Les doigts fins de l'étudiante tapotent mollement le bois de la table face à laquelle elle est installée, ses yeux bleus scrutent vaguement l'horloge de son téléphone alors que son autre main se pose mollement contre le verre de jus de pomme à peine entamé qu'elle garde près d'elle. Un soupir au semblant désabusé s'échappe de ses lippes. Ça lui apprendra à vouloir prendre du temps pour des camarades qui eux n'en ont finalement pas. Du temps qui en somme aurait pu être mieux employé. Car présentement elle ne faisait rien d'autre qu'attendre. Elle regrette de ne pas avoir prit son cartable. Au moins elle aurait pu travailler un peu sous les rires gras et les raclements de pieds de chaise. Sans parler de l'odeur de bière. Un véritable désastre sous tous les angles.

A sa gauche un vieil homme qui buvait comme s'il avait envie de faire l'amour à son verre de gin tonic, il s'adresse au pianiste qui vient tous les samedis, il lui demande une chanson, quelque chose qu'il écoutait plus jeune apparemment. Légèrement curieuse, elle tend l'oreille, capte quelques plaisanteries du barman qui annonce en riant bien fort que s'il avait de quoi partir il serait sûrement devenu acteur. Sur une autre table deux autres personnes discutent encore. La serveuse et un homme d'affaire discutent politique comme si ça avait ici un réel intérêt. Et doucement les notes raisonnent.

Nouveau soupir. Le bar est bien plein, comme tous les samedi. Comme tous les samedis, elle ne comprend pas vraiment ce besoin que les gens ont de se retrouver ici pour se détendre derrière un verre d'alcool. Il existe bien d'autres moyens. Cependant, elle ne peut nier que les mélodies du pianiste semblent avoir un effet certain sur les coeurs des pauvres hères qui viennent se perdre ici. Même les plus ivres semblent bien calmes, comme apaisés par les notes qui s'envolent du vieil instrument. Un nouveau soupir lui échappe alors qu'elle vient coiner sa paille entre ses lèvres, ses yeux rivés sur le liquide ambré. Elle n'avait plus qu'à terminer son verre et rentrer au pensionnat.

@Dorian Greyback