♪♫ ONE, DON’T PICK UP THE PHONE YOU KNOW HE’S- ♪♫
Réveil coupé par une main désinvolte, celui-ci rejoint la pile de déchets érigée depuis quelques mois déjà : reposez en paix. Tu n’aimes pas le matin. Encore moins quand c’est ton réveil qui te prévient de son arrivée.
Parasite éliminé, tu te rendors simplement.
♪♫ I GOT NEW RULES I COUNT ‘E- ♪♫
Là, tu te lèves d’un bond. Autant le réveil, c’est pas grave, autant le téléphone c’est une toute autre histoire. On rigole pas avec l’argent, encore moins quand t’as passé ton temps à en dépenser pour tout et n’importe quoi - encore.
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Oui allô ? Ok, pour quelle heure ? Parfait, j’y serai. Merci bien, merci, au revoir oui, au revoir, bonne journée, merci, à bient-, encore une fois, tu as trop parlé, et lui t’a raccroché au nez.
Tu n'es pas naturel avec eux. Tu souris, tu es poli et courtois - ça ne te va pas, mais il le faut bien. Tu joues un rôle pour ne pas te faire virer tout simplement. Après tout, les émotions c'est ton dada ; c'est pas compliqué de fausser la joie. D'ailleurs, tu fais la même chose avec tous tes clients : de grands sourires hypocrites. Ta relation avec l’agence d’intérim n’est pas des plus intéressantes. Tu sais qu’ils te prennent pour un pigeon mais tu sais aussi que sans toi, ils se retrouvent sur la paille : contrairement aux autres, tu es toujours disponible pour faire les missions les plus repoussantes. Et tu ne t’en plains pas. L’argent vaut toutes les corvées.
Vu l’heure, tu as plutôt intérêt à te dépêcher. Tu n’as pas le temps de déjeuner en compagnie de Huan, Lee et Nate, tu te contentes de piquer une tartine sur la table pour quelques crocs dans ton élan vers la porte, et d’acquiescer quand on te demande si tu dois encore aller travailler.
Ni une, ni deux, tu te retrouves sur le pas de la porte du bar en question. Une mission crêperie. Honnêtement, tu as déjà vu pire : tes crêpes sont délicieuses, et tu n’as pas assez mangé. Alors que la porte à laquelle tu as toqué s’ouvre et qu’une jeune blonde t’apparaît, tu souris de toutes tes dents, évidemment - non, tu n'en n'as pas envie. Et visiblement, on se tutoie ici.
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Pas de soucis, compte sur moi. Caisse, bar, plonge, cuisine, ménage, si t’as besoin de bras je suis là ! dis-tu en passant l’encadrement de la porte.
À l’intérieur, effectivement, les clients ne se font pas prier. Ils sont si nombreux que tu te demandes bien comment, en temps normal, cette jeune femme réussit à s’en sortir seule. Tu la suis sagement alors qu’elle t’emmène derrière le bar.
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C’est bondé ici, tu m’étonnes que t’as besoin d’aide. Dis-moi, je commence par quoi ?agora