Cheveux blancs – Yeux bleus – 1m62 – Fine – Agile

Du coin de l’œil, il ne peut s’empêcher d’observer la sublime jeune femme qui se trouve en diagonale. Elle est assise, en face, calme, les yeux dans le vide. Autour de son visage, ses longs cheveux blancs cascadent sur ses épaules dans des ondulations sauvages. Les traits de son visage sont fins et harmonieux, de près comme de loin, il doit avouer qu’elle est très agréable à regarder. A quoi songe-t-elle pour que cet air si mélancolique imprègne ses traits ? Il ne peut que supposer, les questions lui brûle les lèvres mais il ne peut se résoudre à briser le silence de la rame. Encore une station, se dit-il et il tentera une approche. Alors il tourne un à un les phrases d’accroche. Il pourrait par exemple complimenter ses yeux si bleus qu’ils lui rappellent la mer où il allait lorsqu’il était encore enfant. A cet instant, une étincelle brille dans son regard et leurs yeux se croisent, il est subjugué et sa pathétique tentative lui fit rebrousser le chemin qu’il n’a pas encore emprunter. Intimidé par sa beauté, par son regard, il se hâte de détourner son attention, observant le paysage.

Il la trouve si belle qu’il n’arrive pas à se résoudre, le temps s’écoule et la station approche, rien dans sa tête ne sonne assez bien pour elle. Il l’observe, encore. Elle a reporté son regard sur le lointain, d’un geste souple, léger elle a décroisé ses jambes, elles ne sont pas interminables, d’ailleurs elle semble même plutôt petite maintenant qu’il fait plus attention au reste de son corp. De toute évidence, c’est une femme de goût, ses vêtements sont accordés à la saison et lui sied parfaitement. Le pantalon épouse ses formes et marque sa taille. Son perfecto encadre ses épaules et accentue la finesse don corps. De son point de vue, elle semble encore plus impressionnante, pourtant, il ne l’a jamais vue, ne la reverra sans doute jamais …

Le moment fatidique approche, il le devine car elle se redresse. Elle est agile, malgré les cahots du trafic, elle reste digne et droite, son regard jusque là mélancolique s’est ancré d’autre chose, une lueur déterminée, un visage où transparait l’intelligence. Elle pense, comme en témoigne la légère ride sur son front, elle scrute une dernière fois l’écran indiquant la station suivante. C’est le moment, c’est l’instant. Le véhicule s’arrête sur le quai et les portes s’ouvrent.

Elle se saisit du sac qui avait négligemment glissé de son épaule, elle relève le col de son manteau et sort sans un regard en arrière, fière et belle dans la nuit, les portes se ferment.

Le temps a filé. C’est trop tard, sa chance est passée.


Légère – Fragile – Déterminée – Intelligente – Débrouillarde
Mélancolique – Encaisse beaucoup – Compréhensive – Sympathique

Elle épluche comme d’habitude les annonces dans les journaux de la ville, les messages codés n’ont aucun secret pour elle, que ce soit en ligne ou sur papier. Son cerveau est entrainé maintenant et plus vite que beaucoup, elle arrive à faire les liens et ce sans rien posséder d’extraordinaire. Si ce n’est son don de se faire apprécier de tous. Machinalement, elle mâchouille le crayon qu’elle a entre les lèvres, elle ne se rend même plus compte de ce genre de tics. Elle lève son regard bleu vers l’horloge, c’est presque l’heure de l’ouverture, alors, il est temps pour elle d’exécuter son petit rituel.

Elle s’étire en se glissant d’un geste habile de l’autre côté du bar, ce soir encore elle accueillera toute sorte de gens qui – avec ou sans alcool – partageront avec elle les tourments de leurs âmes. Elle n’est pas dupe, elle sait bien que c’est son visage d’ange et ses yeux innocent qui mettent les gens en confiance, et ils ont bien raison, car ils auraient du mal à trouver une jeune femme plus douce et compatissante dans les environs. Elle aide les personnes qui en ont besoin, et particulièrement ceux contre qui le sort s’acharne, ceux qui lutte contre le gouvernement injuste qu’elle a connu, elle-même dans sa Roumanie natale. Ses pensées se perdent tandis qu’elle revoit son visage dans ses songes un bref instant … Elle secoue la tête pour chasser sa nostalgie, elle n’a pas su l’aider, mais elle compte bien le faire pour tous ceux qui sont comme lui.

D’un geste habitué, elle tourne la pancarte de la porte, allume les interrupteurs des néons et jette un regard à la fenêtre qu’elle a ouverte en arrivant. Son cœur se gonfle de cet espoir ténu qui ne la quittera probablement jamais. Digne, elle se ressaisit à la minute qui suit pour afficher son sourire jovial et bienveillant, celui qu’elle réserve à toutes les personnes dans le besoin qui franchiront sa porte par la bouche à oreille d’un proche, elle sait que le bar qu’elle possède est devenu un havre pour ceux qui en ont besoin et cela la gonfle de fierté. Elle n’est pas encore sûre du rôle qu’elle s’octroie mais elle aime rendre service et jusqu’ici elle sait plutôt bien débrouillée.

La soirée avance et l’heure de la fermeture approche, il est temps pour elle de faire taire une nouvelle fois l’espoir qu’elle avait fait naître en ouvrant la fenêtre. Elle éteint les lumières une à une avant de s’approcher de la fenêtre, le cœur au bord des lèvres. Elle observe le réverbère une bonne minute et se rend compte que ce soir encore, les larmes inondent ses joues … Alors, d’un geste sec, elle referme la fenêtre et monte à l’étage pour se laisser aller à son chagrin

Quand bien même Éléonore ne possède pas de pouvoir, elle s’est fabriqué un réseau important de détenteurs et autres potentiels bras supplémentaires en cas de problème. Sa gentillesse l’amène à être plutôt plainte et sous-estimée, ce qui lui permet de surprendre ses adversaires si le besoin se fait sentir. Elle inspire naturellement confiance, il est rare que l’on se mette à douter d’elle, ce qui se trouve être pratique dans beaucoup de situations.

Son métier de tenancière l'aide à obtenir les informations nécessaire pour aider les personnes dans le besoin qui se présenteraient à elle. Elle sait se faire apprécier et ses airs de jeune femme fragile ainsi que son visage avenant l'aident grandement à accueillir les confidences qu'elle s'empresse de relayer à la résistance.

Dans les contrées désolées d’une Roumanie excentrée vivait un couple paisible imperméable face aux affres du temps et aux malheurs du quotidien. Le couple vivait presque en autonomie, ne descendant au village local qu’en de très rares occasions. Leur vie était anecdotique, une parenthèse de douceur dans un monde qui chaque jour trébuchait un peu plus. Mais un jour, tandis qu’Eléonore et son fiancé arpentait les ruelles ténébreuses de Bran, un cri de stupeur les arracha à leur destination.

Se précipitant vers l’épicentre du chaos, sous leurs yeux blêmes se déroulait un théâtre atroce, la scène de l’agression d’une jeune fille. Tandis qu’Eléonore resta tétanisée, l’épaule reposante sur les briques d’une vieille bâtisse, son compagnon se jeta dans la mêlée et dans sa course fit jaillir une barre de métal de la paume de sa main. Ainsi armé, il dispersa rapidement les fauteurs de trouble, lesquels parvinrent toutefois à s’échapper et disparaître dans la brume du village endormi.

Après avoir raccompagné la jeune fille en lieu sûr, le couple se hâta de rentrer. Si Eléonore était informée de la condition unique de son fiancé, c’était bien la première fois qu’elle le voyait à l’œuvre, qu’elle voyait ce qu’était un pouvoir. Paniqué, son compagnon lui demanda de la suivre, qu’ils allaient devoir disparaître et changer de pays. Parvenant toutefois à rassurer l’amour de sa vie, Eléonore apaisa ses doutes et parvint à le convaincre de rester par peur de brusquer le monde dans lequel la vie leur était comme une éternelle berce.

Seulement un jour, son fiancé disparut. Il fut emmené par des hommes mystérieux sans couleurs ni bannières, ne laissant derrière lui qu’un peu d’argent et la lettre qu’il avait brandi comme argument ultime pour convaincre la jeune fille de partir.

Se retrouvant seule dans ce monde bien trop vaste pour elle, Eléonore ne vivait plus que pour retrouver celui qu’on lui avait arraché. Suivant les instructions de la lettre, elle arriva à Moosbell où elle parvint à trouver un travail dans un bar. Chaque jour, elle ouvrit sa fenêtre dans l’espoir de voir débarquer la silhouette attendrissante de son amour, refermant chaque soir venu la fenêtre sur une énième désillusion.

L’attaque du gouvernement d’il y à deux ans motiva Eléonore à devenir un peu plus qu’une simple tenancière. Face à la menace de la guerre, elle profita de sa nature de sans pouvoir pour assister les malheureux de l’académie, en dissimulant certains dans sa cave, en nourrissant gratuitement d’autres. Elle devint une informatrice pour la Résistance, se lançant corps et âme dans le conflit dans l’espoir d’y trouver un rôle à jouer.