À cette heure-là, l’aérogare est bondée. Entre les travailleurs qui rentrent à domicile et les employés qui veillent à ce que chacun arrive à bon port, l’endroit est en effervescence constante. Beaucoup de locaux s’y pressent, se relaient et se déplacent. Dans cette foule-là, il est quasi impossible de se faire remarquer, d’être autre chose qu’un énième visiteur dont la silhouette se fera rapidement avalée par les colosses de métal.
Ainsi, personne ne prête attention à son voisin, à son origine ou à sa profession. Peu importe la personne frôlée, on se complaît dans l’ignorance, dans le désintérêt. Il serait possible de frôler un véritable génie, ou à l’inverse un monstre sanguinaire, et pourtant, personne ne le remarquerait.
En ce jour, peut-être aurait-il été préférable de faire attention à ces détails insignifiants, à ces pistes que la vie dépose sur notre chemin. Car dans cette nuée d’innocents se cachait une âme en peine, accablée par un fardeau trop pénible à porter.
Une jeune fille blonde, vêtue sobrement d’un pull à capuche, d’un pantalon noir et d’une paire de bottes. Elle avance doucement, précautionneusement, comme si elle avait peur d’être remarquée. À l’image d’une enfant qui s’inquiéterait que l’on remarque un vol de bonbon, elle progresse en observant le sol carrelé, évitant le regard d’autrui.
Sa mémoire est un calvaire, morcelé et incompréhensible. Elle essaye d’y mettre de l’ordre, de contrôler sa respiration, de ne pas sombrer. Dans sa poitrine un cœur gros et meurtri bat fortement, faisant battre ses tympans. Déjà sent-elle l’approche d’une migraine déchirante, une longue insomnie causée par cette adrénaline qu’elle n’explique pas.
Elle se sent comme un imposteur, un intrus. Elle ne sait expliquer quelles forces étranges l’ont amenée ici, quelle est la raison de sa présence dans cette gare. Sans doute était-ce là une simple réponse à son instinct, cette petite voix en elle qui lui criait de prendre la fuite. Oui, sûrement, après tout c’est tout ce dont elle arrive à se souvenir. Un grand flash lumineux, une crainte cinglante, puis la fuite.
Ses jambes cessant leurs courses, les muscles endoloris la font grimacer tandis qu’elle prend une grande inspiration. Fuir, voilà ce qu’elle devait faire. Mais pourquoi ? D’un œil à gauche, elle remarque le quai d’embarcation.
La destination ? Elle n’en sait rien.
Pourquoi cette navette ? Parce que pas une autre.
Alors elle grimpe vite, se mêlant à l’assemblée. Furtive, sournoise, silencieuse, elle s’installe comme une ombre, et calme légèrement son souffle ahuri. Pour une fois depuis ce qui lui paraît une éternité, la jeune fille apprécie la paix, le calme. La paume de sa main caresse son majeur où trônait naguère une bague, sa langue passe de temps en temps sur ses lippes desséchées. Bien insouciante, elle ne peut réprimer le petit rire qui s’échappe d’elle, ce petit soupir rassuré qui lui évoque la nostalgie des jours passés, où tout était normal.
Puis la navette démarre. D’abord sous un tremblement, puis sous le vrombissement des murs de métaux qui accueille la force de la machinerie. Alors, une voix annonce la direction et le départ imminent, puis une symphonie d’horreur se déclare.
D’abord la sirène lancinante qui fit sursauter la jeune fille, puis la débâcle hâtée des voyageurs qui bousculent, crient et rigolent, puis les sifflets, puis le métal qui grince, puis les sons lointains, puis la perte d’équilibre et enfin, l’annonce diffusée sur tous les écrans de la rame. Sans qu’elle n’eût le confort de s’en rendre compte, voilà que la malheureuse respire de nouveau bien fort, que chaque son fait l’effet d’un gigantesque coup de masse.
La migraine arrive alors, si violente qu’elle lui force à se tenir la tête de peur qu’elle n’explose. Elle se balance sous le rythme des cors infernaux qui retentissent et perdent leur écho dans son esprit embrumé, grimace à s’en faire grincer les dents. La crise survient.
La navette, à peine en route, se voit alors stoppée. Le cri du métal est une pâle imitation du cri de douleur que la pauvrette retient depuis si longtemps. Quelques étincelles jaillissent et s’écrasent contre les vitres alors que les inconnus commencent à questionner la situation. Le talon de ses bottes se heurtant contre le sol du transport, elle se redresse tout en libérant ses mains crispées. La paroi métallique s’éventre presque immédiatement, débordant sur une voie voisine.
Là où certains témoins foncent se cacher, d’autres se mettent à courir et crier. Bien vite, l’aérogare devient un gigantesque spectacle macabre où la panique est plus contagieuse que n’importe quel virus. L’angoisse se transmet, fait battre les cœurs, courir les jambes, agiter les épaules. Tous se mettent à courir, fuyant un danger encore inconnu. A l’épicentre de cette folie, le visage découvert de la jeune femme n’exprime maintenant qu’angoisse et prudence. Elle est prête, mais à quoi ?
Elle ne fait que fuir.
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•
L’utilisation de dés est obligatoire (puisque RP Intrigue). Chaque action dont l’issue reste inconnue à votre personnage devra être soumise à un lancer de dé, et chaque membre est limité à un lancer par tour. Veuillez vous référer au sujet en question pour plus de détails.
• Une intervention MJ se fera naturellement
à la fin de chaque tour.
Objectif : Neutraliser l’individu sans le tuer.
Participants— Alexander
— Liones
— Maxence
— Jessie