Le teint frais, un sourire idiot aux lèvre et les jambes agitées, tu y repenses sans cesse.
Cette nouvelle t’avait procuré une joie immense dont tu es incapable de camoufler : Nate allait probablement te rejoindre en C, multipliant ainsi ces moments passés en sa compagnie. Peu de chose te ferait autant plaisir.

La grande majorité de tes camarades s’en sont allés depuis plus de dix minutes déjà, mais te voilà toujours assise sur cette même chaise, rêvassant encore et ce depuis les débuts du cours. C’est tout en te projetant dans cet avenir éblouissant que tu ignores les nombreuses convocations orales du professeur qui -à bout de nerf- terminera par asséner un violent coup sur son bureau. Coup qui t’a valu de retrouver tes esprits en un instant suite à un brusque sursaut.

Je m’en vais tout de suite, désolée Monsieur. En un geste rapide, tu enfiles ton sac en bandoulière sur l’épaule en te redressant.
Non, j’ai quelque chose à t’annoncer. Approche.

Là c’est plus qu’évident, tu vas passer un sale quart d’heure. Même une idiote comme toi le comprend immédiatement. L'ascenseur émotionnel que ce professeur te propose a raison de ta bonne humeur.
Tu risques de rejoindre la classe D si tes notes restent au même niveau, niveau assez médiocre pour quelqu’un comme toi qui plus est.
Cette annonce, qui retentit davantage comme une menace dans ta cervelle, a donc terminé par te pousser à prendre de nouvelles résolutions. Plus sérieuses cette fois. L’initiative de prendre ces cours de soutien t’était parvenu de ce même professeur qui malgré sa mauvaise nouvelle, avait eu ton cas en pitié. Il t’est donc nécessaire de sortir tes projets mécaniques de la tête, ne serait-ce que durant quelques cours intensifs. Ce sera probablement difficile pour toi, mais tu n’as plus le choix désormais.


Finalement tu t’y rends aujourd’hui, à ces cours de soutien et ce après avoir passé des jours à mettre de l’ordre dans tes cahiers de cours où se trouvent quelques notes prises lors de rares moments de concentration. Mais la prise de note reste assez simple, pour ce qui est de la compréhension c’est une autre histoire. C’est donc toute pimpante et animée par une détermination inébranlable que tu t’installes dans cette salle de classe trop vide à ton goût. Ce n’est peut-être pas le bon jour, t’as encore dû te foirer quelque part. Mais bon, tu n’as rien à perdre si ce n’est du temps que tu ne pourrais utiliser à bon escient, alors tu restes là, les coudes sur ton bureau et les doigts entrelacés les uns aux autres.

La porte finit par s’ouvrir pour laisser entrer ton nouveau professeur particulier. Ou un étudiant dans une situation semblable à toi, tu n’en sais trop rien finalement, tout ce que tu sais c’est que tu as déjà croisé cette charmante demoiselle.

Oh, coucou Artesia. Qu’est-ce que tu fais là ?

C’est sûrement l’une des rares fois où vous vous rencontrez en dehors de l’infirmerie. Les yeux grands ouverts comme des soucoupes, tu fixes son visage en attendant de savoir la raison de sa venue. Artesia n’a pas l’air d’avoir besoin de cours de soutien, à moins que les cours de A soient aussi difficiles qu’ils le disent. ça aussi tu l’ignores.