J'arrive d'une minute à l'autre. Derrière toi. Ou devant. Ou en HAUT. Le suspens est à son comble, pas vrai Medechou ? ◕_◕
La jeune femme envoya son message avec un petit sourire mutin aux lippes. Elle forma un poing avec sa main droite pour le glisser devant sa bouche, retenant un pseudo rire machiavélique. Elle était d'une humeur rayonnante aujourd'hui. Pour la simple et bonne raison qu'elle sortait en ville avec Medea, ce serait donc forcément fabuleux puisque la simple présence de son amie suffisait pour la rendre joyeuse. Cette joie signifiait inéluctablement que Shiori était plus taquine qu'à l'accoutumée, prête à amuser Medea afin de la détendre et lui faire passer une excellente journée en sa présence. Après tout, son amie était au moins deux fois plus impliquée qu'elle dans le travail - et pourtant dieu seul savait à quel point Shiori l'était -, il fallait absolument la sortir.
Rangeant son portable dans son sac à main sombre, elle s'étira un peu. Ses prunelles émeraude croisèrent son reflet dans la vitrine d'une boutique et elle s'admira brièvement, le sourire aux lèvres. Pour l'occasion, elle avait troqué ses tenues de sport ou ses vêtements plus simples contre une élégante longue robe d'un vert sombre aux manches courtes qui dévoilait ses tatouages aux bras. Elle épousait joliment bien ses formes. Des bottines à talon afin de la rehausser de quelques centimètres, un collier à perles brillantes, des grosses bagues dorées aux doigts, un maquillage léger et des lunettes de soleil sur le nez. Shiori était fin prête pour conquérir le centre-ville en compagnie de l'infirmière.
Elles s'étaient donné rendez-vous sur la grande place afin de se retrouver plus aisément. Shiori avait eu du retard à cause de Jiji, ce satané perroquet qui avait décidé de piquer une crise juste avant son départ. Fort heureusement, elle s'était grandement dépêchée afin de ne pas faire attendre Medea davantage, l'apercevant d'ailleurs d'où elle se trouvait. Elle releva lentement ses lunettes de soleil, approchant par-derrière avec discrétion, retenant même son souffle pour tenter de ne pas se faire repérer. Elle commença à tendre sa main vers l'épaule de la jeune femme, posant le bout de ses doigts dessus.
« Quelle chevelure incroyable, ma gente dame ! Seriez-vous une sirène ? »
Fit-elle en tentant de prendre une voix plus guttural avant de se mettre à rire, amusée par ses propres bêtises.
« Tu avais deviné ? »
Demanda t-elle avec une moue presque digne d'une enfant qui espérait que son petit manège avait fonctionné. Elle écarta alors ses bras pour un câlin, un grand sourir au visage qui découvrait ses dents blanches.
Je regardai autour de moi, l’air d’un chaton perdu accroché au visage. Le message que Shiori venait de m’envoyer ne me disait rien qui vaille. Avec elle, je pouvais m’attendre au pire... Sans doute aurais-je dû troquer mes bottines en cuir contre des baskets pour l’occasion, pour compter sur le gain d’équilibre des semelles plates à l’instar de mes talons hauts – l'idée ne m’avait pas traversé l’esprit, lorsque je me préparais tantôt. De plus, j’étais incertaine quant au fait d’en posséder une paire.
Je fis la moue, de manière imperceptible, les sourcils délicatement froncés et la joue légèrement gonflée. Allait-elle réellement parvenir à me surprendre ? Au-delà de cette surprise, j’avais surtout peur que ma maladresse ne choisisse cet instant précis pour faire une petite démonstration. Honnêtement, je m’en passai volontiers.
Après un soupir de dépit, je cessai de m’inquiéter sur le sujet. Il était relativement triste de craindre l’arrivée d’une amie, en particulier lorsqu’elle était aussi précieuse, en plus d’être l’une des seules. À la place, je m’interrogeai sur les plans pour la journée ; je n’étais que très peu habituée à sortir, d’autant plus si c’était pour de la détente pure. Il n’y avait que Shiori pour réussir à m’extirper de mon antre. Plus précisément, il n’y avait qu’en sa compagnie que je parvenais à me détendre véritablement.
Alors que je commençai tout juste à me perdre dans mes pensées, je sentis soudain des doigts effleurer mon épaule, m’arrachant aussitôt un sursaut. Malgré le ton étrange qu’elle employa ensuite, l’affolement de mon cœur se calma en reconnaissant mon amie et je soupirai doucement de soulagement – ainsi qu’un peu d’exaspération, de celle qui est hélas amusée. Je secouai un peu la tête face à ses enfantillages, mais ne lui refusai pas l’étreinte qu’elle quémandait. La serrant contre moi, j’esquissai un sourire de joie, de la revoir ainsi qu’en prévision à la journée qui nous attendait.
« Tu m’as bien eue, je l’admets... » Répondis-je alors que je me détachai d’elle pour l’observer convenablement, lui offrant un sourire timide. « Ça me fait plaisir de te voir. »
Je n’étais pas très friande du contact physique, probablement par manque d’habitude, cela ne m’empêchait pas de toujours apprécier les câlins de Shiori. Cependant, sa remarque supposément comique sur mes cheveux me fit me questionner à leur sujet ; je pris une mèche entre mes doigts, jaugeant du regard leur longueur tandis qu’une petite moue s’installait à nouveau sur mon visage.
« On me fait souvent la remarque que mes cheveux sont trop longs... Est-ce que tu penses que je devrais les couper ? » Lui demandai-je, empruntant les traits à un chaton. J’admirai beaucoup la force de cette jeune femme, de ce fait son avis m’importait beaucoup. Si l’on me disait que j’avais actuellement des étoiles dans les yeux, ça ne m’étonnerait pas vraiment. D’ailleurs...
« Oh, ta tenue est très jolie, » fis-je remarquer en clignant des yeux. Contrairement à la japonaise, je n’enfilerai jamais de robe, mais je comprenais l’attrait du vêtement. Je préférais le confort de mon pantalon, à taille haute, serré sur mes jambes.
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