Ce fut une journée comme une autre, dénuée de sens et tout aussi barbante que les précédentes. Du moins, c’est ce qu’elle avait pensé de son réveil jusqu’à cet instant précis. Elle s’était dirigée vers les toilettes les plus proches dans le but de libérer sa vessie, et quelle ne fut pas sa surprise à l’écoute de deux jeunes qui venaient tout juste de pénétrer dans la pièce ; ils ne détectèrent néanmoins pas Elynn qui, silencieusement, s’occupait désormais de réarranger sa ceinture. Ceux-ci, presque paniqués, tentèrent des chuchotements bien trop précipités pour être discrets, par peur qu’on puisse les entendre par-delà la porte fermée ; chuchotements qu’Elynn pu donc ouïr parfaitement.
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Mais si c’était pas qu’une blague ? Regarde, c’est pas de la rigolade là ! C’est énorme !—
C’est juste pour te faire peur. Ça va pas durer. Va voir l’administration si tu flippes.—
Pour passer pour une tapette ? Non merci. Puis la lettre là, putain… Je fais quoi ?—
Bah je sais pas moi… Fais voir ?—
« Peut-être que cette fois-ci, ça sera la bonne », putain mais c’est qui ce taré ?Intriguée, Elynn haussa un sourcil. Si quelqu’un devait se proclamer imposant, c’était bien elle, et elle était curieuse de découvrir qui se cachait derrière la raison de ces messes basses. Bien qu’elle fut persuadée qu’il s’agissait certainement d’un jeune homme en quête de pouvoir, bien trop imbu de lui-même et narcissique sur les bords, elle se mit en tête de découvrir son identité. Mais d’abord, il lui fallait comprendre de quoi ces jeunes parlaient.
Du bout de ses doigts, elle vint ôter lentement son t-shirt en prenant soin de ne pas faire crisser le tissu. Elle vint dégrafer tout aussi calmement son soutien-gorge et retira à la suite sa jupe, qu’elle fit glisser le long de ses jambes sans un bruit. Une fois déchaussée, elle pu finalement déclencher l’invisibilité, qu’elle n’eut aucun mal à rendre intégrale en quelques secondes seulement.
Après s’être assurée que les deux jeunes furent bien trop préoccupés pour remarquer quoi que ce soit, elle poussa silencieusement le battant de la porte pour se faufiler en dehors de la cabine ; elle s’approcha, pas à pas, des deux protagonistes. L’un pointait du doigt son sac partiellement ouvert, dans lequel se trouvait une sorte de sphère parsemée de fils rouges et bleus. Dans sa main, une lettre à l’enveloppe noire et aux allures sinistres.
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Ça peut pas être une vraie bombe. C’est du fake j’te dis, déstresse, ajouta l’adolescente.
À ces mots, Elynn fut déconcertée. Soit un terroriste avait infiltré l’académie, soit c’était un élève assez perturbé pour faire croire à ses victimes qu’il comptait les tuer. Quoiqu’il advienne, cela ne pouvait pas être bienveillant, et la personne concernée devait être stoppée - s’amuser à faire peur aux plus jeunes pour se sentir plus fort, c’était typiquement le genre de comportement qu’Elynn ne supportait pas. Et elle était déterminée à le lui faire comprendre, d’une façon ou d’une autre.
Il restait tout de même une chose à résoudre : comment trouver cet individu ? Le reste serait un jeu d’enfant pour Elynn, et pour King, puisqu’elle s’empressa de retourner à la cabine pour récupérer ses vêtements et de s’enfuir bien vite de la salle - ignorant complètement le fait que l’on puisse la repérer - afin d’envoyer un message à son complice de toujours ; mais pour pouvoir l’atteindre, il fallait le démasquer.
Elle se rhabilla en vitesse et lâcha l’effet de son pouvoir une fois complètement habillée ; elle n’avait plus qu’à attendre la venue de son meilleur ami dans le hall de la Upper Tower. Elynn s’y dirigea alors, bien déterminée à découvrir l’identité de ce fauteur de trouble au plus vite et, qui plus est, avant la tombée de la nuit.
agora