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L'élève qui se fait aiguiller par le prof | Isaac
Ariel Dulac
Idéal : Entre deux
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Ariel Dulac
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L'élève qui se fait aiguiller par le prof | Isaac ♦
Sam 15 Mai - 19:03
Depuis quelques jours, je n'arrivais plus à rejoindre les bras de Morphée. Cette nuit n'a pas été une exception. Beaucoup trop de choses se sont bousculées dans ma tête, encore une fois. Si je devais dater le début de mes insomnies, je dirais que c'est depuis ma rencontre avec Massrur. Je me souviens très bien que je me questionnais déjà sur moi-même. Au début, je n'y faisais pas attention, je mettais ça sur un coup de tête, que ça allait passer tout seul, comme quand on dit que la nuit porte conseil. Cependant, on dirait que ce n'est pas tellement le cas.

Ce fut dans un long soupir, après avoir enfilé quelque chose de plus présentable qu'un pyjama, que je me suis décidé de faire une petite balade sous ce ciel étoilé. Ce n'était sûrement pas en me retournant intempestivement dans mon lit, en regardant le plafond ou bien le mur, que j'allais trouver une réponse. Puis si ça se trouve, j'allais parvenir à y voir plus clair suite à cette sortie.

Malgré qu'on associe le froid à la nuit, il faisait tout de même bon et on pouvait déjà observer quelques insectes autour des lampadaires. Rien que d'en voir avait le don de me faire grimacer. 'Fin bon, j'ai repéré ce petit banc situé pile-poil entre deux de ces lampadaires. De toute façon, je n'ai pas eu trop le choix, je n'allais pas me mettre par terre quand même.

Je me suis installé sur le banc en question, en enroulant mes bras autour de mes genoux pour les coller contre moi, malgré les insectes qui grouillaient autour. Au moins, ça faisait un petit fond sonore. De toute façon, je suis protégé d'eux grâce à mon super pull oversized, je peux me réfugier dans le col du vêtement chaud quand bon me semble, et c'est ce que j'ai fais.

Ça va faire bientôt un mois que je suis dans l'académie et je me suis beaucoup amusé en plus d'avoir fait des rencontres intéressantes. Je ne manque de rien, je ne me suis jamais autant amusé, je m'épanouis dans mon milieu que je croyais être que de la fantaisie il y a encore quelques années, et pourtant, j'ai cette sensation très désagréable qu'il me manque une étincelle. Le fameux fragment qu'il manque pour être complet. Ce qui est encore plus désagréable, c'est que je n'arrive pas à mettre le doigt dessus. À quoi bon se chercher quand je n'ai même pas idée d'une potentielle destination ? Pourtant, je ne peux pas m'en empêcher. Je vis pour vibrer et il me manque clairement un élément important. Peut-être que je ne suis pas encore prêt pour ça ? Je ne sais pas, mais j'aimerais trouver une réponse rapidement.

À force de me torturer l'esprit, je n'ai même pas remarqué qu'il y avait une silhouette au loin, cachée dans la pénombre. Je suis resté silencieux en fixant l'ombre. En réalité, j'étais plus dans la lune qu'autre chose, et ça transparaissais très clairement dans mes yeux.

L'inconnu s'est approché petit à petit, jusqu'à ce que sa silhouette se dessine avec la lumière, qui vient peu à peu le dévoiler. C'est Isaac, un des profs stagiaires en MADP. J'imagine qu'il doit bien me connaître vu comment je me fais remarquer dans les cours, il doit avoir une sacrée image de moi haha. Malheureusement, je n'ai pas la tête aux bêtises pour cette nuit, j'espère que ça ne lui fait pas un choc de me voir sous ce jour.

Pour briser le silence, toujours en le fixant avec mes yeux ayant perdu de leur lueur habituelle, je le salue.

Bonsoir m'sieur. Ce n'est pas un peu tard pour sortir ? J'crois bien qu'il y a cours demain.

Mon sourire, mon intonation et même mon petit rire forcé, sont bien plus faibles que d'habitude. On peut clairement deviner que je ne suis pas dans mon assiette. M'fin bon, je m'attends à ce qu'il passe son chemin, après avoir répondu. Il doit sûrement faire une balade ou peut-être qu'il a des choses à faire, qui sait.
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Isaac G. Yuri
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Isaac G. Yuri



L'élève qui se fait aiguiller par le prof | Isaac ♦
Mar 18 Mai - 7:19
l'élève qui se fait aiguiller par le prof
Ft. Le petit pote à la compote

Hein.



Les mains profondément enfouies dans les poches trouées de son pantalon, Isaac marchait sans trop savoir où sa carcasse se dirigeait. L’esprit complètement endormi malgré son corps qui continuait à progresser dans la pénombre, il était la proie d’une alliance toxique d’alcool et de fatigue. Des cernes s’étiraient si loin sous ses paupières qu’il craignait secrètement que ses lunettes de soleil ne parviennent pas à en dissimuler l’entièreté.

Un arôme de vin achevant de s’évaporer dans sa bouche engourdie, il soupirait franchement. Prisonnier de cet état pénible qui lui devenait hélas routinier, il partageait désormais l’amertume des liqueurs qu’il avait descendu avec tant de ferveur.

Le vin ne lui réussissait jamais. Contrairement au champagne ou à la vodka qui pouvaient le rendre certes émotif mais surtout euphorique, l’alcool de raisin terrassait sa raison et le rendait pensif, ou plus franchement ; idiot. C’était sous l’emprise de vinasse qu’il conceptualisait ses plus beaux échecs, sous les couleurs pourpre du liquide qu’il voyait se dessiner l’occasion parfaite de perdre du temps.

Malgré tout, il marchait encore droit. A dire vrai c’était là le fruit d’années d’entraînement passées à vivre les yeux clos et à baser son orientation sur des repères plutôt que sur l’observation. Il lui était ainsi loisible de suivre le sentier sans trop de peine, évitant de se vautrer à la première marche. A cette heure-là, il ne s’attendait de toute façon pas à voir grand monde.

Evidemment, il avait tort.

L’œil de plus en plus flou à cause de l’obscurité grandissante et de l’opacité de ses binocles, il ne remarqua que trop tardivement une petite boule étrange disposée sur un banc.
Ralentissant le pas à son approche, moultes idées se bousculèrent dans son esprit. Était-ce une pelote de laine ? Une grosse boule de neige ? Un fantôme à la forme étrange ?

Non, c’était Ariel. Chose qu’il mit un certain temps à comprendre.

Sursautant alors sous le coup de la surprise, il posa une main sur sa nuque tandis que l’élève l’interrogeait sur les raisons de sa présence.

« Bah. Ehm. » Dit-il d’une voix qui peinait à s’éclaircir. Les rôles venaient de s’inverser, non ?

« Ça devrait être à moi de dire ça… Qu’est-ce que vous faîtes ici ? » Dans son imaginaire, Ariel avait un rôle ambigue. Non pas à cause d’une potentielle indiscipline, plutôt de par son imprévisibilité et le spectacle qu’il offrait généralement. « Allez hop hop, au lit. »

Sans doute par crainte de devoir gérer une urgence dans son état indigne, Isaac ignora son humanisme pour éconduire cette âme en peine directement dans les dortoirs.

« Je peux vous accompagner, si vous avez peur des monstres. » Que racontait-il ? Cela avait l’air d’une blague. Ou peut-être à l’improvisation d’un homme cherchant à dissimuler son ébriété.

S’arrêtant face au banc, il prit un moment pour reprendre sa respiration et chasser la migraine que le vin ne cessait de lui imposer. La fatigue rendit l’opération pénible. Fort heureusement, il n’était pas entamé au point de manquer à ses principes et bien vite, ses anciens instincts de psychologue se mirent en alerte.

« Tout va bien ? » Déclara le professeur d’une voix plus sérieuse. Sa posture s’ancra un peu plus sur le pavé. Manifestement il venait de rejeter l’idée de partir. « Vous n’avez pas l’air au meilleur de votre forme. »

Concédant bien vite face à l’adversité, voilà qu’il s’installait même sur le banc aux côtés d’Ariel. D’un long soupire il étendit ses jambes et fit craquer ses bras. Le regard orienté vers le ciel, il observa derrière le voile de ses lunettes les étoiles filtrées par les nuages, se surprenant à vouloir lire autrui avec la même simplicité.





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Ariel Dulac
Idéal : Entre deux
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Ariel Dulac
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L'élève qui se fait aiguiller par le prof | Isaac ♦
Lun 24 Mai - 17:58
Le professeur était pris de court. La situation était biscornue, puisqu'en temps normal, c'est censé être l'enseignant qui sermonne l'élève, et non pas l'inverse. Cependant, malgré qu'il était intrigué, il est parvenu à se ressaisir et à me renvoyer la balle, demandant les raisons de ma présence sur ce banc.

Hé bien...  c'est q-

Un sourire gêné est venu animer mon visage pendant que je passais ma main derrière ma tête, reflétant un zeste d'embarras. Isaac m'a coupé la parole pour me presser de regagner mes pénates. L'apprenti instituteur force le pas pour se retrouver face à moi, avant d'énoncer une blague qui s'apparente plus à de l'ironie qu'autre chose. J'étais surpris. J'ironise avec un soufflement de nez.

Je vous dois une fière chandelle, ô preux chevalier.

Il a réussi à me faire esquisser un sourire.

Maintenant qu'Isaac était face à moi, j'ai pu remarquer quelque chose. Ce n'était pas par rapport à l'environnement, et encore moins à son look. C'était un parfum alcoolisé qui était venu pénétrer mes narines. J'étais loin de qualifier cet effluve d'agréable, puisque moi-même, je ne consomme pas ce genre de breuvage. J'étais loin de pouvoir analyser la senteur qui émanait du stagiaire, afin d'établir une discussion que pourrait échanger des œnologues chevronnés.

"Je devrais repartir me coucher" pensais-je. À vrai dire, de mon point de vue, je pensais avoir affaire à un Isaac complètement saoul et je ne voulais pas assister potentiellement à une scène embarrassante, même si, en temps normal, je n'aurais certainement pas dit non. Malheureusement, je n'étais pas de cette humeur.

Un silence planait au sein de cette pénombre animée par la vie nocturne des insectes. Je me préparais à me lever de l'armature sur laquelle j'étais posé. Peut-être était-ce un signe que je ne devais pas trop réfléchir et que je m'inventais des problèmes ? Je ne sais pas. Ce qui est sûr, c'est que j'ai été interrompu dans ma démarche par mon interlocuteur. Je n'ai eu le temps que de quitter ma posture de boule humaine pour en adopter une plus conventionnelle : légèrement penché, les mains posées sur les cuisses et les pieds au sol.

Oui, je vais bien, ne vous en faites pas pour moi.

Rire et sourire altéré par le mensonge, je ne suis décidément pas un bon comédien ce soir. D'autant plus que le professeur n'avait pas l'air de lâcher l'affaire puisqu'il insistait en affirmant que je n'étais pas dans mon état normal.

L'homme à la chevelure de neige m'avait agréablement surpris en s'asseyant à côté de moi. Au final, peut-être qu'il n'était pas si esclave de sa boisson que ça.

Je le suivais du regard. Il s'était installé et mis à l'aise, se perdant dans l'infinité que représente notre ciel étoilé. Par pure curiosité, j'essayais d'entrevoir ses yeux, mais c'était peine perdue. J'en étais incapable à cause de l'obscurité et de ses lunettes. Légèrement frustré, laissant un soupire s'échapper de ma bouche, mon regard se perdait dans le vide que représente la nuit, sûrement synonyme de mon état actuel, incapable de contempler le paysage céleste.

En fait non, ça ne va pas si fort que ça.

Un nouveau silence s'était installé. J'étais légèrement réticent à me confier, ce n'était pas chose habituelle chez moi. On ne s'attend pas forcément d'un clown à ce qu'il connaisse des instants de faiblesse, n'est-ce pas ? En revanche, ma détermination à franchir ce mur qui était érigé face à moi, est bien trop grande pour céder à la facilité qu'est le mutisme.

Pour être honnête, je suis un peu perdu en ce moment. Je me pose beaucoup de questions.

Beaucoup trop même. Peut-être que j'allais être enfin soulagé de tous mes maux. De toute façon, il fallait que ça sorte.

J'ai l'impression de ressentir un vide au plus profond de moi. Déclarais-je en posant ma main au cœur. Ça peut paraître surprenant, au vu de mon ancienneté dérisoire au sein de cet établissement, je ne suis qu'un petit oiseau, mais... Je prenais une profonde inspiration avant de continuer. Certes, je m'amuse très bien, mais je sais pertinemment qu'il me manque une étincelle, une raison. Je regardais mes mains avant d'y en faire jaillir une petite masse d'eau. Tu vois, autant que ça serve à quelque chose, pour une cause, je ne sais pas, ce n'est pas qu'une source de divertissement. D'autant plus avec les rumeurs qui courent sur la fameuse classe X, je réalise qu'on est dans un cadre idyllique et qu'il peut s'effondrer à tout moment. Confiais-je avant de finir sur une affirmation. Sauf que je ne sais pas quelle voie emprunté, et encore moins ce qui m'est proposé.

Mon regard transperçait celui d'Isaac. Mes yeux ambre semblaient perdus dans le brouillard de la recherche de soi, mais on pouvait constaté une certaine lueur, quand même bien qu'elle fût encore faible. Les prochaines paroles du jeune slave pourraient changer drastiquement mon futur.
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Isaac G. Yuri
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Isaac G. Yuri



L'élève qui se fait aiguiller par le prof | Isaac ♦
Mar 25 Mai - 7:42
l'élève qui se fait aiguiller par le prof
Ft. Mon parrain

Compassion.



Ah, Ariel ne trompait personne.

A dire vrai, il n’était pas rare que celui qui plaisantait le plus était également celui qui souffrait le plus. Peut-être était-ce là une triste satire, comme une réalité dont on peinait à se défaire. Le ‘ clown triste ‘, celui qui fait rire la galerie et renâcle en coulisse, c’était là une éternelle malédiction. Voir Ariel en boule, isolé sur ce banc au milieu du froid de la nuit.. C’était déjà suffisant.

Peut-être était-ce même là la raison de la présence d’Isaac, peut-être qu’une main numineuse guidait ses pertes d’équilibre, peut-être que s’il avait titubé jusqu’ici, c’était pour une raison.

« Ma foi, préviens-moi lorsque tu auras trouvé une voie. Il serait peut-être temps que je m’en trouve une aussi alors si tu veux bien m’aider. » Dit-il d’une voix basse qui se prêtait à la confidence, de même que son tutoiement amical. La barrière séparatrice de leurs statuts était levée, au moins autant que celle du tabou. Sans doute qu’Isaac estimait que la véritable solution n’était pas d’orienter Ariel vers une voie, mais préparer son esprit à ce qu’il n’y en ait tout simplement pas.

Après tout, peu de vies faisaient vraiment du sens. Combien de personnes vivaient dans la morosité d’un quotidien étouffant et apprenaient malgré eux à s’en contenter ? Combien de feux s’étaient éteints par manque de braises sur lesquelles on pouvait souffler ? Réussir sa vie n’était pas chose aisée, d’aucuns diraient même que cela était impossible.

Avaient-ils tort ?

N’était-ce pas pourtant ainsi que la vie était faite ? N’était-ce pas logique de constater que si l’étoile parvenait à briller, c’était avant tout grâce au vide abyssal et ténébreux autour ? Était-ce cruel d’estimer que pour qu’on saisisse la rareté d’une vie réussite, il fallait la comparer à toutes celles qui avaient échoué en chemin ?

« Tu sais, je ne connais pas grand monde qui fait véritablement une différence. Observe autour de toi. Penses-tu réellement moins réussir que ton voisin ? Qu’un classe A ou que sais-je. » Il haussa d’une épaule. « Non. Nous cherchons tous notre voie, quelque chose qui fait battre notre cœur et nous donne envie de continuer. C’est souvent pour éviter qu’on remarque leurs détresses que les gens font mine d’être confiants, mais en vérité les questions que tu te poses sont universelles. Tout le monde se les pose, et on se les posera toujours. »

Les jambes croisées, il s’autorisa un bâillement. Isaac n’avait pas l’air particulièrement attristé par ce pessimisme qu’on pouvait pourtant tirer de ses palabres. A bien y regarder, c’était presque s’il n’avait pas l’air de s’en satisfaire.

« Personnellement, j’ai arrêté de me dire qu’il existait une place à occuper ou une voie à emprunter. Ça reviendrait à dire qu’il suffirait de suivre une recette pour vivre, et c’est plutôt triste. La vie est comme une mer qu’on essaye tous de traverser. Ce que tu ressens maintenant, c’est seulement ton radeau qui stagne. Mais te dire qu’il n’y a pas de place pour toi précisément, ça veut bien dire que tu es libre d’aller où tu veux, de mener ta barque où bon te semble. Et ça c’est plutôt encourageant, non ? »

Un sourire aux lèvres, Isaac tâcha de transmettre tout son calme à Ariel, comme le ferait un grand frère s’ingéniant à rassurer son cadet. Il espérait faire comprendre que ces épreuves étaient obligatoires, autant que leurs résolutions, qu’il n’y avait pas à s’inquiéter, que la vie supporterait bien quelques soirées passées à perdre son temps.

« Tu n’as pas besoin de servir une grande cause pour être unique et être utile, Ariel. » Lui dit-il enfin, en délaissant le ciel étoilé pour observer l’ambre qui pétillait dans les prunelles de l’étudiant. Là était une vision bien plus intéressante.

« Tu te démarques déjà de l’immense majorité de la population grâce à tes aptitudes. Maintenant tu dois simplement trouver ce que tu désires en tirer. Pour l’heure, profite du cadre idyllique, tu auras plein d’occasions de sauver le monde plus tard. » Cessant de parler pour laisser la douce – et plus agréable, symphonie nocturne reprendre le dessus, Isaac reposa sa tête contre l’arrière du banc, les yeux rieurs derrière ses binocles.





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Ariel Dulac
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Ariel Dulac
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L'élève qui se fait aiguiller par le prof | Isaac ♦
Lun 31 Mai - 21:26
C'était bien la première fois que je me confiais. Je me sentais plus léger, j'avais enfin déballé mon sac. Je ne savais pas si ça allait me mener quelque part, mais juste l'action me suffisait pour être un peu plus apaisé. Dans un sens, peut-être que ça a déverrouillé une porte en moi. Après tout, je suis connu pour mon côté enfantin, personne n'a eu l'occasion de découvrir cette facette plus sérieuse. Pour dire vrai, moi-même je commençais à me perdre là-dedans.

À force de jouer l'insouciant, on finit par s'oublier, et à force de s'oublier, on finit par atterrir dans les limbes. Peut-être que ce ressenti est un rappel à l'ordre ? Une tentative de me ramener à la lumière, une invitation à m'élever dans ce ciel parsemé d'étoiles et à explorer toutes les options qui s'offrent à moi.

Isaac avait pris la parole pour répondre à toutes mes interrogations. Je m'étais plongé dans un profond mutisme pour écouter tout ce qu'il avait à me dire. Délaissant les ténèbres infinies de la nuit, je tournais mon regard stoïque vers Isaac.

Pour amorcer son idée, il m'invitait à lui trouver sa voie. Sur le moment, je fronçais les sourcils, pensant qu'il se moquait de moi, mais je faisais fausse route. Je m'étais vite rendu compte où il voulait en venir. À la place, un sourire se dessinait sur mon visage, notamment au moment où j'ai remarqué qu'il me tutoyait. Le mur de glace s'était effondré.

L'enseignant, dans sa lancée, me questionna. Il me demandait si je pensais valoir moins que mon prochain.

Non. Affirmais-je en synchro avec Isaac.

Je le prenais autant au premier degré qu'au sens figuré, dans le sens où je sais que je ne suis pas à ma place dans la classe D, vu que j'aurai très bien pu rejoindre les A dès le début. D'autre part, je sais aussi qu'il n'y a pas de raisons que je réussisse moins qu'une autre personne. D'autant plus que, comme le dit Isaac, on passe tous par ce que je peux traverser actuellement. Ma faiblesse s'avérait être universelle. Je pense qu'il voulait me faire comprendre que je ne suis pas seul dans cette situation et qu'il s'agit d'un cycle perpétuel de questionnement et d'évolution.

Mon psy du soir marquait plusieurs pauses dans son discours, il prenait son temps et était d'un calme semblable à cette nuit. Je me contentais d'observer l'homme aux cheveux argentés avec grande attention, attendant qu'il termine son cheminement.

Il présentait mes doutes sous un angle différent, dans l'angle opposé même. Je ne pourrais pas dire qu'il a tort, puisque ce n'est qu'une question de point de vue. Je ne pouvais qu'acquiescer en hochant de la tête. Cependant, des questions demeuraient. Je ne pouvais pas me contenter de cette version que je pourrais qualifier de trop suffisante.

En voyant le sourire d'Isaac, je ne pouvais m'empêcher de lui renvoyer la pareille. Je me sentais déjà plus serein que ces derniers jours. Ça restait encore brouillon dans ma tête, mais j'étais clairement moins confus, je pouvais enfin apercevoir une lumière au milieu de mes ténèbres. Mes yeux en témoignaient tout autant, leurs flammes se ravivaient petit à petit.

D'un soupir, les prunelles étincelantes, je contemplais les étoiles d'un air songeur.

Une grande cause... Ce que je désire en tirer...

Je ne pouvais nier cette affirmation, on ne pouvait pas faire plus unique que le personnel et les étudiants de l'académie, après tout, on possède tous un don surnaturel ici. La question maintenant était : qu'en faire ? Ai-je réellement l'envie d'être ce fameux super-héros ? Je ne pense pas.

Maintenant que mon confident avait fini, le silence planait. Je prenais le temps nécessaire pour enregistrer tout ce qui a été dit, tandis que la vie nocturne reprenait le dessus. Dans ce profond silence, il ne restait que le vent embrassant les feuillages et les insectes menant leur survie du mieux qu'ils peuvent pour animer la scène.

Résolu, j'avais mis fin à mon mutisme et je me suis levé du banc pour me tenir droit, face à Isaac. Quand bien même je comprenais son point de vue, il demeurait des points que je ne pouvais envisager.

S'il est triste de suivre une recette à la lettre, n'est-il pas tout aussi triste de vivre dans le néant, sans axe à emprunter ? Ne serait-il pas plus intéressant de créer sa propre recette, libre de tout changement au besoin ? J'haussais les épaules. N'est-il pas recommandé aux navigateurs que nous sommes, de s'aider d'une carte pour éviter d'être pris dans un typhon ? Le poing fermé au niveau du cœur, soupirant un grand coup. Pour continuer sur ta métaphore, je fais du surplace avec mon radeau, mais n'est-il pas préférable que je me prépare aux futures tempêtes ? Parce que je suis actuellement sur une mer calme, mais comme on dit, le calme précède la tempête. Je ne peux pas me permettre de compter sur les autres pour me secourir.

Malgré mon incertitude, les choses commençaient enfin à se dessiner dans mon esprit, même si ce n'était qu'un brouillon, des petites pièces s'imbriquaient pour fabriquer timidement une base. Ce n'était pas une voie que je devais chercher comme l'avait dis Isaac.

Je comprend parfaitement ce que tu veux dire, je pourrais très bien attendre que ça se passe tout seul et profiter de la paix dont je bénéficie. Je fronçais les sourcils. Même si jusqu'à là, j'ai toujours vécu à l'abri des démons de ce monde, sans réel accroc, je demeure quand même conscient que notre quotidien peut être bouleverser n'importe quand, sans prévenir. Je serrais les poings fermement. Je ne veux pas être impuissant et devoir compter sur autrui si ça devait arriver. Ce que je vais dire peut sonner incohérent, mais j'ai tout de même peur de choisir une direction et de ne plus pouvoir revenir en arrière. Je veux pouvoir préserver mon éclat. Je pense que c'est pour ça que je suis perdu.

Un long soupir s'échappait, un léger embarrassement pouvait se faire ressentir. Je ne voulais pas agacé Isaac avec toutes mes questions. Après, comme il me l'a bien fait comprendre, il n'y a pas de mal à s'éterniser ainsi, l'espace d'une soirée.
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