Transférer ta conscience dans un monde virtuel ? répète Nate à voix basse, bouche-bée. Il savait bien sûr que c’était quelque chose du genre, mais de là à ce que ça soit aussi stylé restait bien loin de ce qu’il s’imaginait. Le mot nouveau le fait tiquer, il fronce les sourcils d’un air agacé. Alors que Nate fait une rotation dans le but de rembarrer monsieur-grandes-échasses, celui-ci lui tourne le dos, l’ignorant complètement lors de la venue de la troisième coéquipière, une blonde aux allures douce et sociable. « Le blondinet » ? répète-t-il avec d’autant plus d’agacement.

Nate prend une grande inspiration pour se calmer et décide de laisser couler. Alors qu’il l’interpelle, lui affirmant qu’il connaît le fonctionnement du Dolphin, Nate le suit bien sagement. « C’est ça, montre-moi… » murmure-t-il dans sa barbe inexistante. Une fois les explications terminées, Nate prend place et écoute les instructions de l’organisateur. L’objectif ne doit pas être perdu de vue : la bouffe, la bouffe, puis la bouffe. On ne peut pas s’en écarter maintenant.

Nate cligne des yeux.
À présent, une forêt.

Il se retourne sur lui-même plusieurs fois, étourdi et dépaysé. Derrière lui, un immense building. Il se sent tout à coup moins retenu, comme s’il ne faisait plus vraiment d’effort pour se tenir debout. L’odeur de l’humidité des arbres feuillus et de la terre lui parvient, une légère brise lui caresse la nuque.

Un plan. Effectivement, ce serait une bonne idée.

— Je crée des portails pour me téléporter. Enfin, j’essaie. Et vous deux ?

Nate se tourne vers la plus silencieuse des deux, c’est également la plus agréable. Pas que ce “Karna” semble effronté, mais Nate est un peu rancunier. Le stress le rend susceptible. Il décide de laisser son ressenti de côté et de les écouter lui répondre.

Du sang solidifié, une éradication de lumière et des portails. Une idée lui vient. Nate compte miser le tout sur son talent de ruse et son agilité. Cependant, son cerveau est également requis dans ce contexte. Il se décide à l’utiliser pour quelques secondes.

— Je pense pas que prévoir un plan maintenant soit nécessaire. Connaître leurs pouvoirs devient notre priorité, je propose d’attendre, on évite de s’épuiser trop vite. Ensuite, je nous déplace et on en reparle. Mais je préviens, on n’est pas sûrs d’atterrir tranquillement. Mh ?

C’en est trop. Son cerveau disjoncte. Son moment de gloire est terminé. Il doit se reposer quelques minutes avant de trouver une nouvelle idée de génie.

Nate observe le grand brun alors qu’il s’apprête à étaler son incroyable plan sur le tapis. Il se coupe net dans son élan, perturbé par quelque chose d’imperceptible. Sans prévenir, il approche ses pouces, habillés de bagues suspectes, de ses avant-bras. D’un geste, il se taille quelques veines et laisse paraître une horrifique coulée de sang le long de ses membres. Nate écarquille les yeux puis hurle, par réflexe.

— MAIS T’ES MALADE EN FAIT.

Deux lames apparaissent le long des poignets du déglingué mental. Nate n’en croit pas ses yeux, pensant que ce pouvoir doit vraiment être fait pour les sadomasochistes complètement déjantés et assoiffés de vengeance. Mais le plan est clair. Fuir, sans oublier qu’à présent chacun de leurs adversaires est persuadé que le pouvoir du blond consiste à ruser l’ennemi par le biais de mirages. Il s’élance vers Lux et lui tend la main.

— L’autre fumeur de moquette a raison, suis-moi, on doit amener le drapeau jusqu’au bâtiment. lui adresse-t-il d’un ton doux et rassurant, prenant soin de parler assez faiblement pour éviter toute oreille indiscrète.

Ils partent. D’autres ennemis se cachent sûrement quelque part ici, non loin des deux protagonistes. Ils sont en danger, et le savent. Prudence et discrétion sont de mise à partir de cet instant. Ils balayent les hautes herbes de leurs jambes sans même s’en soucier, courant à pleine vitesse. Lux tenant le drapeau, Nate prête une attention particulière à celle-ci. Si quelqu’un doit tomber, ce doit être lui. Elle est l’image du plus grand espoir, la lumière après le tunnel. C’est elle, la plus précieuse.

L’entrée du bâtiment se dessine de plus en plus distinctement devant eux. La dernière ligne droite, l’obstacle final. Il est certain qu’au moins l’un d’eux projette de les intercepter à ce niveau. Nate assure du regard toute la périphérie du building avant de poser sa main dans le dos de sa coéquipière. Il appuie légèrement, lui indiquant le feu vert pour avancer. Couvrant ses arrières, il reste sur ses gardes. Ils avancent tous deux, se rapprochant davantage de l’entrée du building. Nate ne doit créer aucun portail, l’ennemi ne doit pas comprendre le réel principe de son pouvoir, pas maintenant.
Un rire se fait entendre, venant du toit.

Nate précipite son regard vers le ciel. Ses prunelles ont à peine le temps de se poser qu’une violente onde de choc sépare les deux compagnons. Lux, projetée vers l’avant, se retrouve jetée à l’intérieur du bâtiment. Elle retombe avec force dans un bruit sourd, écrasée par le souffle de l’explosion. Une explosion, c’était tout comme. Nate, traîné sur le sol par ce même souffle, se trouve écorché sur toute la longueur de ses bras et de sa joue gauche, sur laquelle il est appuyé lors de la projection. Son jean, au niveau de son genou gauche, est complètement décousu et souillé de boue. Ses paumes saignent à n’en plus finir, et, lorsque le calvaire est terminé, le voilà qui se rouvre les yeux pour observer un homme debout, face à lui. Intact, comme s’il n’avait pas vécu la scène.

Nate jette un regard inquiet vers Lux, qui lui semble être plus désorientée que grièvement blessée. Celle-ci est consciente de sa mission, elle ne se laissera pas faire pour si peu. Nate place son entière confiance en elle, et lui fait signe d’avancer. Soulagé à la vue de la blonde continuant son chemin, il se relève dans un hurlement de douleur : son tibia semble plutôt bien touché. Il ne comprend pas tout de suite ce qui vient de se passer. Le rire venait d’en haut, l’onde de choc, qui avait déblayé Lux et lui-même, semblait avoir été instantanée. Il prête à présent attention aux chaussures de l’ennemi : de grandes bottes montantes aux allures mécaniques, solidifiées et soutenues par un dispositif dont il ne connaît pas l’utilité.

— C’est quoi ça ? T’es un cyborg, c’est ça ? lui lance le blond.

Aucune réponse. Nate ne peut pas courir. Il ne peut ni fuir, ni l’affronter, trop frêle pour lancer un quelconque assaut. Le sentiment d’être inutile lui parcourt le corps. Une image lui vient en tête : cet immense buffet, rempli de bonnes choses. Mais là, il n’est plus seulement question de nourriture. Il est également question de fierté. Cela double l’importance de ce duel.

Nate ne perdra pas. Pas cette fois. Pas contre lui.

— Bah alors, t’es muet ? Si tu parles pas, bats-toi ! lui adresse Nate d’un ton provocateur. Pourquoi j’ai dit ça, moi ? J’ai du chamallow à la place des bras.

L’inconnu plie les genoux, puis bondit si haut que Nate n’est même plus capable de le suivre du regard. Il lance un « et merde » avant de se mettre à courir, forçant violemment sur son tibia endommagé. Il se dirige vers l’arbre le plus proche, dans l’espoir de pouvoir se protéger.

L’adversaire retombe dans un bruit d’explosion, tout près de la cachette du blond. L’onde de choc se propage jusqu’à Nate, elle reste cependant supportable cette fois-ci et ne l’affecte que très peu. Il colle son dos à l’arbre qui le protège et se sert de celui-ci comme appui pour se tourner du côté gauche, jetant un œil un peu plus loin, prenant l’information sur la position du ressort sur pattes. « Un pouvoir de saut amélioré… Et un dispositif d’atténuation des dommages causés sur ses os. Il doit être capable de résister plus ou moins à la chute, en plus de pouvoir sauter plus haut que tout le monde. »

S’il entre dans le bâtiment, celui-ci se retrouvera bloqué. Sauf s’il peut résister à n’importe quel choc, dans ce cas, il détruira tout sur son passage. La forêt permettrait de le déstabiliser, mais c’est bien trop dangereux, avec l’autre poilu aux huit pattes… Nate retient son souffle, dans l’espoir que le chasseur ait perdu sa proie.

Une idée. Peut-être que Nate n’a même pas besoin de fuir.
Ayant baissé sa garde un instant, Nate ne remarque pas tout de suite la présence de son adversaire alors que celui-ci s’approche dangereusement de son dos. Le bruit d’une brindille brisée attire son attention et, se retournant, il reçoit un violent coup de mollet dans le torse. Mollet qui, bien sûr, était équipé d’un dispositif en métal blindé. Le coup porté à Nate le plaque instantanément contre le tronc de l’arbre sur lequel il s’appuyait précédemment. Sa tête cogne brutalement le tronc. Une douleur intense se propage à la fois dans sa poitrine, son crâne et sur le haut de sa colonne vertébrale. Il hurle, crachant un filet de sang dans la foulée.

— J’ai déjà eu le bon ? T’as pas eu le temps de faire ton tour de passe-passe, c’est ça ? lui lance l’adversaire en s'esclaffant.

Le deuxième coup est tout de suite plus compliqué à encaisser. Alors que Nate semble reprendre l’équilibre, son adversaire n’attend pas une seule seconde pour lui infliger une belle droite; coup que le blond sent bien passer. Une main sur la gorge de Nate, l’ennemi, d’une poigne bien serrée, soulève très légèrement notre D, avec tout de même un peu de mal. Celui-ci halète, semblant à bout de souffle. Nate plonge son regard meurtri dans le sien puis esquisse un sourire. D’une voix presque inaudible, tremblante et signée de faiblesse, il lui envoie :

— On fatigue ? T’as… Nate reprend son souffle avant de continuer. T’as plus d’jus ?

La droite avait tout de même été moins forte que le coup de pied. Nate possède en réalité une bonne résistance à la douleur, ce qui lui permet de se tenir toujours plus ou moins prêt pour… esquiver.

Profitant de la faiblesse passagère de son agresseur, il lui sourit de toutes ses dents - aussi blanches que rouges sur le moment - et s’éclipse à l’aide d’un portail qu’il crée sur le tronc de l’arbre, juste derrière son dos. Le second apparaît un peu plus loin. Alors que Nate se persuade que son second apparaîtra correctement, droit, au ras du sol pour ne pas avoir à lever la patte… Celui-ci apparaît en parallèle au sol, à un mètre et demi de hauteur. Lorsqu’il traverse le second, il tombe raide, face contre terre. Il est déjà bien amoché, cela ne lui change pas tellement. L’habitude se fait sentir : il ne bronche pas, ne s’en plaint pas, lui qui ne sent déjà plus la douleur grâce à l’adrénaline qu’il s’est créée par son action.

La vérité éclate; l’adversaire est désemparé. Les yeux écarquillés, la rage aux joues, il se démène pour s’avancer vers notre blondinet. La fatigue se fait sentir de son côté, Nate ne va pas tarder à en tirer profit. Trompé, berné, abusé, son adversaire est vexé, honteux, c’est ce qui cause le rire imminent du jeune homme.

— Tu t’attendais à un mirage ? Dommage.

Troublé à l’écoute des moqueries du blond, l’attaquant se jette sur lui. Nate, toujours plaqué au sol à la suite de sa chute, esquive en se roulant vers la gauche puis se relève. Il vacille et manque de tomber à nouveau, mais se maintient droit. Son adversaire s’essouffle, il semble avoir utilisé toute son énergie dans ses derniers bonds.

Nate le regarde d’un air provocateur. Il a du mal à tenir debout. Le voilà qui exagère ce détail pour attirer celui l’ayant pris pour cible.

— J’suis à moitié mort et t’arrives même pas à me toucher ! lui adresse-t-il. Bouge-toi !

Dans un grognement lassé et enragé, l’ennemi bondit une nouvelle fois. Une dernière fois. Laissant à Nate l’opportunité qu’il attendait tant. « Merci » ose-t-il tout bas, heureux de pouvoir tenter son coup.

Il s’immobilise, se concentre et visualise deux portails horizontaux. Le premier se manifeste juste au-dessus de l’attaquant, alors que celui-ci bondit à l’intérieur. Le second, en dessous du premier. Le piège parfait pour un homme-lapin bondissant à tout va. La vitesse prise lors du bond l’empêche de s’échapper. Il vient tout juste de se condamner lui-même.

Nate a créé une boucle sans fin.

Alors qu’il entre dans le premier portail, il sort par le second, ainsi de suite. Nate contemple sa création quelques instants. Un soupir empli de soulagement lui échappe, suivi d’un rire satisfait.

— Bonne chance pour sortir, et vomis pas trop ! lui lance-t-il, fier de lui.

Une fois les portails placés, Nate n’a pas réellement besoin de rester concentré pour les garder ouverts. Ceux-ci restent effectifs tant qu’il ne décide pas d’en créer d’autres ou de les supprimer. Évidemment, ceux-ci lui prennent un peu d’énergie, mais rien de bien méchant. Il n’en a fait que quatre en tout, il n’a donc pas encore atteint sa limite. S’il en crée à nouveau, il se met en danger. Heureusement, il n'en a plus besoin.

Une fois libéré de toute cette pression, l’objectif de ce combat lui revient. Le drapeau. Lux s’occupe de protéger le leur, mais qui s’occupe de récupérer celui de l’ennemi ? Karna est occupé. Lux doit sûrement l’être également. Nate vient tout juste de terrasser son adversaire. C’est donc à lui, et à personne d’autre, de s’occuper de cette tâche.

Il abandonne sa victime à son triste sort alors qu’il tourne les talons. N’ayant pas encore la force suffisante pour courir, il se contente de marcher à un rythme rapide. La forêt se dresse devant lui, il y pénètre sans la moindre hésitation. Il ne compte pas se faire remarquer - personne ne le surprendra, il est trop discret, trop agile pour ça. Les trois attaquants ont décidé de partir sur de l'offensive : le drapeau adverse est donc sans défense, libre, bien que certainement dissimulé.

Il avance.

Tous les ennemis sont hors d’état de nuire. Un son retentit, forçant Nate à lever les yeux au ciel : un écran apparaît avec la photo de son équipier, Karna. Il a donc été expulsé de la simulation, lui aussi. Mais peu importe, puisqu’ils sont les gagnants de ce concours. Le drapeau est le seul élément manquant de leur victoire écrasante, encore faut-il le trouver. Mais Nate reste confiant : après tout, s’ils ont choisi l’offensive, c’est qu’ils n’ont pas dû bien cacher leur drapeau. Ils sont arrivés bien trop vite, dès le début de la simulation, pour l’avoir convenablement dissimuler. Et le blond a déjà sa petite idée de l’endroit où celui-ci se trouve… À la base, là où il est censé être planté au début, dès l’arrivée des participants dans le Dolphin.

— Si vous l’avez laissé à votre base, vous me devez des croissants ! Vous m’entendez ?! crie-t-il, sachant que les images de la simulation sont renvoyées dans les tribunes et que tout le monde peut l’entendre.

Il continue de marcher, ralentissant un peu la cadence à l’approche de la base ennemie. Sa douleur, elle, est toujours bien présente. Le lapin sauteur ne l’a pas manqué… Il n’attend qu’une chose, pouvoir sortir d’ici et ne plus sentir ses blessures. Et manger, évidemment, manger. La forêt, un peu trop dense pour lui, l’épuise. Le terrain n’est pas plat, et devoir enjamber des troncs d’arbres ne l’arrange aucunement, au vu de sa condition.

Il redouble d’efforts à l’idée de sortir d’ici. Un élan de motivation le parcours, il tente d’accélérer le pas, et finalement de courir. Il hurle de douleur, mais se met quand bien même à sourire.

— À LA BOUFFE !

Il enjambe, court, fend l’air et les gouttes de pluie comme une fusée, tout en criant. La douleur est insupportable, mais il est inarrêtable. Il aperçoit finalement la base ennemie, et au milieu de celle-ci, le drapeau. Il ralentit brusquement avant de se mettre à marcher, haletant excessivement. Il fixe le tissu ondulant, porté par le vent. La victoire se trouve en face de lui. Le buffet également. Il s’approche, tend la paume vers le piquet planté dans le sol boueux. Nate le saisit fermement, le retire de la terre avant de le brandir fièrement.

— À nous le buffet, et à moi les croissants !

Soudain, tout se floute. La vision de Nate, le paysage, tout se pixellise.

Nate cligne des yeux.
À présent, le hangar.

Une foule de spectateurs hurle en face du blond, les tribunes sont pleines à craquer. Les ennemis, déjà réveillés, semblent bien plus amicaux dans cette réalité. Le lapin sauteur lui adresse un hochement approbateur, signifiant que Nate a été le meilleur des deux. Nate lui sourit de toutes ses dents avant de lever son pouce droit en l’air, en guise de remerciement. Ce sourire ne disparaît pas, car les écrans affichent désormais les photos de lui et de ses équipiers à côté d’une mention “BIEN JOUÉ ! VICTOIRE”. Il détourne le regard pour se concentrer sur Lux, elle se réveille à peine et semble désorientée. Nate se redresse, retire le casque de son crâne et se jette du siège, appréciant la sensation de ses jambes guéries. Plus de douleur, plus de cris, tout va mieux. Il se dirige vers le siège de Lux, lui tend la main pour lui proposer de l’aider à en descendre.

— T’as réussi à protéger le drapeau, bravo ! C’était qui, le mec contre toi ? J’ai pas pu le voir du coup... lui demande-t-il, curieux. Viens, tu me racontes en chemin, on va chercher la récompense. T’as faim ?

Alors qu’il se dirige vers le buffet, il tourne la tête vers son second coéquipier et lui adresse quelques mots d'un ton furieux.

— Et toi plus jamais tu te tailles les veines devant moi, compris ?... Allez, ramène-toi !

Une fois arrivés devant une multitude de pâtisseries, sucreries en tout genre, petits fours et autres mets bien gourmands, des étoiles se dessinent dans les yeux du blond. Ne sachant que prendre en premier, il saisit plusieurs choses à la fois et se met à se goinfrer sans retenue. Il sourit à ses coéquipiers, écoutant leurs discours, tout en y répondant la bouche à moitié pleine. La victoire a un bon goût.

Il remplit ses paumes de petits fours et de quelques pâtisseries qu’il a particulièrement apprécié avant de s’absenter quelques instants. Il laisse Lux et Karna continuer la conversation en s’excusant, expliquant qu’il revient dans quelques minutes. Nate se dirige ensuite vers les perdants avant de leur tendre son butin.

— Vous l’avez bien mérité aussi, mangez, c’est trop bon ces trucs, et venez y'en a d'autres là-bas ! glisse-t-il avant de repartir en direction de son équipe.

Nate n'est pas égoïste. Bien au contraire, il partage tout ce qu'il peut partager. Il n'attend rien en retour, que ce soit des remerciements ou des récompenses. Il ne comprend pas la notion de propriété. S'il possède quelque chose, il ne va pas l'arborer devant autrui pour s'en vanter, il ne le montre pas; et s'il le fait, c'est uniquement pour en faire profiter ceux qui ne le possèdent pas. Après tout, les deux équipes ont participé au concours, ils méritent de manger après l'effort.

Même s'il fut court, ce concours a su divertir le blond d'une manière singulière. Il continue de sourire tout en participant à plusieurs conversations à la fois. Une après-midi bien remplie, ainsi qu'un ventre plein : quoi demander de plus ?