Aujourd’hui, il était un Upper;
Les restrictions s’effaçaient encore plus - plus d’interdiction de sortir pour se rendre à la ville aux petites heures du matin, quand le soleil n’était pas présent. Nitesh attendait ce moment où il allait pouvoir découvrir la ville, émerveillé, se tenir éveillé avec de nouvelles bouffées d’oxygène, de nouvelles découvertes. Chasser les heures de sommeil terrifiantes par des nouveautés brillantes.
Main entourant la laisse de Silva qui suivait le jeune homme - qui suivait cette noblesse qui passait inaperçu, ici. Ça lui allait, parfaitement même, cette ignorance. Il avait toujours eu une difficulté à faire face au faux respect que son statut apportait. Pourtant, c’était un peu le seul point qui ne lui manquait pas de son Inde natale. Le seul point qui ne lui manquait pas, de chez lui. En dehors de Sohan qui était venu avec lui - permettant à ses yeux de continuer à briller.

Un Upper.
Est-ce que ça allait vraiment changer son quotidien ? Ça lui avait permis de choisir une spécialité - en psychologie et de demander d’être l’assistant du psychologue, qui n’avait pas pu refuser. Nitesh était tout de même suffisamment connu au niveau des professeurs. Ses aptitudes étaient connues, son contact avec les autres était connu - sa volonté, son désir d’aider. La psychologie était le choix parfait pour Nitesh; là où il pourrait aider, là où il pourrait changer les choses, apporter sa trace sur ce monde - faire sourire. Rendre un sourire peut-être même.
Aujourd’hui, il devenait un Upper et à ce moment-là, alors qu’il tenait en laisse son Savannah, Nitesh n’avait pas la moindre idée de ce que ça signifiait. De ce que ça allait lui apporter.

Il avait souri à un élève qui passait pas trop loin de lui, il avait souri à Silva. C’était un nouvel accès à une nouvelle tour - et Nitesh aimait apprendre.
Il rêvait du moment où il serait au doctorat, il rêvait du moment où il choisirait son sujet d’étude. Nitesh était un étudiant que l’on pouvait presque qualifier de modèle, avec des facilités qui lui permettaient de mieux apprécier l’éducation - Nitesh adorait apprendre. Tout vouloir connaître du monde, au complet, en entier - savoir tout, sur tout.

Puis il y eut cette main sur son épaule, la surprise et les questionnements. Comment ne pas se demander qui se permettait un tel contact ? Rapidement, il avait tourné la tête pour connaître l’identité de la personne qui se trouvait tout près de lui - et la surprise ne fit que se décupler alors qu’il reconnaissait Allyra. Elle avait toujours été là - puis, elle avait disparu. Elle avait laissé un vide qu’il n’avait pas compris, qu’il n’avait pas cherché à comprendre, souhaitant seulement qu’elle soit bien où qu’elle soit. Vivante.
« Allyra ! » Nitesh était chaleureux. Est-ce que ça aurait pu être autrement de la part du jeune homme ? Sûrement pas. Il était joyeux, il était doux. Il était heureux de la revoir.

Mais il ne savait pas comment réagir. Les émotions qui les entouraient alors qu’il se concentrait sur Allyra lui enlevaient presque la parole alors qu’il était sidéré. Beaucoup trop d’émotions à une intensité qui n’avait rien de la sienne.
Et il se souvenait du manque qu’elle avait créé, des questionnements, de cette impression de froid qui prenait - Nitesh n’avait jamais supporté perdre les personnes qui étaient importantes pour lui. Allyra en faisait partie. « Je- J’ai eu la lettre.. » Et cette incertitude, presque hésitation, dans sa voix qui n’était pas habituelle, perturbé par la vague qui le frappait.

Il n’avait pas pu faire autrement que d’envoyer une vague d’apaisement. Ce fut plus fort que lui; atténuer l’intensité des émotions d’Allyra pour être en mesure de respirer lui-même. Comportement instinctif qu’il avait à peine contrôlé, sinon pas du tout.
Il l’avait serré dans ses bras doucement, malgré la force de son étreinte à elle. « Ça fait trois ans que je suis là… je savais pas que tu étais là aussi ! » Nitesh avait souri. D’un sourire sincère, d’un sourire chaleureux. Nitesh avait souri malgré les questions qui prenaient son esprit. Qui l’étourdissaient presque. « Je t’aurais écrit, si tu m’avais dit où tu étais, tu sais ? C’était pas pareil, sans toi, à la maison. » Parce que la présence de Sohan avait sauvé ses nuits, avait empêché les cauchemars de s’amplifier - parce que rapidement, il avait perdu les deux filles qui avaient jamais compté pour lui - celle qu’il considérait comme sa meilleure amie et sa copie. Son coeur avait fait terriblement mal à ces horribles moments. « Pourquoi je voudrais vivre sans toi ? »