Prises de nouvelles

La soirée s'écoulait comme à son habitude. Les civils passaient boire un coup, puis repartaient, mais parfois certains restaient et s'endormaient sur un tabouret, roupillant et maugréant leur sale journée au boulot. La musique jouait, un vieux roll des années 80's. Nettoyant les derniers verres utilisés, Amir repensait à la classe A, se demandant ce qu'il se passerait par la suite. Que ce soit entre la Résistance et la Révolution, il y avait de quoi broyer du noir. Ayant tout fait pour rester dans l'anonymat et ne pas s'impliquer plus que nécessaire. Les temps étaient obscurs et ne présageaient rien de bon.

" - Merci d'être passé et bonne soirée à vous. "

Amir remerciait les derniers clients, s'apprêtant à fermer le bar, une petite soirée des plus calmes assis derrière la table à faire les comptes. L'argent ne l'avait jamais intéressé, étant lui-même assez fortuné. Cet argent récolté ira à des associations collectives pour aider les natifs à mieux s'intégrer. Deux ans avaient passé et toujours aucune nouvelle de qui que ce soit. Il avait créé son pub en rapport à l'équipe de basket de l'école, le Golden Jam. Espérant que certains s'y reconnaîtraient dans le nom et viendrait voir qui tenait ce prétendu pub miséreux. Il l'avait bâti sur les ruines d'un ancien bar très apprécié du quartier, malheureusement celui-ci avait fait faillite et Amir l'avait racheté après sa démolition. Il avait voulu en faire un endroit accueillant pour les miséreux de cette ville. De la bière fraîche et pratiquement gratuite pour ceux qui ne peuvent se permettre d'aller dans les gros luxes. Des banquettes en cuir tout ce qu'il y a de plus accommodant et vieillot, une petite estrade munie d'un vieux micro et de quelques instruments, de quoi alimenter une soirée bien festive, tout ce qu'il y a de plus normal. Mais la vie d'Amir restait bien ennuyante, les nuits passées à aller boire dans les rues avec ses camarades lui manquait cruellement.

Et alors qu'il se morfondait sur son passé et la mélancolie, prêt à s'ouvrir une bouteille pour boire seul, quelqu'un vint cogner à la porte du bar. Le visage qui se dessinait  sur la vitre surpris le jeune Amir qui vint tout de suite lui ouvrir la porte, un grand sourire aux lèvres.

" - Il y a bien longtemps que vous n'étiez pas passé me voir, professeur. Je vous en prie, entrez. "