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Je veux juste une dernière danse avant l'ombre et l'indifférence ○ Astrid
Artiome Jeglov
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Artiome Jeglov
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Je veux juste une dernière danse avant l'ombre et l'indifférence ○ Astrid ♦
Jeu 17 Juin - 21:39
Astrid & Artiome | Juin 2021


Ce matin là, Artiome s'est réveillé de bon poil -sans mauvais jeu de mot avec Anton qui dormait contre son visage, prêt à l'étouffer dans son épaisse fourrure.
Alors c'est avec une délicatesse sans nom que le grand gaillard repousse le canidé, se lève et fonce se doucher pour ensuite se préparer, affublé d'un simple jean noir, d'un débardeur et d'une chemise blanche à manches courtes, pour finir sur des doc martens assez amochées par le temps.

  Il n'a pas le temps de croiser ses colocataires, c'est déjà assez tard et Artiome est rentré trop tard la nuit dernière -a la passé dans une des nombreuses chambres de l'école. Mais ses traits ne sont pas tirés, il n'a même pas l'air fatigué : il rayonne presque dans les longs couloirs pimpants de l'académie.
Mais les chuchotements sur son passage ne le concernent pas, ce sont les dires sur la classe X, sur l'impossibilité à s'évader d'ici. Artiome ça le fait soupirer, ça ne le fait pas tiquer, il s'en moque de ces clampins au service de l'école, comme s'ils allaient empêcher Artiome de faire ce qu'il désire.
Ses pas se font plus pressés afin de rejoindre au plus vite la bibliothèque -évitant alors de discuter avec ceux qui en auraient envie, car aujourd'hui, Artiome il veut du calme, du répit.
Quand le brun pénètre la grande place, il referme doucement derrière lui, salut la dame s'occupant de l'accueil d'un large sourire puis s'évade dans le fond de la bibliothèque, où les gens s'y font plus rare car il s'agit des rayons sur les pièces de théâtre, sur de vieux textes qui n'intéressent plus grand monde -et à raison, mais Artiome il aime les choses dramatiques, lire des tirades théâtrales.
Et lorsqu'il s'avance sans le moindre bruit, c'est une chevelure blonde qui dans la pénombre attire son attention -il pourrait reconnaitre celle-ci parmi une foule de concert, il en est sûr.

Ses mains s'extirpent de ses poches et sans demander son reste, Artiome vient déposer ses phalanges brusquement sur l'épaule d'Astrid et s'appuie contre l'étagère derrière lui tout en attrapant entre ses doigts un des épais bouquins, le soulève et regarde la devanture avant de le montrer à Astrid.
Toujours ce sourire en coin -ce sourire qui se moque et plein de dédain, surtout lorsqu'il rencontre Astrid. Au commencement d'une possible amitié, les deux enfants n'étaient pas désagréables l'un envers l'autre, mais Artiome il aime sa plénitude, son calme, son intimité et Astrid, elle pénétrait toujours celle-ci, s'immisçait dans son propre confort a fini par l'agacer et le rendre irritable lorsque la blondinette faisait acte de présence.
 Mauvaises blagues qui, au départ étaient plutôt tendres, Artiome est monté en puissance est n'y est plus allé avec le dos de la cuillère, ce qui avait définitivement mit un frein à un quelconque espoir de pouvoir renouer.

  Et pourtant, le voilà aujourd'hui, comme tous les autres jours à parfois voir Astrid, à simplement regarder cette ombre se paver dans l'ombre, à se montrer quand bon lui semble.

Roméo et Juliette, comme c'est marrant.

Artiome se détourne de sa camarade pour reposer le livre à l'endroit où il se trouvait et s'empare plutôt Phèdre du célèbre Jean Racine. Encore un truc de français.
Le jeune homme ne sait plus vraiment rien d'Astrid aujourd'hui, seulement qu'elle est toujours tapis dans l'ombre et qu'elle se jette sur les gens, sans raison. Mais ça ne l'étonne pas vraiment de la part d'une E -même si en général, il essaie de ne pas juger sur ça, c'est franchement dur quand il y voit les cas.

Tu vas encore aller te tapir dans l'ombre ? Faudrait un jour changer de tactique pour m'éviter ma grande.

Artiome s'approche, passe un doigt vers son oreille pour en arracher le fil de l'écouteur afin qu'elle l'écoute plus attentivement -Artiome quand il parle, il veut qu'on l'écoute, et à ce qu'il entend, elle est toujours en boucle sur son vieux groupe français.

C y a l a n a


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Je veux juste une dernière danse avant l'ombre et l'indifférence ○ Astrid ♦
Ven 18 Juin - 2:32

LXXVIII


Astrid a du s'endormir, elle ne sait plus trop bien. Elle vient toujours très tôt, parce qu'elle a perdu la notion de nuit et de jour de toute façon, et que le matin, il n'y a quasiment personne.
Elle se cale dans un coin, là où personne ne va, là où personne ne la voit, mais Astrid, on ne la voit jamais de toute façon. Et des fois ça lui fait du bien, de ne sentir aucun regard sur elle, de se sentir parfaitement invisible, parfaitement transparente, parfaitement inexistante. Et des fois le néant, il pèse, il s'écrase sur sa tête, sur ses épaules un peu frêles



❝ quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle ❞



Astrid a toujours ses écouteurs sur les oreilles. C'est toujours la même playlist qui tourne, et c'est ça qui a du la réveiller, parce qu'elle ne comprend pas trop pourquoi elle ne somnole plus. Des yeux, elle parcourt les étages autour d'elle et elle se redresse malgré ses membres encore engourdis. La capuche sur sa tête a un peu glissé, et Astrid la rajuste sans même s'en rendre compte. Un geste quotidien, répétitif, qui n'a plus grand sens, qui n'en a jamais vraiment eu.



❝ sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis, ❞



Astrid est toujours seule de ce côté des étagères. Ses yeux parcourent les ouvrages, et elle est presque tentée d'en prendre un. Seulement elle sait qu'elle finira par s'assoupir. Alors elle économise le peu d'énergie qu'elle a et elle frotte ses mains l'une contre l'autre, à travers son large sweat-shirt. Elle écoute les mélodies dans ses oreilles, des paroles dans une langue qu'elle a appris il y a longtemps, dont les fondations sont maintenant un peu bancales, quoique présentes, dont l'accent a fini par s'intensifier, petit à petit. Et si un jour Astrid se vantait de parler aussi bien le français que sa mère, cette fierté n'est maintenant que ruine perdue dans un coin de son esprit un peu nébuleux.

C'est un peu morose aujourd'hui, a envie de dire Astrid. Elle arrête de frotter ses mains et elle les regarde. C'est morose tous les jours, Astrid, tu l'as écrit sur ton mur.

Astrid on ne la voit jamais.
Artiome non plus il ne voit pas Astrid. Des fois elle est là, juste à côté de lui, mais elle reste parfaitement transparente, parfaitement invisible, parfaitement inexistante. Elle ne lui en veut pas particulièrement, à ce type. Ce n'est qu'un énième idiot qui a fini par se laisser embobiner par une pression sociale bien plus importante et plus vorace que lui. Ce n'est pas le premier, ce ne sera pas le dernier.
Astrid, quand elle était petite, elle avait eu envie de s'excuser. De dire qu'elle ne savait pas bien se faire des amis, qu'elle était un peu maladroite, mais que ce n'était pas méchant, qu'elle n'avait pas envie d'emmerder les autres et de les voir soupirer à son approche.
Maintenant, Astrid elle n'a plus envie de s'excuser. Parce qu'elle n'a rien à lui devoir, à Artiome. Ni justification, ni excuses. Elle ne doit rien à personne, Astrid. Et Astrid, elle se fiche pas mal qu'on soupire quand on la voit - au moins on la voit. Pendant un instant, aussi bref que les notes dans ses oreilles, on pose ses yeux sur elle. Et pendant un instant, Astrid elle n'est plus parfaitement transparente, parfaitement invisible, parfaitement inexistante.


❝ et que de l'horizon embrassant tout le cercle❞



Astrid on ne la touche pas non plus.
Alors Astrid elle recule un peu plus contre son coin, parce qu'elle n'aime pas particulièrement qu'on pose ses mains sur elle. Artiome il est un peu brusque, Astrid elle n'a pas la même force, elle n'arrive même pas à casser les craies qu'elle utilise pour son mur. Ses yeux fatigués se posent sur l'ouvrage qui semble avoir attirer l'attention de son camarade. Elle penche la tête, elle paraît un peu surprise, elle semble réflechir, vraiment, sincèrement, sans aucune ironie.

Qu'est-que ça a de marrant ? Y a pas de livres, en Russie ?

Astrid sourit. Elle a un sourire un peu insupportable, on lui dit tout le temps. Elle le trouve joli elle. Quand il est honnête, en tout cas.
Astrid elle n'a jamais vraiment entendu d'Artiome qu'il soit son ami ou quelque chose du genre. Peut-être au début, parce que c'est ce que des enfants aussi différents devraient être, parce qu'on ne leur trouvera pas de place ailleurs qu'il sait, alors il faudrait se serrer les coudes. Mais voilà, les types comme Artiome, ceux qui se laissent happer par cette ombre qui s'étend sur le monde, sans même savoir qu'elle existe, ils ne coexistent pas avec les gens comme Astrid.
C'est d'un morose, quand même, a envie de dire Astrid. Son visage un peu ailleurs se tourne un peu vers Artiome pour mieux le voir. Ca a toujours été morose, Astrid, tu l'as écrit sur ton mur.

Tu te penses si important que tu crois que je vais vraiment prendre le temps et l'énergie de t'éviter ? C'est ça, les têtes de la classe A ? Pas foutues d'utiliser leur cerveau pour autre chose que les cours ?

Astrid attrape son écouteur au vol et le remet dans son oreille. Elle ne sait pas trop pourquoi il la vient la voir, mais Astrid n'a rien de son toutou, ça elle le sait. Elle glisse sa main dans sa poche et elle augmente le son au maximum. Elle sait qu'il entend. Elle sait qu'il enrage vite, parce que c'est le genre de type qui comprend pas quand le monde ne tourne pas comme il le veut, quand le vent ne tourne pas dans son sens. Ses tympans gémissent, mais ses lèvres sourient, et Astrid le toise.

C'est un peu moins morose, a envie de dire Astrid. Elle ouvre la bouche pour chantonner un peu bas. Pour l'instant, mais ça le redeviendra vite, Astrid, tu l'as écrit sur ton mur.


❝ il nous verse un jour noir plus triste que les nuits.❞
Juin 2021
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Artiome Jeglov
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Je veux juste une dernière danse avant l'ombre et l'indifférence ○ Astrid ♦
Ven 18 Juin - 16:56
Astrid & Artiome | Juin 2021



Artiome il sourit, il sourit parce que Astrid le ferait presque rire avec ses yeux creusés par la fatigue et l'ennui, le dos recourbé comme si elle portait le poids du monde sur ses pauvres frêles épaules. Il se contente juste de sourire, laisse un souffle s'échapper de ses narines lorsqu'elle demande si en Russie, ils ont des livres.
Astrid peut bien se moquer, elle, elle n'a même pas compris la blague qu'il venait de faire : deux opposés l'un en face de l'autre, peut-être prêt à s'aimer mais lui, il espère qu'il ne va pas mourir.

Non tu sais, on est un pays d'arriérés. On sait ni écrire ni lire, je cherche les livres avec les images. Tu dois savoir où ils sont non ?

Artiome s'approche un peu, il regarde la blonde qui s'empare bien vite de son écouteur, qui évite le contact coûte que coûte, mais lui Artiome, il ne cherche jamais à fuir les attentions qu'on lui offre, loin de là. Mais dans le cas de l'ombre face à lui, c'est bien différent, ses attentions à elle, elles étaient démesurées, trop invasives, trop présentes et malgré tout, Artiome il aime qu'on lui laisse son espace, son intimité, qu'il puisse se repaître tranquillement du silence qu'on lui offre.
Et finalement Artiome lève les yeux au ciel, appuie son épaule contre la bibliothèque puis reporte son attention vers elle, loin d'être lassé, Artiome il aime ça, quand les gens deviennent agressif avec lui parce qu'il a trop de prétention, qu'il se croit trop important, au dessus du peuple.
 Mais le brun peut se le permettre, d'agir avec autant d'arrogance, d'être aussi sûr de lui lorsque le monde est à ses pieds,
Ce même rictus qui s'acharne aux coins de ses lèvres, on ne lui laisse pas le moindre doute quant à ses facultés, qu'elles soient mentales ou physiques. Si Astrid veut vraiment marcher sur ses plates-bandes, il n'est pas sûr qu'elle soit celle qui en sorte vainqueur, mais soit. Pour le moment, le jeu du chat et de la souris il était bien réel, qu'elle veuille l'admettre ou non.

Alors sors de ton ombre quand tu me croises et viens me dire bonjour. Je te vois souvent et quand j'arrive t'es jamais là. Je dis pas que tu le fais exprès, évidemment.

Lorsqu'Artiome essaie de se faire entendre, Astrid elle hausse le volume de sa musique -il peut l'entendre d'ici et il est sûr que ses tympans ne vont pas tarder à exploser, et puis ce sont les souvenirs remontant et l'envie d'enfermer encore la jeune femme dans ces dômes souterrains dont il avait le malicieux secret, pas franchement sympa, elle n'était pas non plus une enfant horrible. Mais quand on a treize ans on ne réfléchit pas aussi bien qu'on le devrait, on agit en fonction de l'instant présent, de ce qu'on le ressent, de nos envies. Aujourd'hui Artiome il réfléchit, il fait attention aux possibles conséquences de ses actions, il réfléchit aussi pour celles de ses amis, parfois il ment mais jamais sans une bonne raison.
Mais c'est vrai que parfois Artiome, il enrage vite, il s'énerve plus qu'il ne le devrait surtout quand ce sont des moins que rien qui se permettent de sales réflexions, se pensent meilleur que lui alors que dans le fond ce ne sont que des incapables, des misérables qui cherchent un peu d'attention mais qui n'auront que les miettes de son succès.

 Finalement le brunet s'avance à nouveau, sort son propre portable et se met à chercher sur son Spotify une musique qu'il aime écouter quand il est de bonne humeur parce qu'en général, Artiome il est plus calme, il écoute des choses tranquilles qui lui procurent de la zénitude, des moments de plénitudes parfois inespérés dans ses longues journées d'études.
Sans même demander son reste il retire le câble reliant le cellulaire aux écouteurs pour le brancher au sien et lance la fameuse musique un énorme sourire aux lèvres, le son modéré afin de ne pas lui éclater encore plus les tympans qu'elle ne l'a déjà fait.
 Artiome il adore cette chanson, alors il extirpe minutieusement de ses oreilles l'un des écouteurs pour pouvoir entendre avec elle, regardant derrière lui que personne ne vienne dans cette zone reculée car même si les gens ne sont pas très théâtre, les coins reculés, ça attire toujours les amoureux farouches, les gens qui cherchent du calme et ceux un peu louches sur les bords. Mais personne, seulement des pas qui vas et viennent des autres rayons.

Artiome il se surprend un peu à être plus doux qu'à l'accoutumé, peut-être parce qu'il connait assez Astrid pour savoir comment elle se comporte, comment elle agit : elle a beau avoir grandit, avoir mûrit, ses habitudes n'ont pas vraiment évolués et c'est assez facile de l'observer dans les recoins de l'académie, recluse comme un espèce de vampire.

Au fait Edward, ça se passe l'intégration avec les autres énergumènes de ta classe ?

Déjà la réponse en tête, mais il préfère demander, ce serait étonnant de l'entendre dire "Oui, j'ai un ami et toi t'en a aucun du con", enfin, étonnant seulement pour la première partie parce que pour la seconde, il ne serait même pas étonné d'une telle vélocité en terme de réponse venant d'elle.
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Je veux juste une dernière danse avant l'ombre et l'indifférence ○ Astrid ♦
Ven 18 Juin - 20:34

LXXVIII


Astrid se frotte les yeux. Elle est fatiguée, épuisée, et elle ne sait même pas comment elle tient encore vraiment debout. Elle se tient bien contre le coin du mur, juste au cas où il viendrait l'idée à ses jambes de flancher. Elles tiennent le coup, pour l'instant ; l'adrénaline de l'affrontement, le refus de se montrer un peu trop faible devant un type qui croit déjà qu'il est au sommet du monde.



❝ quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle ❞



Astrid tend un peu sa main pour atteindre une des étagères. Ses doigts glissent sur la tranche des livres. Elle lisait beaucoup, quand elle était petite, Astrid. Elle ne sait plus trop du moment où elle a arrêté de toucher à la bibliothèque dans sa chambre, quand les pages sont devenues suffocantes, quand elle a fini par se sentir trop happée par les mots - faut dire, Astrid, c'est pas super joyeux, les Hauts de Hurlevent, tu veux pas lire autre chose ?

Ouais, je me disais bien. Celui-ci est illustré, mais ça parle pas de vodka, alors je doute que ça t'intéresse vraiment.

Elle feuillette le livre sur lequel ses ongles se sont arrêtés. Elle cherche une page illustrée pour tourner le livre et le montrer à Artiome avant de sourire. Elle n'a pas vraiment envie de sourire pourtant. C'est un de ces jours où elle resterait dans sa chambre normalement, mais quelque chose l'en a sorti. Elle aurait bien aimé qu'il pleuve. Elle serait allée sous la pluie, elle se serait sentie un peu mieux. Personne n'aurait été là, elle aurait toute seule, sous les gouttes argentées.

Parce qu'au fond, Artiome c'est de la compagnie, d'accord mais elle ne sait pas vraiment ce qu'il veut. Elle ne sait pas pourquoi il sourit, pourquoi il lui parle, parce qu'Artiome il a plus vraiment parlé à Astrid depuis qu'ils étaient petits. Ils sont passés à autre chose, parce qu'on grandit, on s'écarte, ils ont oublié peut-être ; Astrid aurait oublié en tout cas si elle n'était pas si mélancolique, si son cerveau ne cherchait pas le moindre souvenir un peu triste pour s'y accrocher et se répéter, se rassurer, que c'est pas sa faute, qu'elle a rien fait, elle a juste pas de chance, le monde est morose Astrid, t'as pas su te faire des copains, mais c'est pas ta faute si Artiome il est débile et il enferme les autres enfants dans des dômes sans lumière, sans rien qui puisse te rassurer et t'apaiser.


❝ sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis, ❞



C'est pas ta faute s'il est aussi arrogant et méprisant, et c'est pas ta faute si ça t'énerve. C'est pas ta faute si tu balances le livre à sa place originel, sur l'étagère, t'es énervée, il t'énerve, t'as rien fait, t'as rien demandé à personne.

Ah, pardon, je pensais pas que Sa Majesté se serait senti si offensée que les rats ne sortent pas lui dire bonjour. Faudrait que je te baise les pieds aussi ? Ah, c'est ça que tu cherches...

Elle hoche la tête, elle sourit de nouveau, elle a l'air plus apaisée, comme si elle avait trouvé la réponse à sa question, comme si tout s'éclairait d'un coup, comme si tout était evident. Elle agite un peu sa main, elle ferme les yeux parce que ça picotte encore sous ses paupières.

Roméo et Juliette, tout ça, j'ai compris maintenant.

Astrid elle vient dire bonjour des fois. C'est un bonjour furtif, un truc qui ressemble plus à un petit "bouh!" chuchoté à l'oreille, mais c'est un bonjour d'une certaine manière, non ? Mais voilà, Artiome il ne réagit pas, alors même si elle se mettait, du jour au lendemain, à vraiment dire bonjour, qu'est-ce que ça changerait ? Qu'est-ce que ça lui apporterait, à lui comme à elle ? Elle le voit, il regarde derrière lui, ça doit le gêner, la seule pensée que quelqu'un puisse passer par là et le voir parler avec Astrid. Tant pis.
Elle le laisse faire, même si elle est méfiante. Elle regarde le câble de ses écouteurs pendre dans l'air un instant avant de venir s'accrocher sur le téléphone du jeune homme. Le son se baisse, la musique est plus entraînante, et ça la surprend un peu, elle qui écoute toujours sa musique si fort -quoique jamais aussi fort que le volume de tout à l'heure, ses tympans tapent encore, mais ça valait le coup, si ça a pu l'agacer un peu.



❝ et que de l'horizon embrassant tout le cercle❞



Un pas en arrière, de nouveau, même si elle a du mal à se coller au mur plus qu'elle ne l'est déjà. C'est pas franchement rassurant, la main d'Artiome qui se rapproche de son oreille. Elle rit pour compenser la gêne, l'incompréhension, le tumulte de pensées qui vagabondent dans sa tête, les milliers de neurones qui parlent entre eux, qui essaient de comprendre, qui s'agitent, qui paniquent, qui ne savent pas s'il faut fuir, poser sa main sur le mur, rejoindre son ombre, le seul endroit vraiment sûr, crier, s'énever, le pousser. Et quand ça s'agite comme ça dans la tête d'Astrid, il y a toujours cette petite voix qui lui dit rigole, Astrid, ça déstabilise les gens.

Dis le juste, si t'es amoureux.

Astrid rigole plus fort, mais elle garde ses distances, parce qu'elle n'est quand même pas rassurée, qu'elle n'arrive toujours pas à comprendre ce qui a pu se passer dans sa tête à lui pour qu'il se dise, allons voir Astrid, écoutons de la musique avec Astrid, je vais lui faire écouter un truc.
Elle aurait sans doute trouvé le moment un peu doux et serein, quoiqu'étrange, mais elle avait trop de mal à baisser sa garde. Parce que ça n'avait pas de sens, ce qui se passait, et Astrid, elle n'aime pas quand elle ne comprend pas, quand quelque chose lui échappe, quand on lui échappe. Et elle a beau tout tourner et retourner dans sa tête, rien ne lui apparaît comme réponse suffisante.

Malheureusement, tu dois t'en douter, mais je suis très prisée. Et en plus de ça, je fais pas de charité.


Elle se dandine, son sourire est large, elle passe ses mains dans son dos, elle écoute un peu distraitement les basses dans ses oreilles. Si elle n'était pas si farouche, elle aurait fini par détourner le regard. Mais Artiome, il bouche un peu toute la vie, et il est hors de question qu'elle baisse les yeux face à lui.

Astrid porte son index à son menton et le tapote en réflechissant. Elle marmonne un peu, elle hoche la tête et elle rit de nouveau. Elle ne sait pas si elle peut vraiment dire que ça se passe vraiment bien. Elle est dans son coin, recluse dans sa tête, dans ses pensées, les écouteurs dans les oreilles, l'esprit dans le brouillard, comme si elle était un peu droguée. Ses camarades de la classe E ne lui inspirent ni dégoût ni mépris, et elle pourrait même dire qu'elle les aime bien et qu'elle se sent presque à sa place. Elle pourrait.

Bien sûr. On sacrifie des vierges tous les soirs de pleine lune, on a instauré des petits ateliers aussi. Création de poupées vaudou, on fait des bijoux aussi. Je peux te tatouer " A la gloire de Satan " sur le bras avec du sang de chèvre, si ça t'intéresse ?


❝ il nous verse un jour noir plus triste que les nuits.❞
Juin 2021
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Sam 19 Juin - 2:07
Astrid & Artiome | Juin 2021



Artiome il laisse Astrid faire sa tirade, il laisse la blondinette aux traits tirés faire ses gestes mous, laisse sa voix légèrement s'élever pour parler d'un cliché que les gens perpétuent sans cesse -qui est peut-être vrai, Artiome n'en sait rien, il n'a jamais à se rapprocher de sa patrie russe, il n'a pas cherché à en savoir plus sur ce qu'il s'y passait.
Depuis le traumatisme d'enfance, le jeune homme est effrayé à l'idée de devoir remettre un pied là-bas, une peur dont il n'a toujours pas fait part à ses deux meilleurs amis, peut-être devrait il en parler afin de soulager ce poids qui creuse un peu plus sa poitrine lorsqu'on évoque ses origines.
Ses pensées s'égarent, il reste là, les yeux bercés par ceux d'Astrid, par son visage bien trop doux pour un pouvoir aussi obscur. Cependant il ne dit rien, écoute le son qui secoue dans les oreilles avant de l'arrêter en plein milieu pour finalement mouvoir sur Good Old-fashioned Lover Boy de Queen, sa chanson préférée, celle sur laquelle il revient au petit matin dans sa chambre, la clope au bec, le parfum de ses conquêtes au cou.
Artiome se met à rire lorsqu'elle évoque le fait de devoir se mettre à ses genoux, de lécher ses bottes et autres conneries qu'elle arrive à dénicher du fond de son étroit cerveau.
Il n'irait pas jusque là, mais pourquoi pas -ce sont les gens qui viennent à lui, ce sont eux qui alimentent ses envies, ses désirs, ses ressentis de grandeur, son envie d'être au sommet.
Et ce serait mentir que de dire qu'Artiome ne s'en gave pas, presque prêt à faire exploser ses veines gorgées de louanges, comme le Saint de cette école, prêt à s'envoler pour pavaner au dessus des éloges qu'on lui offre gracieusement.
 
  Mais Artiome il est pas vraiment comme ça : c'est pas une éponge comme on pourrait le croire, il aime l'ivresse des regards sur sa peau, qu'on le jalouse et que son statut soit une convoitise mais s'il n'avait pas tout ça, il s'en porterait tout aussi bien.
Lui ce qu'il aime par dessus tout, ce  qu'il veut, c'est être avec ses amis, être tranquille, rien de plus, un peu de musique, un peu de pluie.

Ah, je sais que t'aimerais bien, t'es pas la première ni la dernière.

La commissure de ses lèvres s'élargit, Artiome se met à rire alors que les paroles du son retentissent dans ses oreilles et il monte le son, se penche légèrement vers Astrid pour susurrer les mots qui s'enchainent. Des filles qui s'éprennent de lui, il y en a des tas à n'en plus finir, à n'en plus parler. Elles pensent toujours au prince charmant lorsqu'Artiome arrive un bouquet à la fin, des gourmandises à la main, mais loin de là.
Artiome il est comme Astrid, ils ne sont pas si différents : ce sont deux ombres qui se faufilent, qui glissent entre les personnes sans y prêter plus d'attention.
Parce qu'au petit matin, Artiome il redevient un simple garçon, épris d'un corps pour une nuit, de phalanges qui s'emmêlent et de baisers s'échangeant comme de vulgaires sucreries.
Rien de plus pour Artiome, tout ça, ça ne veut rien dire parce qu'au petit matin, il passe à autre chose, il marche silencieusement comme s'il n'y avait plus que lui. Lui et la musique qui tinte à ses oreilles, seulement eux.

Oooooh love
  ooh loverboy
What're you doin'  tonight
    hey, boy
Set my alarm turn on my charm
 That's because
I'm a good old-fashioned loverboy


Il pince sa lèvre, recule un peu et laisse son épaisse semelle caresser le sol avec rudesse avant d'hausser les sourcils, roulant des yeux lorsqu'elle évoque finalement Roméo et Juliette : après de longues minutes de paroles, elle revient sur ce sujet comme si de rien était, comme s'ils n'avaient pas parlé d'autre chose. Astrid elle est marrante, elle fait sourire Artiome parce qu'elle est a du répondant, elle se laisse pas faire et que lui, il aime les gens qui ont de la hargne, qui en ont à revendre, à cracher.
Artiome il ne sous-estime personne, ou alors pas volontairement. Il connait ses faiblesses mais aussi sa puissance, sa robustesse, sa facilité à s'échapper d'une situation difficile et son pouvoir lui permet facilement d'avoir l'ascendant mais il sait que parfois, les choses ne se passent pas comme prévus et que c'est inutile de se surestimer face à quelqu'un de plus gringalet que soi. Comme Astrid par exemple, il est sûr qu'elle pourrait à tout moment en faire un Cullen avec ses incisives acérées.

Sérieux ? C'est ça que tes copains et toi vous faites ? Décidemment, de vraies petits génies incompris n'est-ce-pas ?

Un haussement de sourcils, un petit air moqueur qui reste constamment sur sa gueule, Artiome se plaît à se moquer d'Astrid et à entendre son air cynique, à mirer son visage exténuée et là, il se demande pourquoi elle est aussi fatiguée Astrid, pourquoi toujours cet air si morose, si éteint.
Mais ce ne sont pas ses histoires, les plaintes des uns et des autres ne l'intéressent pas, ça ne l'atteint pas non plus -un cruel manque d'empathie qu'il dissimule tant bien que mal parce que ça fait pas propre sur le papier, que ça passe mal auprès des autres.


When I'm not with you
Think of you always
I miss those long hot summer nights
I miss you



Sa main s'écrase contre sa poitrine lorsqu'il chantonne avec autant d'entrain que la musique originale, s'approche de la jeune femme et lui attrape doucement les mains pour la faire bouger avec lui entre les livres.

Quand j'étais petit mon père mettait cette chanson tout le temps. Ils auraient sans doute du mettre ça comme hymne de la Russie, ça aurait été meilleur. je crois

Artiome réfléchit puis hoche la tête, fermement convaincu par ce qu'il raconte -il se doute qu'Astrid n'est pas des plus à l'aise alors il relâche son emprise, il trouvait ça amusant de se sentir comme à treize ans, de vieux mirages qui remontent parmi les myriades de fragments qu'il ressasse parfois, essayant de comprendre comment c'est arrivé, pourquoi.

 D'ordinaire si peu amical, Artiome pour aujourd'hui, il laisserait la musique porter ses mœurs loin de lui, ses aigreurs resteraient enfouies dans le creux de ses entrailles et son cynisme ne répondrait pas, pour aujourd'hui.

Everything's all right
Just hold on tight
That's because I'm a good old-fashioned loverboy

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Je veux juste une dernière danse avant l'ombre et l'indifférence ○ Astrid ♦
Sam 19 Juin - 14:54

LXXVIII


Astrid, si elle avait eu un peu plus l’habitude qu’on la touche, qu’on s’approche d’elle, qu’on la regarde vraiment et qu’on fasse un pas vers elle, ça ne l’aurait même pas fait sourciller, de partager un écouteur avec Artiome. Parce qu’elle sait que ça n’a pas beaucoup de sens à ses yeux, que le nombre de filles à qui il a du faire la même chose est stratosphérique.
Et puis, pendant un moment, elle se demande si c’est pas juste pour lui rappeler qu’elle a rien de spécial, que pour lui ce n’est rien d’autre qu’une énième fille qu’il essaie de glisser dans sa poche, par ennui, par amusement, par défi, pour un tas de raisons qu’Astrid ignore.
Sa tête tambourine toujours, des mots d’avertissement, des plaintes, des supplications pour qu’elle fuit, pour éviter le malaise, la gêne, pour éviter qu’une chose qu’elle ne veut pas voir arriver arrive.
Mais il y a toujours cette petite voix, cette petite ombre perchée sur son épaule, qui la lui tapote et qui susurre. Elle parle tout bas, la petite ombre, le son de sa voix est couvert par tous les cris qui peuplent le crâne d’Astrid. Et pourtant, elle n’entend que ce petit chuchotis, ce petit soupir qui lui chatouille l’oreille.

tu perds
jamais
astrid

Elle aime bien les défis Astrid. Elle ignore les plaintes apeurées de ses neurones qui se refusent à sortir de leur zone de confort. Elle garde la tête haute, elle toise Artiome, et elle sourit.
Elle a les mains qui tremblotent un peu sous ses larges manches, mais c’est parce qu’elle est fatiguée, pas intimidée, pas vrai Astrid ? Tu te laisserais quand même pas avoir par un type comme Artiome ? Ça te dit rien, les cages de terre et de roche ?




❝ quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle ❞



Elle porte ses doigts à son visage en soupirant et mime d’y essuyer une larme.
t’es pas la dernière t’es pas la première
C’est pour te déstabiliser, Astrid, te faire tomber du trône que tu as revendiqué, te cracher au visage encore et encore que t’es pas spéciale. Rigole, Astrid, ça ça les déstabilise.
Elle tire sa manche, la fait glisser sous son œil et elle renifle.

Comment tu peux dire que t’auras d’autres filles après moi... 

Elle porte sa main à son cœur et secoue la tête, comme si elle essayait de se remettre un instant de ses émotions avant de ricaner légèrement, un peu bas, comme si c’était plus pour elle-même que pour lui. Pour se dire, tu gères Astrid, tu contrôles bien la situation. Alors elle relève les yeux, elle sourit, toujours dans cet optique de défi, de provocations.
Le tempo a changé, elle continue de se dandiner un peu. Elle aime bien les vieilles musiques comme ça, elles la rassurent. Elles lui tapotent l’épaule et elles lui disent, c’est pas grave si le temps passe, Astrid, y a des trucs qui bougent pas, y a des trucs qui changent pas. Alors Astrid se laisse bercer par la musique, par un instant un peu bizarre, avec un type un peu bizarre. Parce qu’on aura beau dire ; Astrid elle est bizarre, mais Artiome doit l’être un peu aussi.

Il est peut-être juste de bonne humeur, c’est pas pour toi Astrid.

Arrête de regarder les mêmes films niais en boucle, Astrid, ça te fait fondre le cerveau en un claquement de doigts et on est pas là pour ça.
Et malgré tout, Astrid elle a les yeux qui s’arrondissent et qui se détournent, sans même qu’elle le veuille. Elle, elle aurait gardé le contact, elle aurait maintenu la provocation dans ses yeux. Mais des fois, c’est comme ça, on est plus faibles qu’on le voudrait, et Astrid, elle est faible, des fois.
Elle regarde ailleurs, elle sourit un peu bêtement. Elle essaie de faire un peu abstraction de la musique, de sa voix à lui, elle se répète en boucle les dômes les dômes les dômes. T’as pas oublié quand même, Astrid ? T’étais une gamine, qu’est-ce qu’il ferait aujourd’hui, maintenant que t’es grande, qu’il est grand, que ses chevilles ont gonflé, qu’il se sent fouler le monde ?



❝ sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis, ❞



Astrid hoche la tête distraitement et sourit de toutes ses dents. Elle se raccroche à ses vannes débiles, à ces choses qu’elle contrôle, qui lui sont familières. Ça l’apaise un instant, juste assez pour qu’elle se sente un peu mieux, un peu moins petite, un peu moins sous ses pieds.

Non mais, t’y crois toi ? On voulait réserver une salle pour un rituel satanique, la routine quoi, et on nous l’a refusé. Je comprends pas, tout le monde fait ça pourtant. 

Elle lève les yeux au ciel, comme si elle était profondément agacée. Elle se sent un peu plus sur terre, un peu plus en équilibre sur ses propres pieds. Pas sous les siens, pas à son cou. Par terre, stable, constante et immuable.
Elle se permet de chanter un peu bas, un air entraînant drôlement différent de ce qu’elle écoutait dans son coin. Elle se détend, elle se laisse aller au moment un peu, parce qu’il n’y a personne autour, parce qu’il n’y a personne pour vraiment les juger, et qu’elle se dit
pendant un petit moment
qu’elle peut bien en profiter
même si c’est faux,
même si ça veut rien dire pour lui
parce que c’est comme s’ils étaient un peu sous un dôme. Mais elle est pas toute seule, là, alors tout va bien.

Tu regardes trop de films d’amour, Astrid, c’est nul. Si t’en regardais pas, tu rougirais pas, là. Tu prends des couleurs trop vite, tellement t’as la peau pâle.
Tu regardes trop Orgueil et Préjugés, Astrid, c’est nul. T’as fini par croire que c’était comme ça, l’amour, un type qui vient sous la pluie pour te dire

you have bewitched me
body
and
soul

C’est peut-être pour ça que t’y connais rien, à tout ça, parce que y aura pas de type pour t’attendre au milieu d’un champ, sans parapluie, pour te dire

i love
love

love
you

Tu le sais, et pourtant ça t’empêche pas d’être toute rouge, c’est bête quand même ?
Elle reste un peu bouché bée sur le moment, Astrid. Qu’on lui prenne les mains, qu’on lui parle doucement, d’un truc anodin, qu’on réponde à une blague qu’elle fait trop souvent. Qu’on lui dise j’aime bien cette chanson, qu’on choisisse de la partager avec toi.
Elle sourit un peu, et malgré le regard un peu vide, un peu ailleurs, c’est sincère. Elle serre un tout petit peu les mains qui la serrent, elle bouge ses pieds un peu maladroitement. Elle a envie de répondre, mon père à moi il aimait
Mais il aimait quoi ton père, Astrid ?



❝ et que de l'horizon embrassant tout le cercle❞



Les mains se lâchent, et elle les cache de nouveau sous son sweat-shirt. Pour les tâter, pour sentir un petit peu la chaleur qui émane encore un peu de ses doigts tout engourdis. Elle le regarde un moment, elle se dit c’est bête que t’aies grandi comme ça, mais elle lui dira pas, à Artiome. Elle le pense, mais elle le dira pas.
Elle tapote ses mains plus forts, elle réfléchit, et elle se penche pour attraper le téléphone du garçon en face d’elle. Rigole, Astrid, ça les déstabilise. Elle cherche dans sa tête, parmi les cris et la panique, un truc niais, un truc débile, elle ricane tout bas, elle met la musique. Astrid lui rend son téléphone, elle se penche, elle mime d’embrasser le vide, les yeux fermés, les mains dans le dos. Ça va mieux quand tu rigoles, Astrid, tu sens moins tes joues toute rouges, et ces oreilles, mon dieu.

Celle-là c’est rien que pour toi, mon chat.

Elle se redresse, chantonne plus fort, elle reprend la main, elle chante à tue tête everything is new, elle se dandine à nouveau sur ses pieds incertains et elle regarde autour d’elle everything is you.

C’est dommage quand même, Astrid, qu'il y ait pas de type pour venir te dire

i love
you
most

ardently


❝ il nous verse un jour noir plus triste que les nuits.❞
Juin 2021
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Artiome Jeglov
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Je veux juste une dernière danse avant l'ombre et l'indifférence ○ Astrid ♦
Sam 19 Juin - 19:52
Astrid & Artiome | Juin 2021


I'd like for you and I to go romancing
Say the word, your wish is my command

Les sens s'emmêlent et Artiome, il peut sentir les paumes froides d'Astrid se serrer dans les siennes jusqu'à s'en détacher et lorsqu'il jette un coup d'œil vers le visage pourtant si pâle de la jeune femme, il en voit des couleurs bien trop vives pour qu'on ne remarque rien. Mais Artiome se tait, se contente du même sourire taquin Il n'y a pas besoin d'en rajouter sur ce qu'il se trame devant lui, lorsqu'on s'approche un peu trop près d'une Sainte Nitouche, d'une fille pas vraiment à l'aise socialement, trop recluse, qui s'écarte du chemin qu'on impose aux gens en général. Astrid elle est bien trop différente et pourtant, si on regarde un peu mieux au soupirail, il y a des choses qui ne changent pas, qui ne changeront jamais. Car est ainsi faite la vie, qu'il y a des manières de faire qui restent incrustés et qu'Astrid, si on regarde un peu son comportement, sa façon de faire, sa façon d'être, c'est toujours la même enfant qu'autrefois avec les problèmes qui s'accompagnent lorsqu'on grandit.

Ne sois pas triste. Elles disent toutes que je ne suis pas un garçon bien, tu finirais par dire la même chose et ça me briserais le cœur tu sais.

C'est à son tour qu'Artiome porte la main à la poitrine du côté de son organe vital, toujours à la regarder, elle et son épais sweat qui ne laisse pas voir une seule frontière de peau, même son faciès aux airs tendres se fond dans les ténèbres de sa mélancolie, niché sous cette épaisse capuche. Un gâchis qui aux yeux d'Artiome, serait presque sacrilège. Mais qui est-il pour juger le style vestimentaire de qui que ce soit, quand lui-même se fringue principalement de noir et surtout, de façon basic contrairement à certains ici qui ont su développer un style allant dans le sens de leurs personnalités, de leurs différences.

Artiome il n'y a pas grand chose qui puisse le différencier physiquement excepté sa belle gueule et son corps d'athlète, mais si on retire ça au jeune homme, il n'y aurait plus rien pour lui ouvrir certaines portes avec autant de facilité. Il n'aurait que son tempérament trempé qui, avouons-le est toujours plus charismatique sur un vrai connard à la belle tronche plutôt qu'un type aux allures douteuses. Et Artiome, il est ce connard charismatique qui aime plaire et séduire parce que c'est plus facile comme ça la vie, plus facile d'obtenir les redevances de certains sans avoir à trop en faire.


What're you doin' tonight, hey, boy?
Everything's all right
Just hold on tight
That's because I'm a good old-fashioned  loverboy



Sa voix qui accompagne brièvement celle d'Astrid, il la regarde, l'air de dire tu peux chanter Astrid tu sais, t'es pas toute seule là, c'est plus marrant quand les voix se mélangent, que les échos se fondent l'un dans l'autre, qu'ils soient impossible à discerner.

Mais les gens ils en attendent toujours trop d'Artiome, il a essayé plusieurs fois de s'impliquer dans des relations plus intimes, des relations allant au delà qu'un simple échange charnel d'une nuit, mais ça fonctionne jamais.
Artiome il y arrive pas, ça bloque dans son ventre, ça bloque dans ses mains, ça bloque dans sa gorge. Quand on lui demande de se montrer plus tendre, plus gentil, plus câlin, d'arrêter de ne penser qu'aux cours, aux entrainements, de voir un peu plus loin que ses deux potes et sa tranquillité, il y arrive pas.    Alors Artiome on lui répète qu'il est égoïste, qu'il pense qu'à lui, qu'à son propre confort et que c'est un connard, rien que pour ça, que c'est normal qu'on finisse par lui en vouloir.
Mais lui, il le voit pas de cette façon et il ne dirait pas que c'est injuste qu'on lui crache à la gueule qu'il est égoïste, parce que s'il était si ingrat il ne prendrait pas la peine d'essayer, il essaierait pas de faire les choses même si c'est compliqué, même si ça ne mène à rien.
 
Qu'en fait, c'est voué à l'échec.

Alors Artiome il n'essaie plus maintenant, il laisse les oiseaux venir à son nid, il ne s'entête plus des non-dits, il ne s'exprime plus sur ce qu'il ressent lors de ses longues nuits au clair de Lune, Artiome il rompt le contact quand les choses s'enveniment, que ça s'amourache un peu trop, autant de son côté que de l'autre. C'est une habitude, à force, on s'y habitue, on se prend au jeu. Même si ça écaille le cœur. Même si.

Incroyable. Ils ont pas le droit tu sais, tu devrais poser une main courante au conseil des élèves, ils devraient pouvoir faire quelque chose. Je pourrais appuyer ta demande, ça fait toujours plus propre quand ça vient d'en haut tu vois.

Son épaule quitte finalement l'étagère contre laquelle il était appuyé, se redresse et vient craquer le bas de ses reins tandis que de sa main droite, Astrid en prend le portable pour y faire tourner une nouvelle musique. Abba. Et ça, ça le fait rire, vraiment.
Et Astrid aussi elle rit, elle rit beaucoup, peut-être trop, mais ça le fait sourire, il est habitué aux gens qui rigolent à force, même si on ne le dirait pas, qu'il ressemble à un ours mal léché et que ses copains aussi, ils leur arrivent de rire, de s'amuser -souvent.


I wasn't jealous before we met
Now every woman I see is a potential threat
And I'm possessive, it isn't nice
You've heard me saying that smoking was my only vice



Sa voix s'éclaircit et il ne peut s'empêcher encore de se marrer lorsqu'il voit Astrid se dandiner de la sorte, comme une enfant. Encore.
Alors Artiome laisse sa tête se tordre vers l'arrière lorsqu'il élève la voix, comme s'ils étaient seuls sur Terre, comme si les galaxies s'étaient éteintes et qu'à présent, il ne restait qu'un fragment de quelque chose, une pièce d'un quelque chose dont ils étaient les seuls acteurs.

Je savais pas qu'on se donnait des surnoms au fait, mon chat.

Artiome se penche vers le visage d'Astrid, suffisamment pour pouvoir susurrer ses mots, les yeux dans les siens, un sourcil arqué et le sourire qui s'élargit un peu plus lorsqu'il marque la fin de sa phrase d'un surnom affectif. Artiome les surnoms mignons, ça ne le gêne pas le moins du monde, il y est bien trop habitué avec Elynn, parfois avec King même si ça reste bien plus rare que la rousse.
Alors il recule un peu, il laisse la musique tourner dans ses oreilles, il fredonne puis regarde derrière lui lorsqu'un élève cherche à s'avancer vers eux. Alors Artiome il retire l'écouteur à son oreille et lui ordonne d'aller voir ailleurs, que là, ils sont occupés et lui, il ne cherche pas à savoir, il s'en va, il laisse les amants entre les livres, cloisonnés entre les tragédies et les comédies, à cet instant il se demande ce qu'adviendra de ce futur qu'ils sont en train de construire, de certainement changer.

Je suis sûr tu vas aimer celle-là. Au fait t'as pas chaud avec ton pull ? T'es vachement rouge.

Et Artiome lui jette une œillade malicieuse avant de switcher sur My Best Friend, mais cette fois il s'avance vers Astrid pour la forcer à reculer jusqu'à s'asseoir sur le banc de bois, collé contre le mur. Il en a assez d'être debout, alors il s'installe, laisse le rythme venir fouler le sol avec sa chaussure, tout en regardant brièvement autour de lui.
Artiome il aime les tragédies, on sait d'ores et déjà que les personnages finiront avec un destin funeste, que rien ne pourra les sauver, pas même le lecteur qui ne fera qu'assister à leurs chutes imminentes.

I like being sad
It's the bestest friend I've ever had
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Je veux juste une dernière danse avant l'ombre et l'indifférence ○ Astrid ♦
Dim 20 Juin - 20:00

LXXVIII


Astrid elle en a entendu des choses, sur Artiome. C'est un peu une commère en fait, Astrid, et elle aime bien écouter ce qui se dit autour d'elle, les bruits de couloirs, ce que les autres chuchotent lorsqu'ils se cachent dans un coin de la cour, entre deux rayons de la bibliothèque.
Artiome il s'est jamais défendu sur ce qu'on disait à son sujet. Pas seulement parce que c'était vrai, mais peut-être surtout parce que c'est pas grave, c'est rien, c'est pas dramatique. Et Astrid a toujours eu l'impression que, malgré ce que disaient les autres, ça ne les dérangeait pas, qu'il soit comme ça, parce qu'il y avait toujours quelqu'un pour lui courir après, quelqu'un pour se faire avoir, quelqu'un pour aller se plaindre à ses amis qu'au final, y a pas eu grand chose, ça s'est arrêté aussi vite que ça a commencé.

Pour autant, elle n'est pas sûre d'avoir entendu que c'était pas un " garçon bien ". Et quand bien même elle l'aurait entendu, Astrid ne l'aurait pas avalé. Parce qu'il est pas mauvais, juste bête selon elle. Et même ça, Astrid elle a beau se le répéter, elle n'y croit pas trop. Elle ne lui en veut pas, mais elle a envie des fois. Elle a envie de trouver un coupable, quelqu'un à désigner du doigt, quelqu'un qui sera responsable de sa solitude - et Artiome ce serait facile de l'élever en coupable, parce qu'il n'a ni voulu d'elle ni de son amitié, que c'est sans doute le premier à avoir fait naître une telle anxiété chez elle qu'elle a fini par ne plus s'approcher des autres. Alors elle se dit qu'il est bête, c'est une façon d'admettre sa responsabilité sans pour autant se perdre dans la haine et la rancoeur.



❝ quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle ❞



Mais il est pas bête, Artiome. Il a compris comment on se fait une place dans le monde, comment on se fait aimer, aduler, comment on s'élève, comment on reste tout en haut. C'est peut-être bien lui, le plus intelligent de vous deux, Astrid. Ou le plus courageux, peut-être.

Wow, ça doit être dur d'être si populaire, hein ? Quelle idée de parler des guerres, de la pauvreté dans le monde, alors qu'il y a plus grave que ça, hein...

Astrid lève les yeux au ciel, un grand sourire aux lèvres. Elle se moque, mais elle se demande bien si elle, elle pourrait supporter autant de regards sur elle, autant d'attention. Elle a déjà l'impression de suffoquer par la simple présence d'Artiome, alors toute une école.
Astrid inspire longuement, joint ses mains contre son coeur, et un avec un peu d'appréhension, elle s'approche un peu et colle légèrement son épaule contre le torse du jeune homme. Elle se concentre sur sa blague, sur les idioties qui lui passent par la tête, son jeu d'acteur qu'elle considère comme impeccable, la prestation qu'elle ne doit pas rater. Elle penche la tête en arrière pour le regarder, l'air profondément triste. Elle fait la moue, comme si on venait de lui briser le coeur. Elle soupire de manière trop dramatique pour être sincère, elle ferme les yeux, elle secoue la tête.

Oh mais dis pas ça enfin, jamais de la vie. Un jour j'aurai des enfants, et je leur parlerai de toi comme l'unique amour de ma vie, mais qu'en tant que vampire, tu vois, j'avais trop peur de faire du mal au simple humain que tu es, tout faible et tout fragile, et de comment je dois vivre pour l'éternité avec le regret de t'avoir laissé partir.

Astrid se recule, elle lui sourit de toutes ses dents et ses bras retombent mollement le long de son corps. Elle tire sur ses manches, baisse les yeux vers elles. Elle a encore l'impression que ses doigts sont encore un peu engourdies, et elle essaie de se souvenir de ce qu'elle a fait après s'être levée - elle a l'impression d'avoir passé la matinée dans son ombre, parce que là, elle est trop épuisée, trop fatiguée, ça a du mal à passer, et elle aimerait bien retourner s'assoir dans le coin pour dormir juste un peu.

Mais elle peut pas vraiment aller s'allonger, Astrid. C'est pas souvent qu'on vient lui tenir compagnie, c'est pas souvent que c'est doux comme ça. Demain, Artiome il aura de nouveau oublié qu'elle existe, qu'ils sont dans le même établissement. Il vaquera à ses occupations, Astrid aux siennes, et elle ne pourra plus que s'accrocher à un petit instant de complicité échangé un peu par hasard, entre deux livres, au détour d'une étagère. Elle aime bien la solitude, elle s'y est habituée. Au silence dans sa chambre, aux écouteurs dans ses oreilles, aux symphonies un peu trop tristes.

Et là, pourtant, Astrid, elle a envie que ça dure, de ne plus sentir qu'un écouteur dans son oreille, parce que l'autre, elle le partage avec quelqu'un. Qu'on lui dise, j'aime bien cette musique là, qu'elle se moque des goûts musicaux, qu'on se moque des siens, qu'on rigole, qu'on se fende la poire, qu'on se dise au revoir, à demain, je t'envoie un message après les cours on peut se faire un truc ?



❝ sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis, ❞



Alors Astrid, elle profite de l'instant, elle profite d'un sourire un peu plus sincère que d'habitude, d'une sérénité qui ressemble vraiment à ce que ça devrait être, la sérénité, pas à de la nostalgie, de la mélancolie qu'on essaie de déguiser. Elle aurait bien envie de lui dire merci d'être venu me parler, mais elle est pas comme ça Astrid, elle parle pas de ce qui flotte dans son coeur et dans sa tête, elle parle pas de ce qui la tourmente, elle parle pas d'elle, et quand bien même elle essaierait, qu'est-ce que ça peut lui faire, à Artiome ? Il a d'autres choses qui flottent dans son coeur et dans sa tête, il a pas la place pour ça. Elle dit juste merci avec le sourire, avec le câble de l'écouteur qu'elle garde tendu entre eux, lien un peu fragile et éphémère qu'elle ne brise pas.

Et avec tes oreilles rouges, Astrid, tu crois quand même pas qu'il a pas vu que t'avais la gueule écarlate ?

Astrid acquiesce, elle hoche la tête, comme s'ils étaient en train de conclure un contrat important. Elle tend sa main pour s'emparer de la sienne et la serrer vigoureusement. Artiome il a ce côté rassurant, parce qu'elle a pas peur d'avoir l'air bizarre. Elle sait qu'il doit se dire que quand même, elle est un peu à l'ouest, tout le monde se dit ça, c'est comme ça, c'est pas grave, d'être à l'ouest, il faut de tout pour faire un monde. Mais Artiome, il s'immisce dans ses blagues, il y répond, il relance, il lui donne matière à sourire et à rire. Elle aimerait bien lui dire, merci de pas me remballer, au moins aujourd'hui, mais elle est pas comme ça Astrid, elle lui dira pas ce qui flotte dans son coeur et dans sa tête.

J'osais pas te demander, mais si tu proposes si gentiment de te porter garant pour ma proposition. J'envisage aussi d'organiser des sabbats de sorcière, si tu pouvais me soutenir pour ce projet là aussi, et nous fournir en jeune fille pures aussi, tu dois en connaître pas mal, non ?

Astrid a les yeux qui pétillent, le sourire qui brille. Son corps continue de se balancer au rythme de la musique, elle ose, de temps en temps, chanter un peu, mais elle a pas trop l'habitude de faire ça avec du monde autour, en dehors de sa chambre. Artiome il est plus dévergondé que d'habitude, apparemment, parce qu'Astrid, elle se souvient pas trop de l'avoir déjà vu comme ça, de le voir pencher la tête vers les étoiles pour faire vibrer ses cordes vocales, pour laisser les paroles s'envoler, s'écraser dans les oreilles d'Astrid, les enlacer, s'y loger, s'y installer.



❝ et que de l'horizon embrassant tout le cercle❞



C'est presque automatique ; Astrid lève sa main et écrase légèrement sa paume sur le visage qui s'approche du sien - elle ne sent déjà pas très en forme, il ne faudrait pas non plus qu'on provoque un malaise. Elle le force à reculer en ricanant, et de sa main libre elle attrape maladroitement un livre sur l'étagère.
Rigole. Astrid.

Haha, c'est pas le premier pourtant. Tu vois, Mr Premier-de-la-classe, Aristote il fait état du premier surnom que je t'ai donné dans la Poétique, regarde, c'est écrit là. Gros débile. C'est pas moi qui le dit, c'est Aristote. Après, si tu préfères mon chat...

Astrid enlève sa main de son visage et, à la place, soulève le livre pour lui montrer une page au hasard. Elle garde le livre entre eux, de sorte à ce qu'il ne puisse plus la voir, et à ce qu'elle ne puisse plus le voir non plus. Parce qu'Artiome il sait se servir de ses yeux et de son visage, et qu'Astrid elle ne sait pas trop comment on se bat sur ce terrain-là - et elle n'engagerait pas un combat qu'elle ne peut pas gagner.
Astrid repose le livre après sa présentation. Artiome, grosse brute, il ne lui demande pas même, viens on s'assoit, ou alors, attends je vais me poser sur le banc. Il s'avance pour qu'Astrid recule, et pendant un moment, elle le toise, sans bouger, jusqu'à ce qu'elle soit obligée de le faire. Elle grogne, elle râle, elle se laisse tomber sur le banc, elle s'avachie, mais elle est bien contente de pouvoir reposer ses jambes.

Regardez moi, j'ai des gros muscles, je suis trop beau, écartez-vous...

Astrid fait la grimace, la voix grave comme pour imiter la voix rauque de son camarade, elle fronce les sourcils, elle lui jette un regard en coin, elle agite sa main entre eux. Elle se laisse un peu plus tomber contre le mur, tend ses jambes devant elle.
La remarque ne la fait pas sourciller. Elle joue avec ses manches en souriant, penche la tête contre le mur pour le regarder et secoue la tête. Il se moque, il sait ce qu'il a fait, ce qu'il fait encore. Mais Astrid, elle est au moins aussi bonne que lui à ce jeu-là, c'est ce qu'elle se dit.

Pas du tout. C'est notre couleur de peau naturelle, en Suède, tu savais pas ? Et encore, y en a qui sont rouges comme des camions hein. C'est quoi cette ignorance, ça va, l'intolérance ?

Elle secoue la tête, la bouche un peu entrouverte, comme profondément choquée par ce qu'il vient de dire. Ses yeux se portent sur l'écran, elle essaie de voir ce qu'il va mettre avant même d'entendre la musique et elle sourit. Elle connaît, elle aime bien, elle écoute ça quand elle a envie d'un truc qui lui fasse du bien. Et elle se dit que c'est quand même une drôle de coïncidence, qu'il lui fasse écouter un truc qui lui apporte tant de réconfort, sans même le savoir. Elle balance ses pieds de droite à gauche, et elle chante, fort, parce que tant pis, elle aura qu'à gueuler, la documentaliste, c'est pas son problème.

Can you feel me in your veins ?




Astrid tend un peu plus son pied pour attraper son sac à dos qu'elle a laissé dans le coin où elle était. Elle passe son pied dans une des anses et le rapproche d'elle. Elle sort des post-it d'une des petites poches du sac, cherche un stylo. Elle hésite un moment, le stylo suspendu dans l'air, puis elle écrit rapidement, d'une écriture tout aussi tremblante que son être. Elle griffonne des titres de chansons qu'elle aime bien, des trucs qu'il aimerait bien aussi de ce qu'elle entend, et elle se tourne pour le coller sur son front, en silence.

Will you free me ?





❝ il nous verse un jour noir plus triste que les nuits.❞
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Artiome Jeglov
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Je veux juste une dernière danse avant l'ombre et l'indifférence ○ Astrid ♦
Ven 25 Juin - 16:26
Astrid & Artiome | Juin 2021


Une main froide qui s'appuie contre son visage, Artiome ne voit qu'entre les fissures des phalanges d'Astrid, il regarde la blonde tout sourire, lui lèche la paume pour qu'elle se retire un peu plus vite, parce que Artiome il n'aime pas vraiment qu'on le touche au niveau du visage, pas parce qu'il est timide ou quoi que ce soit, mais parce que c'est intime, qu'il préserve sa belle gueule pour la compagnie de nuit, plutôt que celle de la journée.

Je préfère chaton à gros débile, quand même, mon chat.

La musique cogne dans son tympan gauche et Artiome tape du pied, la laissant s'immiscer entre eux puis il sourit. Il sourit toujours, depuis le début Artiome il n'a pas arrêté, parce que Astrid elle a beau avoir l'air recluse de la sorte, à ne pas vouloir se mêler aux autres, elle est tellement bavarde qu'elle ne doit même pas s'en rendre compte. Finalement peut-être que ça lui manque, de pouvoir entendre les autres lui répondre. Qu'elle sache que les autres, savent qu'elle existe, qu'Astrid n'est pas qu'une simple ombre dans la pénombre. Qu'elle est plus que ça, mais c'est dur d'y croire et même si Artiome ne se sent plus vraiment coupable par rapport aux choses passées, dans un coin de sa tête, il sait que ça vient un peu de lui, juste un peu, qu'il aurait pu être plus sympa, plus gentil, plus agréable.

Mais le cruel manque d'empathie d'Artiome lui joue trop souvent des tours, à ignorer la souffrance des autres, les aigreurs et les jugements, simplement là à se pavaner, à se moquer de tout jusque lui-même. Alors ses mains s'embrassent, il serre puis tourne légèrement la tête vers la jeune fille, hausse les épaules avant d'étendre ses jambes.
Il rigole aussi Artiome, parce que là, il a l'impression d'entendre Astrid le décrire comme une Miss, à vouloir défendre des causes honorables dont tout le monde se fout. Même elles probablement, mais on ne peut pas vraiment en vouloir aux filles de se conditionner à ce que la société leur inculque.
Alors Artiome, il se penche vers Astrid, retire l'écouteur pour profiter pleinement de la voix tiraillante de la jeune femme.

J'te jure. C'est fatiguant d'être adulé comme ça, t'imagines pas Astrid.

Son dos retrouve le mur légèrement cabossé derrière lui, il remet l'écouteur puis ferme les yeux. Astrid elle déblatère toujours, un torrent incessant de mots, de réflexions saupoudrées d'humour qui ne fait même plus tiquer le grand brun. Astrid c'est un peu un livre ouvert, si tu prêtes attention à elle, tu sauras à peu près ce qu'elle pense, si quelque chose la chiffonne, avec le temps Artiome il analyse les gens, il essaie d'en savoir sur eux sans avoir à trop parler, à trop en dire, mais avec Astrid c'est tout de suite plus facile.
Alors ses phalanges se détachent pour venir tenir ses propres genoux, l'échine qui flanche vers l'avant afin de la faire craquer

Quel destin tragique pour une aussi jolie vampire que toi Astrid. J'en serais presque triste de savoir que tu veux avoir des enfants avec un autre type que moi. Je ferais un excellent père, et un excellent vampire.

Son visage se détourne vers Astrid à qui il lance un clin d'œil avant de se redresser, changeant alors la musique sur Survive, rythme entrainant sur lequel sa gorge grésille, ses cordes vocales réagissent et se meuvent.
Artiome reste dans cette position, avachi vers l'avant, contemplant le sol sans perdre une miette de ce que propose Astrid, et puis il y pense.
Que dans un autre univers, un autre monde, Artiome peut-être il serait resté chez lui, en Russie, avec son père, à profiter de ce que les contrées lointaines avaient à lui offrir mais dans cette réalité là, tout est différent, tout est brutal, brusque, ça offre un goût amer sur la langue quand tu y fais attention, que tu prêtes attention à tout ce qu'il se trame autour de toi.
Tout pourri et toi en premier, ça fait mal et t'y peux rien, tu dois faire avec, parce que c'est comme ça, que c'est la vie et que contre elle, tu peux juste subir tout en essayant de t'en sortir.

Astrid elle, Artiome il ne sait pas trop mais il est presque sûr qu'elle agit passivement à ce qu'il se passe autour d'elle, que les conséquences de la vie sur elle ne lui font ni chaud ni froid, qu'elle est trop accablée pour essayer de sortir de sa routine cinglante.
Puis Artiome là, il lève la main pour en extraire légèrement l'écouteur afin d'entendre Astrid qui se lâche, avec un si grand sourire qui éclaire un peu son visage, plus que d'habitude en tout cas, elle qui est parait si triste, si terne.

Pas de soucis pour ça. On me donnerait le bon dieu sans confession tu sais. Par contre pour la fille, ça j'en ai pas en stock. Mais toi, tu dois en connaître non ?

C'est dur d'empêcher la commissure de ses lèvres de se relever, mais il ne peut s'en empêcher et puis ses dires sur son physique auparavant, il n'a pas envie de revenir dessus, mais c'est plus fort que lui. Artiome se redresse, abaisse les manches de sa chemise et tape avec sa paume droite son torse, laissant ses bras apparaître aux yeux d'Astrid.
Son physique, il ne s'en plaint pas, il s'aime comme il est, pas trop costaud, juste ce qu'il faut, assez de force pour écraser la majorité des insignifiants de l'école, une belle gueule à en faire pâlir les autres, ça lui suffit. C'est bon comme ça.
Et puis Astrid parle enfin de ses origines, il connaît la jeune fille, pas très bien, certainement pas assez pour savoir qu'elle venait de Suède, il sourit à nouveau, s'approche encore, laisse presque sa tête tombé contre la sienne -jusqu'à qu'elle le repousse encore, comme elle le fait si bien.

Vraiment ? Je pensais que c'était parce que vous étiez tous des gros pochtrons. Toi aussi Astrid tu t'enfiles des caissons de bière le soir ?

Artiome baisse le regard afin de la voir, sa capuche le gêne alors il la retire afin de poser sa joue contre sa chevelure blonde. Sans hésiter, il prend une mèche entre ses doigts et tire doucement, un sourcil arqué.

C'est un truc d'émo, de pas se coiffer ?

Un gloussement, il se redresse pour la laisser respirer avant de baisser le regard sur ce qu'elle fabrique depuis plusieurs minutes déjà -il n'a pas vraiment prêté attention, mais elle semble écrire et lorsqu'elle dresse la colonne à son tour, elle dépose sur son front un papier.
Il ne bronche pas, attend quelques secondes puis attrape le papier afin d'en lire le contenu.
C'est à son tour : Artiome prend des doigts fins d'Edward le stylo et un post-it pour y noter les chansons qu'il aime, celles qui le font frissonner, qui le font vibrer, puis le colle sur le front  d'Astrid tout sourire.

On en est là alors, à se donner des surnoms, à se partager nos playlist ? C'est quoi la prochaine étape mh ?

Il ne fait que la titiller, l'embêter, mais Artiome il ne pense pas vraiment à une relation avec Astrid, elle est trop innocente, trop instable, ça se voit. Qu'adviendrait-il d'elle, si elle le prenait pour un type vraiment sympa ? Artiome il ne se pense pas gentil, pas aimable, pas de cette façon. Mais il sourit quand même, il demande, il cherche, parce qu'il est comme ça et qu'Astrid, même s'il a été un con, qu'elle semble complètement à l'ouest, un peu bizarre, il l'aime bien et ça, il n'est pas sûr que ça puisse changer.
C y a l a n a


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Je veux juste une dernière danse avant l'ombre et l'indifférence ○ Astrid ♦
Dim 27 Juin - 23:05

LXXVIII


Astrid retire sa main dans un cri de dégoût, elle grimace, elle essuie vivement sa main sur l'épaule du jeune homme et elle le bouscule un peu. Elle glousse un peu, tout bas, discrètement, elle secoue sa main et elle la regarde, comme si elle allait se décomposer, brûler et tomber sous ses yeux. Elle finit par relever les yeux vers lui en souriant et elle se décale un peu.

Tu sais, c'est pas parce que c'est acceptable pour ton chien de lécher tout ce qui bouge que ça l'est pour toi aussi. Gros crasseux.

Astrid joue avec ses post-it, elle regarde Artiome s'appuyer contre le mur, se contortionner pour s'étirer. Elle profite de ses paupières fermées pour l'observer un peu plus, se sentir un peu nostalgique, se redire qu'ils ont bien grandi, se redire que c'est dommage. Elle baisse les yeux, dessine sur ses petites feuilles colorées et reste silencieuse un moment. Elle réfléchit, elle ne sait pas trop à quoi. Elle laisse ses pensées vagabonder un petit instant, elle garde ses yeux sur lui, parce qu'il regarde ailleurs, il regarde le sol, et qu'elle se sent moins intimidée quand elle ne sent aucun regard sur elle. Astrid sourit légèrement, elle répond au clin d'oeil en levant les siens au ciel. Peut-être que si t'avais été une enfant moins emmerdante, Astrid, les choses auraient été différentes.



❝ quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle ❞




T'as aucun flair pour le dramatique... Qu'est-ce qu'il y a de poignant, de bouleversant et de tragique à ce que tu sois le père de mes enfants ? T'as déjà regardé Twilight ?

Astrid fait les gros yeux, tend son petit bloc de post-its pour l'abattre sur sa tête. C'est étrange, si peu d'attirance pour le dramatique, pour un type qu'elle voit souvent près des tragédies. Elle lève les yeux pour regarder de nouveau les livres autour d'elle. Ce serait sans aucun doute des choses qu'elle aimerait, si elle n'était déjà pas assez déprimée toute seule - elle n'a pas vraiment que quoique ce soit d'autre la rende un peu plus triste qu'elle ne l'est déjà.
Astrid se redresse un peu et replie ses jambes pour venir coller ses genoux à sa poitrine. Elle le fixe longuement, un peu incrédule, elle se demande pourquoi elle elle en connaîtrait, des filles comme ça. Elle plisse les yeux, elle se demande s'il a compris ses allusions ; et s'il les a compris, pourquoi il les lui renvoie, comme ça ? Ca veut dire quoi ? On a jamais vu Astrid aller dans la chambre de quelqu'un d'autre la nuit, pourtant...

Elle se gratte la joue, elle plisse les yeux, et elle finit par se détourner vers lui. Il se montre, il relève la manche de sa chemise, contracte son bras, et Astrid ça la fait rire vraiment, un peu. Elle a rien à montrer Astrid, mais elle soulève quand même sa manche aussi pour coller son bras à sa poitrine et le contracter.

Pourquoi j'en connaîtrais, moi ? C'est pas toi, le mec en chien ?

Grand sourire aux lèvres, Astrid détourne le regard. C'est ce qu'on dit, en tout cas. Au final, hormis des non-dits, qu'est-ce qu'elle en sait, Astrid ? Qu'est-ce qu'elle sait d'Artiome, au final, Astrid ?




❝ sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis, ❞



Pendant qu'elle réfléchit, qu'elle se demande, qu'elle s'interroge, d'un coup, sur ce qu'elle sait vraiment de ce type, Artiome il la cherche, il l'emmerde, il la touche, il enlève sa capuche, et Astrid, à part râler, rougir, à part lever les mains pour les coller sur son visage pour le repousser - avant de les enlever aussitôt par peur qu'il ne lui lèche encore la paume - elle ne peut pas faire grand chose. Elle garde la tête résolumment baissée, elle tripote son stylo nerveusement, elle retient sa respiration. Elle se sent presque à nue sans sa capuche, et elle évite son regard même quand elle se redresse un peu, qu'elle relève le menton fièrement et qu'elle ricane.

Mais t'es pas russe, toi ? T'es vraiment en train d'essayer de parler d'alcoolisme avec moi ?

La capuche se relève, retourne cacher le visage d'Astrid dans la pénombre, là où il devrait rester, là où elle devrait rester. Discrètement, elle jette un regard vers ses cheveux, elle se demande si elle est si mal coiffée que ça - elle sait pourtant que ses cheveux, c'est une horreur, qu'ils sont trop longs et trop épais. Mais elle se pose quand même la question, elle se demande vraiment, il me trouve si mal coiffée ? T'as l'air de quoi, là, Astrid ?


❝ et que de l'horizon embrassant tout le cercle ❞



Elle se racle la gorge, récupère le post-it qu'elle glisse précieusement dans la poche de son sweat. Elle se redresse, récupère son sac et se détourne vers Artiome. Elle est toujours toute rouge, elle trifouille la fermeture de son sac, mais elle a le menton fièrement relevée Astrid.

Ben la prochaine étape, c'est que tu vas dans ta chambre et tu écoutes. Je vais dans la mienne et j'écoute. Rien d'autre. Tu te fais des films, mon chat.

Astrid elle aura peut-être jamais autant souri qu'aujourd'hui. Elle sait que c'est éphémère, que demain est un autre jour, qu'Artiome et elle ils se parleront  peut-être plus avant longtemps, qu'il faudra peut-être que d'autres années s'écoulent avant qu'ils ne s'adressent la parole. Et Astrid elle sent déjà que ça lui fait mal, alors elle préfère partir maintenant, couper court à la conversation, avant que ce soit elle qui se fasse des films et qu'elle se dise qu'ils peuvent être un peu amis, au final.



❝ il nous verse un jour noir plus triste que les nuits.❞
Juin 2021
Bibliothèque
Artiome & Astrid
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