à présent Hana ne s'était pas trop concentrée sur les potentielles soumissions, mais tout changea. Se faire balader comme une poupée de chiffon devait se payer, au moins pour sa fierté. Dans un échange un peu confus, elle usa de sa souplesse pour prendre Massrur par surprise dans une clé de bras, en transition de garde. Loin de la victoire totale qu'elle aurait espéré cependant, dans la petite seconde où elle maintint la prise avant que l'homme ne tape de sa main sur sa jambe, la jeune femme sentit quelque chose de terrifiant.
Le membre qui aurait dû être à la merci du levier que tout son corps à elle créait était dur. Pas juste résistant à son emprise, mais anormalement retors, comme un assemblage de câbles et de barres inorganiques, plus qu'un amas de sang, de chair et d'os. Pour un peu, elle échouait à contraindre l'articulation. Était-elle donc si faible, pour se retrouver défaite même dans la victoire ? *Il doit y avoir un truc, c'est pas possible...*
L'idée confuse et non formulée que son adversaire ne pouvait pas ne pas avoir un pouvoir lié à ses attributs hors norme s'insinuait en elle alors qu'elle continuait l'entraînement. Non contente de devoir garder une technique aussi aiguisée et réactive que possible, la différence de poids et de force rendait chaque passe horriblement pesante sur ses muscles. Sans pouvoir prendre le moindre répit ou presque, le résultat se faisait douloureusement sentir, et toutes les fibres de son corps lui hurlaient d'arrêter. Hana fit tout l'inverse.
Dans la lutte acharnée qu'elle menait, sans doute qu'elle ne s'en tirait pas mal du tout, à résister à Massrur la majeure partie du temps, mais ça n'était pas assez. Aussi terrifiant soit-il, le colosse n'était pas sans défaut, semblait même parfois victime de ses propres avantages. Plus d'une fois, sa carrure parut le gêner ou lui donner un temps de retard dans les passes et les prises que la jeune femme, beaucoup plus fine, effectuait entre ses énormes membres. Alors qu'il menaçait à nouveau de pénétrer sa garde et la clouer complètement au sol, elle trouva une ouverture.
Un paterne s'était répété encore et encore jusqu'à présent, avec Hana maintenant sa garde et cherchant à triompher en menaçant un balayage réactif, une tentative de clef de bras, ou d'étranglement, le tout en transition. Un jeu de janken dont la simplicité de forme n'empêchait pas le fond d'être toujours plus loin, à mesure que chacun se familiarisait à la lutte de l'autre, cherchait à lire les habitudes adverses et subvertir les attentes. Cette fois, c'est l'espagnole qui fit les bons choix deux fois de suite, et Massrur se retrouva prisonnier d'un Sankaku Jime.
Les jambes de la jeune femme étaient à peine assez longues pour enserrer le corps titanesque de son partenaire, mais autant par chance que par fluidité technique, l'étrangement restait diablement bien fermé. Après quelques secondes dans une position aussi fatale qu'assez particulière, la grosse tête chevelue de l'homme contre sa cuisse, alors qu'elle se préparait déjà à relâcher la pression quand la tape de défaite se ferait sentir d'ici quelques instants... Rien. C'était comme si l'étouffait se révélait impossible. D'une inspiration brusque, Hana activa son pouvoir.
Soudain entourée d'une étrange opacification de l'air, elle utilisa dans le même temps ce qui restait d'explosivité dans ses muscles pour, d'un mouvement de hanche et du balancement d'une jambe, passer à une prise sur le bras prisonnier du triangle, Juji Gatame, mais avec une petite différence fatale. Ses mains ne se contentaient pas de tenir le gros poignet de Massrur, non, elles s'occupaient en même temps de sa pogne à lui, et forçait sur cette articulation en même temps. Kote Mawashi.
Si elle voulait une soumission indiscutable, c'était par surprise qu'elle l'obtiendrait, mais la bougresse en faisait peut-être un peu trop; c'était ses dernières réserves qu'elle épuisait là. Hana n'aurait même pas su dire si son pouvoir avait la moindre utilité ici à part lui donner le sentiment d'urgence nécessaire.
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Massrur Mustassim
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Sam 1 Mai - 22:50
ft. Hana Sintes
Une Question de Gabarit
Les jambes musclées de son adversaire enserraient son cou en vain, pendant de longues secondes, Massrur se réjouissait de l’issu inévitable de cette passe. Soudain, il ressentit une étrange sensation, c’était l’exact opposé de lorsqu’Ina utilisait sa capacité d’amplification de compétence. Il se sentait faiblir, avait de plus en plus de mal à réguler son propre afflux sanguin et sa vue se troublait, comme recouverte d’un voile flou. Il sentait la chaleur monter, il ne pourrait probablement plus résister très longtemps...
Cependant, l’étranglement durait déjà depuis un certain temps et la combattante ne semblait pas aussi patiente que lui. Elle bascula vers une clef de bras, qu’elle coupla avec une clef de poignet. Si d’habitude le géant aurait préféré dix étranglements à une quelconque clef articulaire, elle l’avait, sans le savoir, libérer à quelques secondes de l’évanouissement. Malheureusement pour lui, il était tombé de Charybde en Scylla et se retrouvait dans une position tout aussi désavantageuse. Non seulement elle travaillait sur deux articulations à la fois mais en plus la force du géant diminuait à vitesse grand V.
*Vu nos états de fatigue c’est probablement notre dernier duel, je dois au moins réussir celui-ci…*, se répétait-il.
Il cherchait une solution mais la montre jouait contre lui et il semblait qu’il devrait déclarer forfait. Au dernier moment une idée lui traversa l’esprit. En pleine possession de ses moyens il n’aurait jamais osé, de peur de lui faire cracher ses poumons, mais avec sa force réduite c’était envisageable.
Il profita de l’inclinaison inhabituelle qu’elle avait fait subir à son poignet pour saisir son gi et il rassembla toutes les forces qui lui restaient pour la soulever. De son bras tendu, il souleva sa partenaire d’une trentaine de centimètre avant de l’abattre au sol dans un bruit sourd. Il n’avait plus assez de force pour que ce soit dangereux pour elle, mais le choc thoracique suffit à lui faire relâcher la pression quelques instants et il en profita pour retirer son bras de l’étreinte féroce d’Hana.
Il se releva difficilement et se dirigeant vers son adversaire toujours à terre, appuya délicatement sur les clavicules de la jeune femme à l’aide de sa gigantesque main en symbole de victoire. Elle était à bout de souffle, tout comme lui, et lorsqu’il essaya de faire lui faire retrouver une respiration régulière, il remarqua qu’il ne pouvait plus activer son don. De plus, en regardant autour de lui il vit que la zone de flou se trouvait uniquement autour d’elle et il comprit que tout était probablement lié aux capacités de la jeune femme. Tout en analysant cela, il se rendit compte que cela faisait un moment qu’il avait la main sur elle. Gêné, il recula immédiatement. Lui-même n’était pas des plus à l’aise avec le contact de la gente féminine et il était surpris de se rendre compte que le stress qu’il avait de ne pas la blesser, lui avait fait oublier ses réticences concernant ledit contact tout au long de l'échange.
***
Au bout d’un moment, ils eurent tous les deux retrouvés un état plus ou moins stable et se trouvèrent en tailleurs l’un en face de l’autre. L’ambiance aurait pu était respectueuse, presque pesante jusqu'à ce que le géant prit les devants: Il la félicita pour sa victoire globale et ne tarit pas d’éloges quant aux capacités de l’athlète qu’il avait en face de lui. S’en était presque embarrassant et il semblait pouvoir continuer ainsi infiniment si personne ne l’arrêtait.
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Mer 5 Mai - 19:27
- ... Qu'est-ce que t'es fort bordel. Merci.
Cela faisait déjà de bien longues secondes qu'Hana et Massrur faisaient une pause plus que nécessaire, et elle venait de mettre fin à la litanie congratulatrice de l'autre par son commentaire. La jeune femme s'était forcée à s'étirer au moins un petit peu avant de complètement se reposer, et si la tâche fut tout sauf une partie de plaisir, et écourtée faute de mieux, la sensation particulièrement forte d'avoir le corps en compote prenait un tournant moins inquiétant.
Leur duel avait duré bien plus de temps qu'elle n'aurait pu le croire, finalement. Le Senseï avait vu juste, il y avait indéniablement quelque chose à apprendre de tout ça, restait à discerner quoi. Et pour qui, surtout.
Les deux ceintures noires se tenaient l'un en face de l'autre, le visage moite et les cheveux collés aux tempes. Finalement leur lutte s'était terminée sur quelque chose de bien étrange et, encore plus insolite, l'espagnole se sentait satisfaite du résultat. À défaut d'avoir tout gagné, elle venait d'apprendre beaucoup plus qu'elle ne l'aurait même espéré. Son ton d'ordinaire franc et direct se faisait presque familier. Avec la redescente de l'adrénaline cependant, certaines interrogations refaisaient surface.
- Hé, Massrur... J'ai une question un peu indiscrète. Et il faut que je t'avoue quelque chose.
En terme d'introduction, Hana faisait rarement mieux. Si jamais le bougre qui paraissait aussi timide qu'il était énorme pouvait ne pas être mis mal à l'aise, nulle doute qu'elle venait de griller une bonne partie de ses fusibles.
- Je sais que certains détestent en parler mais... Enfin, c'est quoi ton pouvoir ? T'es bien bâti et solide, d'accord, mais j'avais l'impression de m'acharner contre un foutu bloc de métal, par moments. Vers la fin j'en suis venue à chercher à entraver ce que tu aurais pu faire par tous les moyens possibles, mais j'ai aucune idée de ce qui a pu se passer en détails.
Après une brève pause, la jeune femme se dit qu'une démonstration de bonne volonté de sa part ne serait pas de trop, si elle voulait obtenir une réponse. Pendant une bonne seconde, elle activa de nouveau son pouvoir, et tendit la main vers Massrur pour qu'il puisse bien le voir.
- Moi c'est ça ma particularité, je peux entraver les autres, pas de très loin ou pendant très longtemps, mais à terme aucun pouvoir ne peut résister au mien s'il y a contact assez prolongé. Est-ce que tu l'as senti ? Qu'est-ce que tu faisais, toi ?
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Massrur Mustassim
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Lun 10 Mai - 16:31
ft. Hana Sintes
Une Question de Gabarit
La même zone floue qu’il avait aperçue plus tôt apparu prestement, se rapprochant de lui, avant de disparaitre à nouveau.
- Moi c'est ça ma particularité, je peux entraver les autres, pas de très loin ou pendant très longtemps, mais à terme aucun pouvoir ne peut résister au mien s'il y a contact assez prolongé. Est-ce que tu l'as senti ? Qu'est-ce que tu faisais, toi ?
- C’est ce que j’avais cru comprendre, dit-il tandis qu’elle joignait une explication à sa démonstration, et si je peux me fier à ce que j’ai senti, t’as entravé plus que mon pouvoir. Je me suis senti faiblir sur tous les tableaux. Concernant ma capacité, je m’en suis rapidement servi lorsque tu m’as étranglé, mais ça à coïncider avec l’activation de ma tienne. Je n'sais pas si tu l’as fait exprès mais le timing était parfait, donc finalement, je n’ai rien fait de plus que ce que tu as vu.
Lorsqu’il eut finit sa phrase, il vit que la combattante restait muette comme si elle attendait autres choses. Il y eut un blanc de quelques secondes avant qu’il ne se rappelle de sa précédente question.
- Ah oui, ma faculté…
Habituellement, la démonstration de sa capacité était le moment parfait pour son "cocktail de sensation". Il était vraiment friand des réactions des autres lorsqu’il le subissait pour la première fois. Cependant, le monde présent dans la salle et le contexte, le dissuada d’opter pour cette solution et il partit sur quelques choses de plus sobre.
Il régula les flux sanguins et respiratoires de sa partenaire pour la calmer, stoppa son processus de sudation, anesthésia légèrement certains endroits stratégiques de son corps qui la faisait souffrir, baissa son niveau de fatigue au minimum, refroidit sa température interne et lui envoya un boost d’énergie venant prendre la place de celle qu’elle avait perdue durant l’exercice. La jeune femme était de nouveau comme neuve, comme si elle n’avait pas combattu un colosse de deux mètres mais simplement sa nièce de dix ans. Et comme si ça ne suffisait pas, il finit par une démonstration un peu plus visible. Il força une contraction musculaire au niveau de la main droite d’Hana qui se retrouva bloqué en position "poing", de telle sorte qui lui était impossible de le rouvrir.
- Je ne sais pas quel est ton niveau en bio, donc pour faire simple, disons que je peux manipuler un certain nombre d’aspect de ton corps comme du mien, dit-il en ayant fait baisser sa voix déjà grave de plusieurs octave.
Puis, reprenant sa voix initiale il continua :
- En ce qui concerne mon corps, il s’est modifié tout seul au fil des années par instinct de survie. Un peu comme quand tu trébuches et que tu ne peux pas t’empêcher de mettre tes mains pour amortir la chute.
Enfin, il relâcha son contrôle sur le poing de son interlocutrice qui était enfin libre de ses mouvements.
- Techniquement, c'est un peu comme si j'étais dopé de partout, mais en cent fois plus exagéré. D'ailleurs, si t'active ta capacité suffisamment longtemps y'a peut être moyen que je devienne une version rachitique de moi même, conclut-il en plaisantant à moitié.
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