Mais comment j’ai bien pu me retrouver là, je n’ai rien à voir dans cette histoire moi qu’on me laisse tranquille. Je veux partir, mais je ne veux pas, ou plutôt, je n’arrive pas à ouvrir la bouche. Il suffirait pourtant de quelques « lalala » pour que je sois hors d’atteinte. Pour l’instant, on n’a pas l’air de faire spécialement attention à moi, alors, je reste le plus discrète possible et je me fais toute petite. J’étais en train de marcher derrière ces trois élèves pris pour cible quand les autres les – nous – ont encerclés. J’essaye de suivre et je comprends qu’on pose à mes comparses d’infortune un ultimatum, ce n’a pas l’air d’être du racket à proprement parler, quoique, ils veulent quand même qu’on paie ou qu’on accepte leurs termes et qu’ils prêtent leur pouvoir à un truc que je n’ai pas entendu. Mais quels termes ? Je suis vraiment à côté de la plaque, j’ai beau être là, je ne comprends rien. Je n’ai vraiment pas de chance. Faudrait-il que j’en parle à un professeur ? Je regarde autour discrètement mais les silhouettes sont bien trop grandes pour que je puisse apercevoir quoique ce soit d’autre que les loubards et les autres victimes.

Je croise malgré moi le regard d’un loubard en cherchant une sortie, celui-ci me dévisage. Il doit se demander qui je suis et ce que je fous là. Je le vois tendre son bras vers moi et je recule par réflexe. Il m’attrape le bras et le ton monte et je me sens stressée. Il me demande qui je suis et ce que je fous là mais à cet instant, j’aimerais le savoir moi-même. Je ne réponds pas. De plus en plus, j’ai l’impression que la bagarre est inévitable et je ressens le besoin impérieux de fuir. Mais je suis une souris entre les pattes d’un chat. Une voix autoritaire s’immisce jusqu’à moi. Je ne la vois pas mais je crois à un salut.

Je vois de l’interrogation et du mépris dans le regard de mon assaillant en découvrant qu’on le laissera plus en paix. Je ne sais pas encore à qui appartenait cette voix, mais je l’admire déjà. Je sais qu’à sa place, je serais juste partie dans ma chambre le plus vite possible pour éviter toute embrouille. Pendant que les débiles s’interrogent encore ce qu’il convient de faire de cette interruption, une seconde voix, plus grave cette fois, vient appuyer l’autorité de la seconde. La pression sur mon poignet se fait plus intense, j’imagine qu’il réfléchit.

Entre les trois groupes, le temps et comme suspendu et tout le monde se regarde en chien de faïence. J’imagine, qu’il va falloir attendre pour retrouver sa liberté.
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