Ce soir, c'était repos pour Ayden. Il n'avait nullement l'envie de courir après des tonnes de gosses et comptait bien rester là, assis sur l'une des marches de l'entrée du pensionnat avec une bière à la main. Bière qu'il s'empressa d'ouvrir sur le bord de la première marche derrière lui, à défaut d'un décapsuleur ; il n'était pas du genre à en avoir besoin. Elle était fraîche et les quelques gouttes d'eau ruisselant sur le bord de la bouteille lui dérobaient à présent une parcelle de peau de sa main droite. Il en prit la première gorgée tout en se délectant du pétillement de la boisson légèrement alcoolisée, les yeux rivés sur l'horizon, légèrement plissés, tel un parfait cliché américain. Un rayon de soleil vint ajouter une touche héroïque à son allure assurée.

La classe incontestée renvoyée par la silhouette de notre surveillant se vit perturbée par une malheureuse sonnerie ; celles qu'il hait par-dessus tout en temps de repos. Il fut néanmoins surpris quand il reçut directement le résumé de la notification en question devant ses prunelles émeraudes. Un message d'un numéro inconnu venait prendre place en face de lui, cachant en partie le spectacle qu'il admirait tantôt. Piscine : Grabuge y avait-il écrit face à son visage ; la manifestation de son pouvoir faisait flotter les messages et images devant ses yeux, de la même façon que le feraient des lentilles connectées. Il soupira, mais l'idée d'être tout près du lieu de l'incident lui donnait l'espoir de s'en occuper rapidement et de pouvoir revenir se poser ici tranquillement lorsque ceci serait terminé. Il posa donc sa bière sur le côté de la marche, certain qu'aucune âme n'oserait se risquer à la lui voler ; tout le monde connaissait les endroits fétiches du surveillant de Swish, et beaucoup avaient été témoin de sa fureur suite à une dérobade. Il n'arriverait rien à sa bière.

Il prenait appui sur ses genoux pour se relever paresseusement puis se décida à pousser la porte du pensionnat après un rapide demi-tour sur lui-même. La piscine se trouvant au sous-sol, il lui suffisait de quelques minutes pour s'y rendre ; quelques secondes s'il était très motivé à en finir le plus vite possible.

Étonnamment, il arriva en bas en seulement une quarantaine de secondes et ne traîna pas à trouver le lieu en question. L'absence de bruit dans la piscine en elle-même força Ayden à se diriger vers les douches. Une fois là-bas, une surprise qui en temps normal aurait été plaisante ne l'était pas tellement dans le contexte actuel. Une jeune fille - bien trop jeune pour lui - vint créer une collision contre son torse ferme ; il attrapa ses deux épaules du bout de ses doigts pour la retenir, surpris. C'est alors qu'il releva la tête pour inspecter l'intérieur des douches et y vit un élève à terre, le visage ensanglanté, et un autre en proie à un homme. Il ne comprit pas tout de suite l'importance de l'uniforme et décala doucement la jeune fille sur le côté, sans un regard. Il approcha de l'inconnu, persuadé qu'il était la source du conflit et celui ayant brutalisé ces étudiants.

— HEY ! Toi là, lâche le gamin !

Les sourcils froncés et le poing serré, il fit quelques pas supplémentaires en s'apprêtant à remettre cette brute à sa place ; mais la situation en décida autrement. L'inconnu déposa délicatement l'élève au sol comme demandé et se retourna vers Ayden. Celui-ci écarquilla les yeux tout en levant la tête vers le ciel - il n'avait pas remarqué, en entrant, que l'inconnu faisait le double de sa taille. La bouche d'Ayden se scella instantanément et un air de panique se dessina le long de ses traits prononcés. Les globes à deux doigts de sortir de leurs orbites, il resta planté là quelques secondes, sans voix. Pour la première fois, Ayden fut impressionné par autrui et se transforma en chaton sans défense.

— Doucement King Kong...

Devant l'air impassible de la montagne, il déglutit sous la pression, les yeux plongés dans les iris de son interlocuteur muet ; la terreur se lisait en lui. Il hissa ses deux poings en guise de garde, prêt à se battre s'il le fallait, mais Ayden n'avait pas du tout l'air confiant à cet instant, bien au contraire même. C'est alors que l'étudiant au sol lui conta que l'homme devant lui venait de s'occuper de ses assaillants ; Ayden, dans un soupir de soulagement, baissa sa garde et afficha le plus grand sourire en coin de sa vie, bien heureux de ne pas avoir à se battre contre un colosse tel que lui. Après quelques instants de réflexion et après avoir repris ses esprits, Ayden se décida à changer son expression terrorisée par un air plus sérieux, se donnant une allure déterminée - bien qu'il était toujours très intimidé par la personne en face de lui, il fallait tout de même préserver sa crédibilité. C'est après un raclement de gorge embarrassé qu'il demanda :

— Je suis là maintenant, qu'est-ce qu'il se passe ici ? dit-il dans un ton accusateur à l'attention de toutes les personnes présentes dans la pièce.

Ayden suivait du regard les individus dont le colosse lui parlait, un à un, les sourcils froncés. C’est en posant finalement les yeux sur « celle-là », comme disait le géant, qu’Ayden comprit très rapidement qu’elle tentait de s’enfuir. Et d’après ce qu’il avait entendu, elle n’avait pas les mains vides et n’allait pas s’en tirer ainsi, pas tant qu’Ayden serait dans les parages. Il s’approcha d’elle vivement avant de la saisir par le bras, ce qui la força à se retourner ; la jeune fille était complètement tétanisée.

— Je vais rien te faire tant que tu rends ses affaires au gamin là-bas, tu choisis quoi petite ? lui adressa-t-il avec un air menaçant.

Il aimait particulièrement embarrasser et intimider les jeunes gens de l’académie. Les pouvoirs, c’était quelque chose ; ça leur donnait une perception bien plus vaste du « pouvoir » dans son terme générique, la puissance, l’importance. Les jeunes avaient donc tendance à ne plus voir de limites à leurs actions, et donc à se tourner vers le mal. Ayden l’avait appris à ses dépens tout au long de sa vie et avait combattu ce genre de comportement depuis quelques années maintenant. Il était certes sanguin et très peu sérieux en général mais n’allait jamais laisser passer de tels actes. Fondamentalement bon, le surveillant avait l’allure d’un père protecteur malgré ses tendances à n’en faire qu’à sa tête, quitte à transgresser un million de règles. Il ne faisait de mal à personne, exceptées les personnes qui en faisaient à d’autres.

Il savait comment convaincre les jeunes comme ceux-là.

Il entendait dans son dos le colosse lui avouer que l’un des élèves avait effectivement un don de force ; ce dont il s’était déjà douté en mettant les pieds dans les douches. Un impact comme ça n’était pas possiblement réalisé par un gringalet dans ce genre, il le concevait. Pendant ce temps, la jeune fille baissa la tête et se décida à rendre les affaires de la victime en mains propres, directement dans les paumes d’Ayden. Il lui fit signe de s’éclipser tout en lui annonçant qu’il n’y aurait pas de répercussions suite à sa coopération ; Ayden était comme ça, après tout, toujours à défendre les jeunes délinquants car il ne comprenait que trop bien cette situation. Celle-ci avait décidé de se rendre, elle avait compris la gravité de son acte et, Ayden l’a vu sur son visage, elle n’était pas prête de recommencer. Elle avait dû être embrigadée, emportée par l’autre garçon qui, soudainement, se décida à propulser l’homme aux côtés d’Ayden. Celui-ci finit la tête la première dans la piscine.

Ayden se retourna instantanément en jetant un regard assassin au jeune homme au pouvoir de force. Celui-ci le fixait déjà, certainement avait-il une idée derrière la tête. Mais Ayden n’allait pas se laisser faire, c’était une certitude.

— Quoique tu fasses, tu vas te faire rétamer, gamin. dit-il au délinquant.

Celui-ci s’élança vers Ayden dans un cri désespéré, les mains en avant dans le but de le pousser de la même manière qu’il avait fait à l’homme de ménage. Mais Ayden esquiva d’un pas de côté et saisissa les avant-bras du jeune homme avant de le tirer jusqu’à même le sol et de rabattre ses bras dans son dos ; il exécuta une pression sur ceux-ci, croisés dans le dos du jeune homme, à l’aide de son genou qu’il plaça au milieu. L’étudiant cria de douleur, bien qu’il dût exagérer très certainement, et Ayden lui adressa quelques paroles.

— C’est pas la petite bête qui va manger la grosse, alors calme-toi, tu veux ? Et quand t’es calmé tu iras tout droit en colle, tant que t’y es. Je me ferai un plaisir de te surveiller moi-même, ça te plaît ?

Il lança un regard inquiet dans la direction vers laquelle l’homme avait été propulsé. Ayden fut rassuré lorsqu’il vit celui-ci se sortir indemne - ou du moins en apparence - de la piscine. Il lui adressa un signe de main expliquant qu’il avait les choses sous son contrôle.

Du moins, c’est ce qu’il pensait.
L’étudiant ne fit qu’une simple pichenette du bout des doigts et envoya valser la jambe d’Ayden, celui-ci se retrouva propulsé contre le plafond et se cogna les bras - qu’il avait ramené au-dessus de sa tête par réflexe. C’est ensuite qu’il retomba au sol et s’écrasa sur l’épaule gauche, à terre, aux côtés de l’étudiant violent.

Ayden fut sonné quelques secondes suite à sa chute. Il ruminait doucement tout en essayant de se relever, une fois avoir repris ses esprits. Il eut tout juste le temps d’entrevoir le colosse saisir l’étudiant par les pieds pour le mener jusqu’à la piscine. Ayden laissa retomber sa tête sur le sol, finalement trop faible pour se relever. À ses côtés, la victime avait visiblement perdu connaissance et il ne fallait pas tarder à l’amener à l’infirmerie ; personne n’était à l’abri d’une commotion cérébrale face à une telle force. Ayden resta dans le flou quelques instants encore et c’est au bruit des vagues de la piscine qu’il se força à se mettre debout, toujours légèrement sonné. Il grognait à nouveau puisqu’il devait supporter une vive douleur dans son épaule gauche. Il s’approcha de la porte des douches - bien qu’elle ait été complètement enfoncée par le conflit - et vit l’homme de ménage maltraiter l’étudiant, qu’il avait jeté dans la piscine quelques secondes plus tôt. Les vagues n’étaient autres que sa propre création.

Radical, mais efficace.
Mais quand même un peu trop radical.

Ayden s’avança jusqu’au bord de la piscine. Il regardait le jeune homme se débattre avec le sens de l’eau, lui qui faisait du sur place en tentant désespérément de nager jusqu’au bord. Cependant, celui-ci semblait déjà s’épuiser - la violence de la scène, le stress causé par le fait de ne pas vouloir de répercussions et l’adrénaline lui donnaient un surplus d’émotions qui drainait son énergie plus vite qu’il ne l’aurait pensé. C’est alors qu’Ayden se décide à poser gentiment sa main sur le bras de l’homme à sa droite.

— C’est bon. lui adressa-t-il dans un ton sérieux et un hochement de tête, le regard fixé sur les mouvements de l’élève fauteur de trouble.

Le colosse relâcha son emprise sur celui-ci et Ayden s’accroupit au bord de la piscine, concentré sur l’étudiant qui tentait à présent de s’extirper de cet enfer. Il se hissa difficilement jusqu’au bord, complètement essoufflé et recrachant quelques gorgées d’eau involontaires.

— Recommence, gamin, et tu y retournes. lança Ayden au délinquant. J’vais pas aller te balancer, calme-toi un peu tu veux. Une heure de colle pour la forme ça va pas te tuer. En plus, je mets de la bonne musique. Alors ne sois pas un gros con et reste tranquille. ajouta-t-il dans un ton un peu plus catégorique.

Le jeune homme s’était mis à quatre pattes sur le sol du bord de la piscine, il crachait toujours ses poumons en tentant de reprendre son souffle. Il était hors d’état de nuire. Ayden se releva d’un bond et se décida à s’approcher de celui-ci ; il se tourna vers le géant quelques secondes.

— Vérifie si l’autre respire encore, s’il te plaît. On sait jamais. dit-il soudainement en pointant vaguement du doigt les douches - et donc l’emplacement de la victime.

Arrivé au plus près de celui qui l’avait violenté plus tôt, il approcha une main de celui-ci - qui tenta de le bousculer dans un élan de panique. Ayden esquiva simplement tout en crispant sa bouche - il était persuadé que ce singe n’allait pas se laisser faire si facilement. Il retira sa veste, puis son t-shirt qu’il se mit à tenir de bout en bout pour l’enrouler sur lui-même ; il mit un genou à terre, dans le dos de l’étudiant. Une fois ceci fait, il obtint une espèce de code de fortune, à l’aide de laquelle il s’empressa d’attacher les deux poignets de l’étudiant qu’il venait tout juste de saisir et de ramener dans le dos de celui-ci - il avait profité de sa faiblesse pour agir vite. Il n’y avait plus de place pour la chance, le prochain coup aurait très certainement été poussé à son extrême. Tout en l’attachant, Ayden se mit à lui parler.

— T’aggraves ton cas mon gars, calme-toi. Si tu continues j’vais vraiment m’énerver, et t’as pas envie j’t’assure.

L’étudiant grogna et insulta Ayden - celui-ci était vraiment un danger public, très certainement enragé. Sûrement le contrecoup de son pouvoir, il n’était pas rare de voir des dons de force couplés à des contrecoups de rage dans cette académie. Le jeune homme ne semblait pas spécialement contrôler son pouvoir et au vu de sa manière de l’utiliser, son pouvoir se concentrait dans ses mains. Ses poings liés devraient l’empêcher de tout détruire à nouveau. Du moins, c’était une précaution qu’Ayden se devait de prendre au vu de la situation.

Il se tourna vers les douches et aperçut le colosse du coin de l'œil, à qui il adressa un pouce en l’air et un sourire crispé. Ayden n’avait peut-être pas les meilleures méthodes, mais elles semblaient efficaces.

Ayden se retourna lorsque le géant ramena le blessé dans ses bras jusqu’à sa position. Il avait visiblement besoin d’être emmené à l’infirmerie, comme le disait l’homme de ménage, au vu de ses multiples blessures et de son état inconscient. Ayden afficha une mine inquiète à son sujet et fronça quelque peu les sourcils, préoccupé. Quand le colosse adressa quelques mots à Ayden, celui-ci s’offusqua son avis ; il n’était pas si amoché, fallait pas pousser !

— C’est une blague ? Naaah, c’est rien, je peux le faire répondit Ayden de manière plus ou moins expressive.

Son égo venait une fois de plus d’être bafoué, et il était considéré comme faible dans l’instant présent. Ce qui l’irrita d’autant plus, c’est le fait que celui-ci ne releva même pas ses paroles et qu’il se dirigeait vers un chariot. Ayden haussa un sourcil, curieux de voir ce que le géant préparait. Il était revenu auprès du délinquant avec deux gants et du ruban adhésif, alors le surveillant se contenta d’observer sans dire un mot, il attendait silencieusement que celui-ci finisse son affaire. Mais une chose le fit réagir : l’homme de ménage retira son t-shirt des poignets de l’élève, chose qu’il avait passé un temps fou à faire au préalable.

— Ooooh ! Allez, quoi ! Sérieux ? se plaigna Ayden dans un ton empli de déception.

Il était fier de son noeud, il se sentait un peu plus proche de McGyver après son acte issu d’une intelligence supérieure. Et là, le géant venait tout gâcher. Lorsqu’Ayden capta le sourire de celui qui venait de lui casser son chef d’oeuvre, le surveillant adressa un regard à l’élève qui, étonnamment, avait d’autant plus de mal à se mouvoir depuis le changement de menottes. À cet instant, Ayden exprima un air étonné et une moue convaincue apparut sur son visage. Il pensa alors que celui-ci avait, peut-être, quelques ressources et qu’elles n’étaient pas si gênantes en fin de compte.

— Bon ok accepta finalement le surveillant.

Son rival porta sur son épaule et tel un sac à patate le délinquant en question en demandant à Ayden où il devait l’emmener. D’un air sérieux, Ayden lui répondit qu’il vaudrait mieux l’emmener à la direction pour que ceux-ci s’occupent de calmer l’adrénaline engendrée par son pouvoir, expliquant que celui-ci n’était sûrement pas si méchant mais que son pouvoir avait visiblement pris le dessus sur lui. Une fois l’adrénaline diminuée, celui-ci se verrait transformé en créature bien plus docile et malléable et ils pourraient finalement l’emmener à l’infirmerie, pour vérifier qu’il ne s’est pas blessé involontairement par la force engagée dans ses coups.

Ayden n’était pas quelqu’un de radical. Il était consciencieux et pensait toujours au bien-être des autres avant le sien, malgré les apparences - il avait la logique et l’expérience d’un fauteur de trouble, après tout. Il comprenait ces gens, ceux qui cèdent à la violence au moindre faux pas d’autrui, et se contentait de les protéger comme il le pouvait ou bien de les remettre à leur place quand cela était nécessaire.

— Mais attends, je t’ai vu tout à l’heure, c’est quoi ton pouvoir ? Tu peux pas lui retirer toi-même un peu d’adrénaline, histoire de le soulager un peu ? demanda Ayden.

Le surveillant se baissa pour ramasser le blessé que le colosse venait de déposer à terre. Il le porta dans ses bras telle une princesse et attendit le choix de l’homme de ménage avant d’entreprendre quoi que ce soit.

Le compliment du colosse arracha un grand sourire à Ayden, son égo venait tout juste d’être flatté comme il se doit. Effectivement, Ayden avait compris assez rapidement en quoi consistait le pouvoir du géant, notamment en l’observant durant toutes les démonstrations de celui-ci. Il était habitué à vivre autour de détenteurs et ce depuis l’enfance, c’était un jeu d’enfant pour lui. Il acquiesça quand l’homme de ménage lui proposa de s’en occuper en chemin, fit en sorte de placer l’étudiant sur son épaule de la même manière que lui, par mimétisme certainement, et lui adressa une tape sur l’épaule de sa main libre ; ils se mirent tous deux à marcher en direction de la sortie de la piscine.

— King Kong hein…

— Roh allez, tu ressembles à King Kong ! La même carrure, la même… taille, lui répondit Ayden tout en dirigeant son regard vers le géant - comparé à lui, il était un immeuble. T’es comme un super-héros. Au moins avec une taille comme ça, personne vient te faire chier, continua-t-il.

Ils faisaient perdurer la conversation tandis qu’ils s’avançaient pas à pas vers l’infirmerie. Ils avaient, et ce, sans même s’en rendre compte, tissé un quelconque lien entre eux deux ; Ayden l’aimait bien, il était l’ours auprès duquel on se sentait plus fort, même s’il n’avait pas spécialement besoin d’un protecteur. Le surveillant le trouvait cool, et il lui avoua tout à fait, il n’y avait pas de mal à être honnête. Il lui expliqua qu’il regardait bien évidemment trop de films et qu’il n’avait que des références en bouche tout en riant ; Ayden était un cas, un boomer qui ne jurait que par sa culture geek.

Leur discussion se transforma en multitude de rires et de blagues en tout genre qui rapprocha peu à peu les deux individus. Ayden n’était pas difficile à aimer, après tout, il était assez ouvert d’esprit et surtout, il ne se prenait jamais la tête. Il vivait au jour le jour, ne ressassait jamais vraiment le passé et il ne s’attardait certainement pas sur le futur. C’était un homme simple et amical, comique ; passer du bon temps à ses côtés était la moindre des choses, et ce, pour n’importe qui. Les élèves les regardèrent passer avec deux poids sur leurs épaules respectives et commençaient à paniquer : deux membres du personnel qui s’amusaient en tenant leurs victimes sur leurs épaules, c’était une vision d’horreur pour ceux qui s’y projetaient.

Une fois arrivés à destination, l’infirmière prit le relai et se débrouilla pour remettre les deux jeunes hommes sur pied. Suite à cela, Massrur et Ayden se contentèrent de discuter davantage et durant des heures, car finalement, le courant était plutôt bien passé entre ces deux-là.