Les trucs trop intenses et profonds, les plans prise de tête et de cul, non merci pour Jillian. Cela valait aussi pour les soirées poker avec les vide-poches comme Hiroto et Dorian. Il aurait peut-être dû juste faire semblant de dormir comme Eliott ou faire ses devoirs - très peu convaincant, certes. Pour échapper à une soirée de misère, rien ne vaut de faire le mur à pas d'heure, en s'échappant par la fenêtre. Un incontournable de Jillian. Pour cela, merci au pouvoir.
Perché sur le rebord de la fenêtre, il sifflait. Un son cristallin s'échappait de sa bouche et à mesure que se prononçait la mélodie sifflante, son corps se désintégrait en fumée. Il disparut, se laissa porter par le vent. Il atterrit un peu plus bas et plus loin, avant de se rematérialiser aussitôt. Aucun de ses colocs ne pouvait le suivre ou le tracer. Discret, rapide et efficace comme tout. Enfin, lorsqu'on a une tête pour penser aux conséquences d'après ! Jillian était parti sans ses clefs, sans sa carte, sans son portable. Gé-ni-al. Il n'avait pas aucun moyen de retourner dans la chambre, il ne lui restait simplement que les moyens chiants et peu orthodoxes. Passer par les bouches d'aération notamment (et bien plus encore, qu'il nous sera toutefois interdit de citer dans ce bas monde).
Au diable, le tracas. Jillian n'en avait rien à ficher. Il se promena en pleine nuit dans le campus et infiltra la cafétéria déserte, à la recherche de quoi casser la croûte, toujours à l'aide de son pouvoir. C'était pour ce genre de projet qu'il excellait. S'infiltrer, se cacher, entre autres. Tout ce qui était dans l'ombre épousait parfaitement ses aptitudes. Nul besoin d'être un génie pour le savoir et vouloir en tirer le meilleur, le pire. Il ne craignait pas d'être repéré par les caméras, s'il y en avait, il n'avait surtout pas envie de croiser un agent de sécurité, un pion ou quelconque gêneur de la sorte.
À la cafét, il fut déçu de ne rien trouver, à part ce distributeur dont il ne pouvait rien tirer. Mains dans les poches, il se tenait devant, le regard placide, faisant une petite moue de déconvenue. Et maintenant ? Une seule envie le démangeait.
Éclairé par la nitescence de la Lune, dans un souffle invisible, le Maître Nocturne s’apprêtait à prendre possession des lieux. Muni de son voile imperceptible, il glissait de pièces en pièces, envahissant les couloirs. Sur son passage, même les âmes les plus turbulentes cessaient toute agitation et respectueusement, elles se pliaient au règne du Silence qui, nuit après nuit, plongeait l’établissement dans un état de stase.
Immergée dans la pénombre, bercée par l’accalmie de la nuit, un soudain frisson prit naissance dans ta nuque et parcourut ton échine. L’éclat métallique que tu faisais danser entre tes phalanges arrêta son habile voltige. En l’espace de quelques jours, c’était la seconde fois que des mots, aussi clairs qu’un chant de source, résonnaient dans ton esprit.
« Ta cible est isolée, va immédiatement à sa rencontre et n’oublie pas d’emporter avec toi, ce petit trésor que tu as trouvé, il y a quelques jours. Prends garde car il s’avère que Jillian est aussi volatile que les fumigènes qu’il contrôle et matérialise… »
Animée d’une obéissance digne de celle d’un loyal soldat, tu quittas le confort de ton fauteuil afin de te mettre promptement en mouvement. Sans qu’un mot supplémentaire ne soit prononcé, tu clipsais une sacoche sur ton buste, et tout en cachant la clé dans la poche arrière de ton pantalon, tu glissais tes pieds dans des chaussures aux selles souples. Furtivement, tu fermas la porte de ta chambre et te lançait dans cette mission qui t’avait été confiée.
Aux aguets, tu te dérobais à la torpeur qui embrumait ton esprit habituellement. En éveil, tu te laissais guider par tes sens, tu guettais la moindre silhouette et même le plus discret bruissement n’échappait à ton attention. Tu étais bien obligée d’admettre que tu prenais plaisir à traquer l’individu qu’il te fallait intercepter.
Alors que tu traversais un des couloirs de la bâtisse, tu t’arrêtas net après avoir adressé un rapide coup d’œil au travers de l’une des vitres. Les yeux plissés, une moue impatience naquit aux coins de tes lèvres. Tu l’avais trouvé. Cependant, il s’agissait désormais de le rejoindre et contrairement à cet heureux élu qui se trouvait en contrebas, tu n’étais en mesure de te dématérialiser. Tu mis donc à profit l’une de tes qualité première et après une brève réflexion et analyse de la situation, tu t’élançais avec hâte en direction de l’endroit où ses pas devraient le mener.
Foulée après foulées, tu te rapprochais du lieu de rencontre avec ta cible, une fois devant la porte de la cafétaria, tu insérais la clé dans le verrou afin de t’infiltrer discrètement à l’intérieur avant de refermer cette porte à clé, par précaution.
En te fondant dans l’obscurité, tu n’avais plus qu’à attendre que le principal concerné daigne à apparaître. Tel un animal de proie, tu restas silencieusement terrée, prenant le temps d’observer ta cible qui était apparue dans la salle.
— P*tain, j'ai envie d'clopes...
C’était l’heure. Ton gloussement brisa la solitude du jeune homme et signalant ta présence par la même occasion, tu émergeas des ombres et fit quelques pas en sa direction.
« Et ce n’est clairement pas l’endroit pour apaiser cette envie », après ces narquoise paroles, tes iris placides dévisageaient le jeune étudiant. Le bruit de la fermeture à glissière de ta sacoche résonna dans la pièce dépeuplée et ta main s’y glissa pour en sortir un étui contenant de quoi apaiser l’envie tabagique de Jillian.
Un sourire froid aux lèvres, tu le prévins, « Attrape ! », avant de lancer précautionneusement mais avec précision le petit objet en sa direction.
ally for arty
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En perdition — Classe X ♦
Sam 24 Avr - 16:06
Jillian laissait tomber sa tête sur le côté, le regard fuyant, les épaules basses. Il avait encore toute la nuit pour tuer son ennui. Soudain... un gloussement surgit depuis l'obscurité. Il traîna ses yeux jusqu'à ce bruit, cette voix, cette personne. Jillian n'était pas inquiété.
Contre toute attente, on lui jeta un objet, qu'il réceptionna. Ce type d'étui lui était familier. Jillian baissa les yeux dessus puis il l'ouvrit. Il poussa un petit soupir en y découvrant l'objet de tous ses désirs ! Mordillant sa lèvre inférieure, il se retint de l'emboucher sur-le-champ. Il releva les yeux vers la mystérieuse présence.
— C'est Noël ce soir ? Ce n'était pas comme s'il allait refuser ce présent. Il attrapa la cigarette doucement, la retira de l'étui. Jillian avait toujours un briquet sur lui. Le genre de briquet tout pourri, bien usé, en disant long sur l'usage fréquent qui en était fait. Il alluma sa cigarette sans se soucier de l'endroit où il se trouvait. Espace non fumeur, intérieur ou extérieur, rien à ficher.
Il tira une immense satisfaction de sa clope, et tira longuement par ailleurs. Recrachant sa fumée par la bouche, il échappa un long souffle grisé. Sa tête basculait légèrement en arrière. Son visage parut plus tranquille.
Ton regard inquisiteur se promenait sur cette silhouette qui n’avait l’air nullement étonnée ou inquiétée par ton apparition. Cette absence de trouble n’était pas le résultat que tu avais escompté.
Comme s’il avait accepté ta présence, le nonchalant personnage sortit une cigarette de l'étui. Il semblait presque que, le fait que tu sois là, ne lui importait que peu, voire pas du tout.
Ce comportement était intriguant.
Tiraillée, tu étais plongée dans un mutisme, une réflexion momentanée. Tu étais tentée de céder à la solution qui, à tes yeux, te paraissait la plus logique. La solution la plus efficace. Celle qui exigerait de toi, le moins d’effort et accessoirement le moins d’implication. Car tel avait été le désir de Phoebe et c’était là, un souhait que comptait respecter.
Le bout des doigts posé sur ta précieuse sacoche, tes yeux cherchaient déjà, l’accès le plus aisé pour d’atteindre la nuque de l’étudiant.
Les secondes s’écoulaient et une flamme jaillit du briquet.
Une moue grandissante aux bouts des lèvres, tu fis un pas. Les explications. Les discussions. Tous ces débats n’étaient que formalités, des dictats qui ne te seyaient pas. Il te tardait de voir s’il conserverait sa placide expression lorsque, sans sommation aucune, tu implanteras la puce sous sa peau pâle.
Le jeune homme inspira la fumée de tabac et un changement sur son visage s’opéra.
Face à cela, la cadence des rouages qui tournaient et retournaient dans ta boîte crânienne, s’accéléra. Décidant d’une voie alternative pour arriver à tes fins, tu ne t’arrêtas pourtant pas.
Le flegme collé à la peau, ta main se tendit vers l’étui et sans en reprendre possession, tu tiras une cigarette de son antre de métal, la portant à ta bouche, tu te penchas. Ton index se glissait sous la cigarette allumée de la futur recrue. Le bout de celle qui était captive entre tes lèvres toucha celle qui était prisonnière des doigts de Jillian.
Yeux dans les yeux, bout contre bout, d'une inspiration tu embrasas la tige remplie de tabac, avant de lentement te redresser, faisant un pas en arrière.
Chanceux était cet innocent à qui tu avais, in extremis, décidé d’accorder le droit d’en savoir plus avant de prononcer son choix.
Après tout, il n’était pas toujours bon de forcer et tu pouvais bien te montrer obéissante, pour cette fois.
Tu expiras la fumée avant de te décider à enfin parler, commentant son affirmation.
« N’est-ce-pas… »
Un gloussement s’échappa de ta glotte et tu inspiras une nouvelle fois, le regard posé sur lui, tu l’interrogeas.
« Dis-moi, Jillian, sais-tu quel est le comble pour quelqu’un qui peut devenir fumée et pour qui, en théorie, il n’existe pas d’obstacle qui soit infranchissable, pour qui, le moindre murmure, la moindre rumeur devrait être à portée de main ? », un silence s’imposa mais tu ne lui laissas l’occasion d’ajouter quoi que ce soit, « Le comble pour une telle personne c’est d’être tenu à l’écart, d’être dans l’ignorance la plus totale… Ne penses-tu pas ? », une étincelle narquoise dans le regard, tu laissais ta cigarette se consumer, « Supposons qu’il existe, entre ces murs, une organisation qui, loin de tous les regards, même les plus… volatiles, rassemblerait ses forces afin de se préparer pour une lutte, un dangereux combat et que cette même organisation serait intéressée par ta personne ainsi que par ton pouvoir… »
Ta cigarette s'était dirigée vers lui, comme pour ponctuer tes mots et un froid sourire ornait tes lèvres.
« Alors, dis-moi Jillian, si tu avais la possibilité d’avoir accès aux vérités cachées derrière toutes ces rumeurs qui t’échappent, si l’on te proposait de rejoindre cette lutte, serais-tu prêt à devenir un soldat de cette nouvelle armée ? »
ally for arty
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En perdition — Classe X ♦
Ven 28 Mai - 23:20
Désormais que ses sens s'enfumaient dans l'amas grisé, Jillian se sentait partir, il occultait tout le reste. Dans ces secondes où il oubliait ce qui l'entourait, jusqu'à sa propre existence, il laissa sa garde baissée. Volontairement. La figure énigmatique s'approcha de lui, déroba une cigarette puis l'alluma à même la sienne. Jillian ouvrit un œil, bien qu'inexpressif, adressant quelque regard impénétrable. Cette nana aussi en avait un, de ces regards. Elle ne lui inspirait pas confiance. L'odeur du tabac embaumait les alentours, pourtant. Il écouta distraitement des paroles étranges. Cela démarrait pas une sorte de début d'énigme et terminait par de la rhétorique. Jillian se tut. Il consuma sa clope sans demander son reste, sans cogiter sur le blabla lui étant servi. Il coinça la cigarette entre ses doigts afin de la retirer de ses lèvres sèches. Une soufflée de fumée s'y échappa. Un soupir s'y mêlant... long, las, pensif.
— Où tu veux en venir ? J'suis un peu con, en fait.
Il la zyeuta d'un regard toujours plus éteint. Il arrivait à la fin de sa clope. Et merde. En y réfléchissant davantage, en retournant tous ces mots, Jillian percutait à peine. Son esprit démotivé ne lui permettait pas. Il n'avait pas suffisamment envie de savoir ce qui se trouvait au fond de cette invitation.
— J'y gagne quoi de toute façon ? Le savoir, tout ça, c'pas plus matériel que d'la fumée. Pas plus que moi. Qu'est-ce que ça peut bien m'foutre ?
La lueur dans ses yeux sembla revenir doucement. Il crapota légèrement, toussa quelque peu.
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